C’est un Thomas Ruyant particulièrement regonflé qui a retrouvé en début de semaine dernière sa base de Lorient, après quatre jours de stage intensif à Port la Forêt en compagnie d’un certain nombre d’autres voiliers de la Classe Imoca. Le long et studieux chapitre du chantier hivernal confiné est bel et bien tourné dans la tête du skipper de LinkedOut qui a endossé avec plaisir et appétit son ciré de marin-compétiteur. A quelques micro-détails prêts, son plan Verdier est au maximum de sa préparation. Thomas dispose de la machine de ses rêves et il lui tarde de faire désormais corps avec elle, seul dans l’arène océanique, face à une concurrence plus redoutable que jamais, et qu’il piaffe de défier. La Vendée-Arctique-Les Sables lui en offrira samedi 4 juillet prochain l’occasion idéale, sur un parcours totalement inusité, agité à souhait. Thomas y cherchera l’harmonie, l’osmose avec son LinkedOut. Il provoquera surtout l’affrontement, la confrontation, le duel. L’heure est au combat, à l’exercice de sa passion pour la régate, la vitesse, l’astuce, l’intelligence marine et le défi physique… en bref, le sel de son métier de coureur au large.

Froide détermination !

« C’est à moi de jouer ! » La froide et débordante détermination de Thomas Ruyant à l’entame, enfin, de la saison de courses qui culminera en novembre prochain par le Vendée Globe, traduit la mutation radicale de son état d’esprit. « Les équipes de TR Racing, sous la houlette de Marcus Hutchinson et Laurent Bourguès notamment, ont fait un travail remarquable dans les conditions de confinement que l’on connait » raconte le pilote de LinkedOut. « Le bateau est fin prêt. Il répond à toutes nos envies, à toutes nos aspirations. A moi désormais de valoriser sur l’eau leur travail. J’attends cette prochaine course en solitaire avec impatience. Le stage de Port la Forêt m’a conforté dans la justesse et la pertinence de nos modifications de l’hiver. J’ai très vite retrouvé mes marques lors des navigations en faux solitaire, les hommes du bord me laissant au maximum gérer seul les manoeuvres. Je me suis volontairement « mis dans le rouge », en multipliant des segments de manoeuvres courtes et denses. LinkedOut est vivant et intense. Il va exiger le meilleur de moi-même. »

Répétition générale avant Vendée Globe

Nouvelle course, nouveau parcours, nouveaux horizons. La Vendée-Arctique-Les Sables est au final mieux qu’un palliatif aux Transats annulés du printemps. « Elle va nous offrir un résumé de ce que l’on rencontrera sur le Vendée Globe » décrit Thomas. « On devrait affronter tous les types de vent, toutes les allures, tous les états de mer, avec le froid polaire en sus. Le détroit du Danemark, entre Islande et Groenland, conjugue à lui seul de nombreuses difficultés de navigation, avec l’influence des hautes pressions qui sommeillent sur le Groenland et qui font circuler sur l’Atlantique Nord un air froid et vif, qui accélère avec les reliefs. Un courant froid descend du Groenland et vient confronter un courant chaud dans l’ouest de l’Islande. La mer s’y creuse. Ce sera une belle préparation au tour du monde. » Si le segment Açorien de la course est plus familier aux coureurs de la Classe Imoca, c’est travers au cheminement des dépressions venues de Terre Neuve qu’il leur faudra rejoindre la marque de passage placée par l’organisation. « On n’avancera pas avec les systèmes comme lors d’une course transatlantique d’Est en Ouest et à contrario. » poursuit Thomas. « On va les couper au lieu de les chevaucher. Cette partie va requérir une concentration de tous les instants pour être en phase avec les nombreuses variations du vent. Ambiance Figaro en quelque sorte ! »

Comme pour l’ensemble des 22 coureurs solitaires engagés dans la Vendée Arctique, Thomas va se prêter complaisamment aux restrictions et mesures sanitaires mises en place par l’organisation, test Covid, confinement, distanciation, hygiène maximum. Il se rendra la veille du départ, vendredi 3 juillet sur la zone « historique » de départ du Vendée Globe devant les Sables d’Olonne et débarquera ses équipiers justes avant le coup de canon. D’ici là, place à la récupération avec peut-être une dernière petite sortie de réglage devant Lorient…

Source

Articles connexes