Isabelle Joschke, en course pour la qualification au Vendée Globe
Le 4 juillet, la skipper de l’IMOCA MACSF a rendez-vous au départ de la Vendée-Arctique-les Sables d’Olonne, une nouvelle course océanique de 3 566 milles (6 600 km) au milieu de l’Atlantique Nord. Avec son parcours en forme de triangle culminant aux abords du cercle polaire Arctique, l’épreuve hauturière fait figure de test sportif et technique grandeur nature en vue du Vendée Globe.
Le jour J se rapproche à grands pas pour Isabelle Joschke, prétendante au Vendée Globe, tour du monde en solitaire sans escale et sans assistance. Pour Isabelle Joschke et le team MACSF, l’enjeu de la Vendée-Arctique-les Sables d’Olonne est immense. Franchir sa ligne d’arrivée serait synonyme de passeport pour « l’Everest de la voile », qui s’élancera des Sables d’Olonne le 8 novembre prochain !
Cap vers le Groenland et les Açores
Depuis les Sables d’Olonne, la flotte de 22 bateaux mettra le cap au nord-ouest pour passer au large de l’Irlande puis de l’Islande jusqu’au cercle polaire Arctique. Après avoir franchi le premier waypoint placé entre l’Islande et le Groenland, les participants entameront leur descente en direction des Açores, où ils franchiront une nouvelle marque avant de rallier les Sables d’Olonne. Les navigateurs les plus rapides devraient boucler la course en dix à douze jours si la météo est favorable.
« C’est une grande boucle qui peut se faire dans un sens ou dans l’autre. Le plus probable est qu’on aille vers le Nord avant de prendre la direction des Açores. Mais si la météo est particulièrement mauvaise sur ce parcours, on partira d’abord vers l’archipel portugais », précise Isabelle Joschke.
Vents forts et températures négatives
En grimpant vers les latitudes Nord, les navigateurs vont rencontrer des conditions plus extrêmes. Ils croiseront le chemin des dépressions et n’échapperont pas aux vents forts.
« On va s’élancer d’ici au mois de juillet, il fait beau, c’est l’été, et quelques jours plus tard on va friser le cercle polaire, avec des températures de l’eau et de l’air très basses. Les vents qui souffleront forts et les conditions de mer ressemblent à l’environnement que l’on trouvera dans les mers du Sud durant le Vendée Globe. Ce qui fait de cette transat une excellente préparation. Pour moi, les moments clés de la course sont liés au gros temps et au froid. Lorsqu’on va arriver là-haut, les températures seront glaciales si on a 30 nœuds de vent. Je sais que ce ne sera pas simple ».
Un protocole de départ sans précédent
En raison de la pandémie de Covid 19, des modalités exceptionnelles qui n’ont encore jamais été prises sur une course entoureront le départ de la transat Vendée-Arctique-Les Sables. Les skippers seront en effet placés en confinement 5 jours avant le départ, ils seront testés la veille, et si les résultats sont négatifs, ils pourront dans la foulée convoyer leur monocoque depuis leur port d’attache pour rejoindre la ligne de départ en restant dans une zone au large des Sables d’Olonne et en évitant tout contact physique avec leur team.
« C’est complètement nouveau pour nous. Est-ce que cela sera plus compliqué à gérer ? Je ne sais pas. D’habitude, dans les derniers jours avant le coup d’envoi d’une course, on est à l’arrêt dans le port de départ, on répond aux sollicitations des médias, on travaille encore sur le parcours et la météo avec notre équipe. On essaie aussi de se reposer, de faire de la préparation mentale pour rester concentré. Là tout est différent. On va devoir quitter son port d’attache 24 heures avant le départ et basculer tout de suite en monde compétition », détaille la navigatrice.
Isabelle Joschke : « Je suis là pour me qualifier »
Unique course hauturière de préparation au Vendée Globe, après l’annulation de The Transat et de New-York/Les Sables, la Vendée-Arctique-Les Sables constituera une répétition générale, presqu’un prologue pour l’ensemble des engagés. Pour le team MACSF et son skipper, la course océanique revêt une importance encore un peu plus grande puisqu’elle offrira la possibilité à Isabelle Joschke de décrocher sa qualification pour l’ultime aventure, le tour du monde en solitaire.
« La priorité pour moi, le projet et toute l’équipe, c’est clairement de terminer. Je suis là pour me qualifier. J’ai aussi besoin d’éprouver le bateau et de me jauger car il y a longtemps que je n’ai pas navigué en format solitaire et en confrontation. Comme je suis un petit gabarit, je veux savoir où me placer par rapport aux autres. Par expérience, je sais que je vais perdre du terrain au cours des manœuvres parce que cet exercice me prend plus de temps. On a une flotte avec un nombre important de bateaux neufs et des concurrents très solides. Il n’y a pas beaucoup de débutants, ni de petits gabarits. Mais je ne prendrai aucun risque inutile. Je dois finir. Pour moi, cette course est là pour répondre à des questions, plus que pour réaliser un objectif de résultats. Mon état d’esprit n’est pas de me dire ça passe ou ça casse, ou bien encore d’être devant avant tout. Je ne suis pas une tête brûlée. Je choisirai la route où il y a le moins de danger. Pour autant il n’y a jamais zéro risque sur une transat. On va quand même à 60 degrés Nord ! », rappelle la skipper de l’IMOCA MACSF.