Fabrice Amedeo – Pourquoi j’y retourne ?
Un deuxième tour du monde en solitaire, Fabrice Amedeo en rêve depuis sa sortie des mers du Sud lors de sa première participation en 2017. Dans 200 jours, le skipper Newrest – Art & Fenêtres prendra le départ du Vendée Globe avec de nouvelles ambitions sportives et un engagement fort : naviguer au service de la science. En installant un capteur océanographique à bord de son monocoque, Fabrice fournira des données à la communauté scientifique internationale, afin de l’aider à mieux comprendre les impacts du réchauffement climatique et de la pollution sur les océans.
« Rester un homme dans les mers du sud, la clef d’un Vendée Globe réussi »
Au-delà de la dimension sportive, c’est avant tout l’appel du large et des mers du Sud qui ont poussé Fabrice Amedeo à revenir sur le Vendée Globe. Ce qui « ne serait possible sans une envie profonde d’y retourner, une envie chevillée au cœur, qui renait chaque matin dès mon réveil, ne me quitte pas de la journée et vient parfois s’inviter dans mes rêves la nuit. Cette envie m’est tombée dessus en janvier 2017, quelques jours après être sorti des mers du Sud et avoir passé le Cap Horn. Alors que je naviguais sous la tiédeur des premiers rayons de soleil, je me suis rendu compte que ces 38 jours au royaume des ténèbres m’avaient poussé dans mes derniers retranchements et fait courber l’échine face à l’hostilité de cette nature sauvage si belle mais si dure.
Tel un animal, je me suis peu à peu recentré sur mes besoins primaires et j’ai perdu de vue toute dimension sportive. La compétition s’est transformée en aventure et je n’avais qu’une seule idée en tête : traverser ce « véritable pays de misère » comme l’écrivait Alain Colas, et me rapprocher de la maison. En retrouvant des latitudes plus tempérées, je suis redevenu un homme, la course a repris ses droits, et j’ai ressenti une irrépressible envie d’y retourner ».
A 200 jours du départ de son deuxième Vendée Globe, l’envie d’y retourner, de « rester un homme dans les mers du Sud, sans plier face à cette nature hostile » est toujours intacte. Car « c’est la clef d’un Vendée Globe réussi en mode compétition ».
De nouvelles ambitions sportives
Après une première participation sur le Vendée Globe 2016-2017 inscrite sous le signe de la découverte, le skipper de Newrest – Art & Fenêtres revient sur la course avec des ambitions sportives revues à la hausse grâce à l’achat en 2017 d’un foiler, l’ex-No Way Back de Pieter Heerema. Entré en chantier à la mi-décembre dans la base technique du Gitana Team, le monocoque a été optimisé par Fabrice et son équipe technique : la performance, la fiabilité et l’ergonomie ont été travaillées en vue du tour du monde en solitaire l’hiver prochain. « En 2016, j’ai fait un Vendée Globe d’aventurier sur un ancien bateau que je n’ai pas poussé à fond. Aujourd’hui, j’ai un bateau plus récent, plus performant. J’ai beaucoup travaillé pour progresser, gagner en maturité, pour me mettre au niveau de cette incroyable machine. Mes objectifs sportifs restent mesurés mais ils sont plus ambitieux qu’il y a quatre ans. »
Naviguer au service de la science
Ce deuxième Vendée Globe aura également une dimension scientifique. « Il fallait que je m’engage pour une cause qui me dépasse », explique Fabrice Amedeo. Ressentant le besoin de donner du sens à son projet sportif, le skipper a installé un capteur océanographique, avec l’aide de ses partenaires Art & Fenêtres, Eléphant Bleu et Onet. Ce dernier permettra de mesurer la teneur en CO2, la température, la salinité et la présence de microplastiques sur le parcours du Vendée Globe. L’enjeu de cette démarche soutenue par l’UNESCO, l’IFREMER, le CNRS, l’Université de Bordeaux, l’IRD, GEOMAR, JCOMMOPS et le Max Planck Institut : collecter des données à destination de la communauté scientifique internationale pour lui permettre de mieux comprendre les impacts du changement climatique et de la pollution sur les océans.
En mettant son bateau au service de la science, quitte à perdre un peu en performance, Fabrice espère contribuer à son échelle à la construction d’un avenir meilleur pour la planète. Une goutte d’eau dans l’océan, mais qui a toute son importance, comme nous le rappelle aujourd’hui le Jour de la Terre.