Être la plus sereine possible
Ce samedi à 15 h 30, Clarisse Crémer s’apprête à disputer sa première course en solitaire à bord de Banque Populaire X. Le parcours, conçu pour répondre aux bouleversements liés à la crise sanitaire, est inédit : il mènera la flotte des Sables-d’Olonne jusqu’au sud de l’Islande puis aux Açores avant un retour en Vendée. Environ 3500 milles (5632 km) seront donc à parcourir afin de se jauger à moins de cinq mois du Vendée Globe.
Chez Clarisse Crémer, il y a des attitudes qui ne trompent pas. Un sourire pour l’optimisme, un regard assuré pour la détermination et quelques mots pour l’appréhension. La jeune femme est une battante, capable de réaliser deux traversées de l’Atlantique en moins de trois mois en fin d’année dernière (Transat Jacques-Vabre et convoyage retour) et de travailler, sans relâche, avant l’événement de l’année : le Vendée Globe. En vue de disputer son premier tour du monde dont le départ sera donné le 8 novembre, la jeune femme a l’occasion de valider ses acquis et d’emmagasiner de la confiance dès ce samedi, avec la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne.
« Trouver le bon curseur en matière de rythme »
« Je suis très heureuse de pouvoir participer à cette course, s’enthousiasme-t-elle. J’ai vraiment envie de continuer à m’habituer au bateau, d’emmagasiner de l’expérience, de bien manœuvrer et de veiller à mes trajectoires ». Derrière ces objectifs, Clarisse tient à « trouver le bon curseur en matière de rythme » et à « naviguer propre » afin « d’être la plus sereine possible ».
Cette recherche de quiétude à bord, la navigatrice s’y emploie depuis la fin du confinement en multipliant les sorties en mer. « J’ai eu une période de réadaptation pour retrouver mes repères », confie-t-elle à l’issue de navigations de 24 heures puis 48 heures. Mais les doutes ont rapidement été levés comme le constate Ronan Lucas, à la tête du Team Banque-Populaire : « Clarisse a repris ses réflexes de la fin de l’année dernière, d’autant qu’elle s’est confrontée à des conditions différentes. »
D’ailleurs, les conditions météorologiques de la Vendée-Arctique-Les Sables d’Olonne seront relativement maniables. « Il ne devrait pas y avoir de grosses dépressions, ni de tempête, souligne Pierre-Emmanuel Hérissé, responsable technique du Team Banque Populaire. Il y aura 15 à 20 nœuds au départ, un passage de front et une rotation du vent puis des rafales soutenues jusqu’à une dorsale anticyclonique à proximité de l’Islande. Ensuite, le vent sera plutôt mou jusqu’à un nouveau passage de front à proximité des Açores. » En revanche, les concurrents ne devraient pas croiser d’icebergs, « les glaces à la dérive se trouvant actuellement bien plus à l’ouest du parcours. »
Dans l’équipe, tous vouent une grande confiance dans les capacités de Clarisse. Ronan Lucas l’atteste : « elle sait puiser dans ses retranchements, faire ressortir son caractère de compétitrice pour donner le meilleur. » Pour le prouver, la navigatrice préfère les actes plutôt que les mots. Et son sourire est toujours là quand elle évoque l’Islande, ce pays dont elle se dit « tombée amoureuse » lors d’un séjour en vacances. « Ça va être agréable de le voir sous une autre perspective même si on ne va pas s’y attarder ! » Le ton est donné pour une course dont le départ aux Sables-d’Olonne donnera un avant-goût savoureux du plus prestigieux des tours du monde.