La navigatrice britannique Pip Hare estime que le Vendée Globe peut être une source d’inspiration pour les amateurs de sport du monde entier qui sont privés d’événements sportifs et, malgré quelques réserves, elle est déterminée à franchir la ligne de départ en novembre.

La navigatrice de 46 ans, basée à Poole sur la côte Sud de l’Angleterre, mène une campagne dotée de l’un des plus petits budgets de la flotte et elle doit encore collecter des fonds afin de terminer sa préparation. Pour autant, la Britannique estime que l’édition 2020 jouera un rôle particulier en cette période de pandémie.

« Les principaux évènements sportifs de l’année ont, pour la plupart, été annulés les uns après les autres au cours de ces dernières semaines – la santé des sportifs et des spectateurs doit toujours passer en premier », a-t-elle écrit sur son blog sur son site officiel. « La question qui me vient à l’esprit est donc de savoir si un sport comme le mien, qui se déroule loin des côtes, sans risque d’infection et qui est diffusé en streaming sur Internet, pourrait s’apparenter aux matchs de Football du samedi ou aux records mondiaux de vélo sur piste. »

Elle poursuit en affirmant que le tour du monde en solitaire peut être encore plus inspirant en ces temps troublés. « Peut-être que mon rôle dans tout cela est d’essayer de faire un peu rêver les gens dans ce monde perturbé, » ajoute-t-elle, « de ramèner de la fierté et de l’ambition au-delà du simple combat pour la survie, de donner aux gens quelque chose à suivre ensemble qui n’a rien à voir avec les virus ou les pandémies. Si c’est le cas, alors je ferai tout pour arriver sur la ligne de départ en novembre et je donnerai tout pour naviguer aussi fort que possible portant ces espoirs de la nation dans mes voiles ».

Pip Hare a participé l’année dernière, à la Bermudes 1000 Race, à la Rolex Fastnet Race et à la Transat Jacques Vabre aux côtés du navigateur néerlandais Ysbrand Endt. Elle skippe l’un des plus anciens IMOCA de la flotte, le célèbre Superbigou des années 2000 qui a déjà effectué pas moins de quatre tours du monde. Le budget de Pip Hare est modeste. Elle fera la course sans moulin à café dans le cockpit notamment (colonne qui permet d’actionner les winches) et cherche encore du budget afin d’améliorer la garde-robe de son voilier et son pilote automatique.

L’ancienne navigatrice en Mini 6.50 puis en Classe40 admet qu’il n’a pas été facile de maintenir la concentration alors que partout des gens luttent contre l’enfermement et la pandémie. « Il est difficile de savoir quelle est la bonne chose à faire », a-t-elle déclaré au journal britannique The Daily Telegraph. « Tout le monde fait des dons au NHS et au capitaine Tom (un vétéran de l’armée britannique âgé de 100 ans qui a récolté près de 30 millions de livres sterling en faisant le tour de son jardin), ce qui est tout à fait juste. Les entreprises sont menacées par la faillite. Je ne veux pas être cette personne qui lève la main et dit « Et moi alors ? » Je ne veux pas crier pour mettre ma campagne en avant. D’un autre côté, c’est mon rêve, mon entreprise, ma vie toute entière. J’y ai tout investi. Il n’est pas question pour moi de m’en détourner comme cela. »

Pip Hare bénéficie du soutien de nombreux bénévoles, de l’appui d’un syndicat d’entreprises, de contrats avec des fournisseurs et de l’argent du crowdfunding. La plupart de ses investisseurs ont réaffirmé leur engagement à ses côtés, malgré le choc économique du confinement. Mais elle a encore besoin d’un financement supplémentaire. « J’aimerais beaucoup améliorer mon pilote automatique et l’électronique à bord », a-t-elle déclaré au quotidien britannique. « Cela me permettrait d’augmenter la fiabilité et les performances de ce pilote pendant mon sommeil. Le vrai gros budget, ce sont les voiles. Et puis en plus, il y a un budget de fonctionnement qui me permet aussi de raconter mon histoire pendant la course ».

Pip Hare est une communicante douée. Elle est convaincue que sa campagne peut offrir une belle exposition avec de bons retours à ses sponsors. Durant le confinement, elle continue à s’entretenir physiquement, court et fait de l’exercice dans son jardin, et enseigne aussi le Français aux enfants de ses amis en jouant au serveur français pour une leçon baptisée « au restaurant ».

Mais c’est le rêve du Vendée Globe qui continue de l’inspirer. « Tout s’est un peu ralenti à cause du coronavirus, dit-elle, mais je sais que je vais y arriver. Ici, Je descends voir la mer tous les jours, je regarde au loin et je peux m’imaginer être là-bas. Ça va être incroyable ».

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