Plus que quatre en mer
Après la salve d’arrivées la nuit dernière puis celle d’Isabelle Joschke, cet après-midi devant les Sables d’Olonne, il ne reste plus que quatre concurrents en mer. Arnaud Boissières, Manuel Cousin, Clément Giraud et Miranda Merron sont sur un bord direct vers l’arrivée. Ils sont attendus à partir de 3 heures du matin.
Treizième, Isabelle Joschke boucle vaillamment son parcours de combattante. Privée de bôme depuis la rupture de celle-ci le 11 juillet au matin, la barreuse de MACSF naviguait depuis 4 jours avec une grand-voile « bricolée » et réduite au deuxième ris. La navigatrice franco-allemande est néanmoins allée jusqu’au bout de cette Vendée-Arctique-les Sables d’Olonne, une course qu’elle devait terminer pour se qualifier au Vendée Globe. Mission accomplie !
Sous un grand ciel bleu, Isa termine donc 13e, soulagée et heureuse d’avoir surmonté les obstacles, même si sa place ne reflète pas le potentiel qu’elle a démontré pendant les deux tiers de la course. Sans son avarie, elle aurait sans doute fait partie du flot d’arrivées de la nuit dernière.
Hier soir et jusqu’au petit matin, 12 concurrents se sont succédés entre la bouée Nouch Sud et le bateau comité, la ligne d’où s’élanceront les marins du Vendée Globe le 8 novembre prochain. Ces 10 hommes et 2 femmes sont arrivés en l’espace de 6 heures et 19 minutes seulement, soit une moyenne d’un bateau toutes les demi-heure, preuve de l’intensité de cette Vendée-Arctique-les Sables d’Olonne.
Dix jours de régate à vue en Atlantique Nord et un fabuleux banc d’essai avant le tour du monde en solitaire, voilà ce que retiennent les marins de cette épreuve inédite et nécessaire. Elle était même indispensable pour trois d’entre eux, obligés de disputer une course en solitaire pour valider leur qualification au Vendée Globe. C’est chose faite pour le skipper japonais Kojiro Shiraishi et pour Isabelle Joschke. Clément Giraud devrait à son tour s’affranchir de sa qualif’ demain, jeudi 16 juillet, aux alentours de 7 heures.
Les prochaines heures estimées d’arrivées :
14 – Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artisans Artipôle) à 3h00
15 – Manu Cousin (Groupe SÉTIN) à 4h30
16 – Clément Giraud (Vers un monde sans sida) à 7h00
17 – Miranda Merron (Campagne de France) à 10h30
ILS ONT DIT
Fabrice Amédéo, Newrest – Art & Fenêtres, 6e
« La journée a été compliquée hier (le 14 juillet), j’ai tout fait à l’envers avec la fatigue. J’ai passé une heure sans voile d’avant… J’étais à deux doigts de rentrer sous J2.
Et puis je me suis dit qu’il fallait que je renvoie un gennaker sinon je m’en voudrais toute ta vie. Je l’ai fait et je suis revenu sur Maxime qui m’avait dépassé. Et ça s’est terminé avec Kojiro qui revenait par en-dessous à 20 nœuds avec son bateau à gros foils. Je ne pouvais pas affaler donc j’ai déboulé à 18 nœuds sur la ligne d’arrivée, c’était monstrueux, le plus gros shoot d’adrénaline de ma vie ! Il y avait des bateaux de pêche de partout, le bateau qui surfait à 22 nœuds dans la houle de nuit, près de la côte… C’était incroyable ! Du coup je termine sur une note hyper positive. Sur cette course, je suis parti sans être prêt, sans avoir navigué, et j’étais fatigué. Au final je me suis entrainé pendant cette course. Tous les ennuis que j’ai eus auraient pu être évités avec de l’entrainement.
A la différence d’un Vendée Globe où tu accompagnes les systèmes météo d’ouest vers l’est, là tu les traverses du nord au sud donc tu peux avoir une dorsale anticyclonique et le nord d’une dépression dans la même journée. C’était hyper riche. Et comme les poursuivants revenaient toujours sur ceux de devant, ça a été hyper intense et incertain.
C’est un super entrainement pour le Vendée Globe avec des conditions très variées, des dépressions, du vent fort, de la mer formée au large de l’Irlande. Ce n’était pas les mers du Sud mais c’est déjà pas mal.
