Ruyant, premier de cordée
Point de surfs endiablés, ni de glissades interminables sur la longue houle atlantique… La remontée vers le point COI-UNESCO placé au sud-ouest de l’Islande s’apparente plutôt à une ascension vertigineuse. Les 17 skippers en course (3 abandons depuis le départ) ont chaussé les crampons toute la nuit sur une mer chaotique poussés par un vent de sud-ouest costaud (25 à 30 nœuds).
A la latitude 51° N au grand large du Nord de l’Irlande, ça secoue ! La vacation de 5h depuis la terre fait chou blanc. Personne au bout du fil. « C’est une nuit encore éprouvante pour la flotte de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne. Les IMOCA ont été très sollicités depuis le départ, des petites avaries sont signalées et les conditions de mer et de vent sont encore très viriles ce matin. » explique Jacques Caraès, le directeur de course, en veille H24. Il reste encore 700 milles à parcourir pour atteindre le sommet, soit 10° de latitude à remonter avant d’amorcer un virage vers le sud jeudi 9 juillet dans la journée.
Dernier coup de piolet
Thomas Ruyant (LinkedOut) assoit son rôle de premier de cordée depuis 24h, suivi d’un incroyable mano a mano entre Charlie Dalin (Apivia) et Jérémie Beyou (Charal) séparés d’un 1 mille depuis le phare du Fastnet ! Depuis hier, la stratégie bat son plein et les écarts latéraux sont significatifs. 62 milles d’écart ce matin entre Ruyant à l’Est et le tandem Dalin/Beyou dans l’Ouest. Une trajectoire qu’a également choisie Kevin Escoffier (PRB) désormais à plus de 40 milles des deux lascars.
Derrière le trio de tête qui commence à ralentir dans un vent moins fort, les vitesses au compteur dans ce vent de sud-ouest avoisinent les 20 nœuds. Les IMOCA sont au reaching à 90° du vent, ça file malgré la mer formée. Boris Herrmann (SeaExplorer – YC de Monaco), 4ème, est le plus rapide de la flotte, toujours talonné par les accrocheuses Isabelle Joschke (MACSF) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur), respectivement 6ème et 7ème !
280 milles entre le premier et le dernier
Alors que le gros de la flotte de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne subit les affres de la dépression L2 et devrait progressivement rencontrer du vent mollissant, Manuel Cousin (Groupe SÉTIN) ferme la marche dans de toutes autres conditions météo. Ralenti par des soucis techniques, le Vendéen se trouve en arrière de la dépression avec moins de vent mais risque bien de se « farcir » L3, un autre coup de vent, qui pourrait le propulser à bonne vitesse, tandis que devant les allures vont redescendre.
Petits cols et vallées sinueuses vont être au programme les jours à venir avec beaucoup de tactique et de concentration pour tous les skippers. Là-haut sur la montagne, il y avait une superbe course qui se déroulait…
APPEL DU MATIN
Jacques Caraës, directeur de course, 5h40
« Les skippers se trouvent actuellement dans du vent de sud-ouest assez soutenu puisqu’il y a quand même 25/30 nœuds et à des allures assez proches de 90 degrés du vent donc ils avancent vite. C’est une nuit ou chacun fait attention au passage du front donc une nuit encore agitée avant de trouver un vent qui va mollir rapidement ce matin et dans la matinée en basculant ouest puis nord-ouest.
Je pense qu’ils vont rallier le waypoint COI-UNESCO à la mi-journée du 9 juillet. Le vent va faire que mollir en étant relativement erratique. Aujourd’hui les jeux ne sont pas faits pour la bouée nord et on commence à voir les stratégies se dessiner, notamment celle de Thomas Ruyant qui est plus décalé dans l’est. Il y a vraiment un peloton de tête, constitué de Thomas Ruyant, Charlie Dalin et Jérémie Beyou. Cette bouée COI-UNESCO qui est encore loin et tout peut encore arriver. A l’arrière de la flotte, Manuel Cousin est un des premiers à avoir viré à l’ouest dès le début donc il est aujourd’hui encalminé dans un anticyclone duquel il a du mal à sortir. La L3 va rapidement venir l’épauler et il va finalement passer entre L2 et L3 pour pouvoir monter progressivement vers le nord.
Cette course sollicite énormément les bateaux depuis le départ et c’est un véritable défi de garder son bateau en état. De nombreux bateaux ont eu de légers soucis techniques (problème de pilote, d’électronique, de voile, de hook, etc) et de plus gros problèmes pour certains, comme ceux d’Armel Tripon, Damien Seguin et Sébastien Simon, qui les ont contraints à abandonner. »