Isabelle Joschke a repris la mer à la barre de l’IMOCA MACSF le 26 mai après un long chantier d’hiver perturbé par la crise sanitaire. Depuis, elle enchaine les navigations au large de Lorient. Au programme : contrôles techniques et manœuvres en série. Les premières impressions sont déjà positives : les optimisations apportées au bateau et son comportement donnent satisfaction, le monocoque est fonctionnel.
Dans cinq mois, la navigatrice sera au départ de son premier Vendée Globe. Une aventure hors norme qu’elle partage et raconte librement dans « Seule en mer », un podcast de huit épisodes dont elle est l’héroïne, conçu par la documentariste radio Aline Penitot.

Une reprise par étapes et joyeuse

L’heure de la rentrée a sonné pour Isabelle Joschke. Après plusieurs semaines de pause forcée à terre à cause de la pandémie de Covid-19, la skipper de MACSF a largué les amarres et renoué avec la navigation le mardi 26 mai le long des côtes bretonnes, dans le Golfe du Morbihan. Ce retour sur l’eau s’est déroulé de manière progressive et a été une véritable source de plaisir.

« Je me faisais une joie de naviguer à nouveau. Retourner sur l’eau a été un régal. On a eu la chance de rencontrer de très belles conditions météo pour nos retrouvailles avec MACSF : une mer pas trop forte avec juste ce qu’il faut de vent. On a commencé par des navigations techniques en équipage réduit afin d’inspecter le bateau, de s’assurer que tout allait bien à bord. Les trois premières sorties en mer ont permis de passer en revue tout le matériel et notamment de tester les voiles. Puis le 1er juin, je suis partie 24 heures pour une navigation offshore », indique Isabelle Joschke qui était accompagnée à cette occasion par un membre de son équipe. « J’ai réalisé toutes les manœuvres comme si j’étais seule à bord. L’objectif était de retrouver mes sensations et des automatismes ».

A chaque navigation sa check-list

Le contrôle puis la validation des travaux et des réglages opérés sur l’IMOCA MACSF constituent une étape charnière sur la route de la préparation au Vendée Globe. Encore davantage au sortir d’un chantier aussi long qui s’est étiré entre la mi-février et la mi-mai. C’est pourquoi chaque navigation technique répond à une check-list bien précise.

« On a vérifié toutes les voiles pour identifier celles qu’on gardait et celles qu’on changeait en vue du tour du monde. On a procédé également à des tests sur tout ce qui relève du pratique, de l’ergonomique. On a checké les foils. Est-ce qu’ils descendent et remontent suffisamment bien ? Les safrans ont été eux aussi contrôlés, de même que les drisses. Ces cordages qui hissent les voiles possèdent des marques pour m’informer quand elles sont tendues au maximum. Tous ces détails se révèlent super importants. Des erreurs de manœuvre peuvent vite arriver et créer de petites avaries. Enfin au niveau électronique, on a contrôlé chaque instrument, de l’anémomètre en tête de mât au compas high-tech, des GPS au pilote de secours », détaille Isabelle Joschke.

Des premières impressions favorables

S’il est encore trop tôt pour tirer un bilan définitif sur les performances et la marche du monocoque MACSF, les retours après les premières navigations sont positifs. Le bateau dégage une belle impression générale.

« Cela reste à confirmer mais je me sens bien à bord. J’ai eu l’impression de retrouver mes marques tout de suite. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour me réapproprier le bateau. Il me parait déjà fonctionnel. Il faut encore que j’aille dans du gros temps pour être fixée pour de bon mais mon ressenti au niveau de la préparation structurelle est très bon. Il nous reste encore quelques bricoles à régler. Maintenant on rentre dans les détails. Quand je suis revenue de ma navigation de 24 heures, j’ai noté seulement quelques petites choses à améliorer. D’habitude, lorsqu’on rentre d’entraînement, la liste est plutôt imposante. Ça roule, c’est l’impression que cela donne ».

Sur le plan de la condition physique, les nouvelles sont bonnes également. La préparation à terre paraît porter ses fruits. « J’ai senti que j’avais plutôt une bonne énergie et pas mal de force. Bien sûr, les manœuvres à bord d’un IMOCA restent dures, mais je réalise que la préparation que j’ai faite et les plages de repos que je me suis accordées durant deux mois m’ont fait le plus grand bien. Il y a évidemment de la fatigue musculaire, c’est logique au lendemain d’une sortie de 24 heures. Néanmoins je suis étonnée d’avoir aussi vite récupéré. Je ne me suis jamais sentie aussi à l’aise sur un démarrage ».

« Seule en mer », une immersion unique aux côtés d’Isabelle Joschke

Spécialiste du monde de la mer, la documentariste radio et productrice à France Culture, Aline Penitot, consacre un podcast insolite dans sa forme et son contenu à la préparation de la skipper de l’IMOCA MACSF. La série de 8 épisodes intitulée « Seule en mer », en référence à la participation d’Isabelle Joschke au prochain Vendée Globe, réussit à embarquer l’auditeur dans son aventure transocéanique. On est transporté par la force du récit et les images sonores grâce au travail très pointu réalisé sur le son du bateau et celui de l’environnement. « La plupart des podcasts sont des interviews enregistrées. Ici il ne s’agit pas d’un reportage. On est dans une écriture documentaire. Isabelle qui s’est totalement révélée au micro est placée en relation directe avec le public qui écoute », décrypte Aline Penitot. Dans le premier épisode disponible à partir de ce lundi 8 juin, la navigatrice raconte au présent d’une voix douce et posée sa course autour du monde. « Nous avons intégré dans la narration des éléments qu’on n’entend jamais comme les ennuis techniques rencontrés à l’intérieur du bateau, de véritables conversations qu’elle a eu avec son équipe et qui n’ont pas été recomposées à terre. On va entendre la vraie langue de marin… » promet la réalisatrice du podcast qui avait signé en 2009 la traversée à la voile l’Océan Glacial Arctique.

Seule en mer – Podcast de 8 épisodes disponibles sur iTunes, Spotify, Deezer, Soundcloud…

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