Hier j’étais complètement dans le rouge, je me disais que j’étais plus un aventurier, un voyageur qu’un compétiteur, que ce n’était pas pour moi tout ça. Et puis l’arrivée m’a réconcilié avec la compétition, c’est juste trop bon !
Au niveau du bateau, on est sur la bonne voie, il y a encore du travail mais beaucoup de choses ont été validées.
Ce que je retiendrai de cette course c’est cette arrivée incroyable. Pas pour les mêmes raisons que d’habitude. En général, l’arrivée c’est l’émotion de retrouver la terre et les proches. Là c’était une arrivée adrénaline, c’était fou ! Kojiro était à 300 mètres derrière moi et Maxime 600 ! L’adrénaline de débouler à 20 nœuds à la côte… dans l’absolu ce n’est pas très raisonnable mais je pense qu’on se regardait et que personne n’avait envie de lâcher ! »
Isabelle Joschke, MACSF, 13e
« Là, il y a un mélange d’émotions avec un peu d’amertume d’avoir bien démarré la course et de ne pas avoir pu batailler jusqu’au bout. Et en même temps, je suis vraiment contente d’avoir qualifié le bateau, d’être enfin prête pour le Vendée Globe, j’ai ma place pour ce départ le 8 novembre, c’est le plus important et très important pour le projet MACSF.
J’avais des objectifs sur cette course, ils sont tous atteints, donc dans le fond je suis plutôt satisfaite. C’était important pour moi de voir ce que j’étais capable de faire en compétition, ça faisait longtemps, j’ai eu pas mal d’arrêts buffet dans mes dernières transats. Donc de reprendre confiance à bord du bateau, au contact avec les autres, de voir que je sais encore régater c’est très important pour moi. C’est une bonne nouvelle, maintenant il faut voir où on met le curseur. Ce sont des bateaux qui vont très vite, qui sont dangereux et pour moi, il y a encore aujourd’hui des choses à faire mouliner dans la tête pour en tirer les bonnes conclusions et naviguer le plus intelligemment possible sur le tour du monde.
L’humain va être un paramètre important, le plus important pour moi. Sur l’ergonomie, on a bien travaillé. Sur moi, il va falloir que je trouve comment me reposer. Sur la course, j’ai beaucoup bataillé et aussi beaucoup bricolé, il y a eu plein de petites avaries, c’est extrêmement fatiguant.
Je pense que je ne pourrai pas tenir un rythme comme ça sur un tour du monde. Aujourd’hui, c’est aussi ça la réflexion : comment faire pour que je parte sereinement, que je dorme dès le début, que je puisse être tout le temps en pleine forme pour faire face à tout ce qu’il peut arriver. Peut-être faudra t-il lever le pied et apprendre à attaquer dans certaines conditions. Le Vendée Globe aura une toute autre allure par rapport à la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne, mais quand on est en compétition, on se prend au jeu, on peut en oublier le long terme. Là, on était tout le temps sur du court terme, j’ai joué cette carte à fond. Sur un Vendée Globe, je réagirai différemment et je l’assume pleinement. Je suis particulièrement fière d’avoir tenu un rythme soutenu en régate malgré le nombre de petites avaries que j’ai eues avant la rupture de la bôme ».
LE CLASSEMENT DU 15 JUILLET À 16H00
- Jérémie Beyou, Charal arrivé le 14/07/2020 à 20:44:08 FR
- Charlie Dalin, APIVIA arrivé le 14/07/2020 à 21:34:12 FR
- Thomas Ruyant, LinkedOut arrivé le 14/07/2020 à 21:54:12 FR
- Samantha Davies, Initiatives – Cœur arrivée le 14/07/2020 à 22:28:55 FR
- Kévin Escoffier, PRB, arrivé le 14/07/2020 à 23:24:34 FR
- Yannick Bestaven, Maître CoQ IV, arrivé le 15/07/2020 à 00:50:30 FR
- Boris Herrmann, SeaExplorer – YC de Monaco, arrivé le 15/07/2020 à 01:12:54 FR
- Giancarlo Pedote, Prysmian Group, arrivé le 15/07/2020 à 01:57:50 FR
- Fabrice Amedeo, Newrest – Art & Fenêtres, arrivé le 15/07/2020 à 02:58:32 FR
- Kojiro Shiraishi, DMG Mori Global One, arrivé le 15/07/2020 à 03:00:29 FR
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