Après avoir équipé l’IMOCA Newrest – Art & Fenêtres d’un capteur océanographique permettant de déterminer la teneur en CO2, la salinité et la température des océans, le skipper et journaliste Fabrice Amedeo ajoute un module capable de mesurer la présence de microplastiques dans l’Océan. L’IFREMER, l’Université de Bordeaux, le CNRS et l’IRD, réunis au sein d’un consortium, se partageront les travaux d’analyse, d’interprétation et de modélisation des résultats. L’objectif de cette mission est double : établir une cartographie de la pollution par les microplastiques dans les eaux de surface océanique et évaluer leur imprégnation chimique et leur toxicité.

Le capteur et les mesures

Installé en septembre dernier à bord de l’IMOCA Newrest – Art & Fenêtres avec le soutien d’Art de Fenêtres, Eléphant Bleu et ONET, le capteur océanographique a effectué avec succès ses premières mesures sur la Transat Jacques Vabre 2019. En partenariat avec l’UNESCO, l’IFREMER, GEOMAR, JCOMMOPS, et l’Institut Max Planck, les données collectées ont été mises à disposition de la communauté scientifique internationale.
Pour le Vendée Globe, dont le départ sera donné le 8 novembre des Sables d’Olonne, Fabrice Amedeo a décidé de compléter le dispositif en installant un nouveau module sur le capteur. Ce caisson contient trois filtres destinés à collecter différentes tailles de plastiques (du microplastique au nanoplastique) tout au long de la course.

Chaque jour, sous réserve que les conditions météo le permettent, le marin consacrera une dizaine de minutes à changer ces filtres, qu’il devra stocker à bord. Un vrai challenge, mais une nécessité à ses yeux : « les manipulations liées aux mesures de microplastiques sont les plus chronophages et inconfortables du programme scientifique que nous avons lancé, mais l’enjeu de la pollution plastique des océans est d’une telle urgence que je n’ai pas hésité une seconde. Même si je dois sacrifier un peu de performance au profit de la science, ce sera du temps de gagné pour l’avenir ».

Les premiers tests sont prévus en juillet sur la Vendée – Arctique – Les Sables d’Olonne, course préparatoire au tour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance.

Les objectifs de l’analyse scientifique

Ce nouveau volet du projet océanographique sera mené en partenariat avec l’IFREMER (laboratoire DCM), l’Université de Bordeaux, le CNRS (laboratoires EPOC et CBMN) et l’IRD (laboratoire LOPS), qui, réunis au sein d’un consortium, se partageront les travaux d’analyse, d’interprétation et de modélisation des résultats.

Les données obtenues pourraient permettre de :

  1. Cartographier les concentrations moyennes en microplastiques par masse d’eau et les replacer dans le contexte dynamique de la circulation de surface
  2. Cartographier les profils de composition en microplastiques par masse d’eau
  3. Caractériser le profil de contamination métallique des microplastiques par régions (Atlantique Nord, Atlantique Sud, Océan Indien, Pacifique Sud)
  4. Évaluer la toxicité des microplastiques par grande masse d’eau

Pour le Dr Catherine Dreanno, Chercheur à l’IFREMER Lab. DCM, leur mission, en tant que spécialistes du microplastique, sera « d’analyser les zones de contamination plastique des océans, de les caractériser et de les cartographier ».
Le Vendée Globe 2020 représente une opportunité sans précédent, pour collecter et analyser les microplastiques présents dans les eaux de surface sur lesquelles peu de collectes sont faites. Christophe Maes, Chargé de recherche IRD, Lab. d’Océanographie Physique et Spatiale, estime d’ailleurs que « d’un point de vue scientifique, étudier la pollution plastique avec la vision globale offerte par le parcours du Vendée Globe, qui passe par des zones encore peu fréquentées, est rare et novateur ».

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