Pendant trois jours, la fête a battu son plein au Diamant en Martinique. Pour la première édition des Barrés de la Yole, le public a répondu présent en nombre. Quant aux grands noms de la course au large, venus naviguer avec les Martiniquais pour soutenir leur démarche de classement de la yole ronde au patrimoine immatériel de l’UNESCO, ils ont vécu une expérience hors du commun entre découverte de la culture maritime martiniquaise, navigation à bord de bateaux ancestraux et partage avec la population qui entretient une véritable passion pour la yole ronde.

Décryptage en compagnie des skippers Loick Peyron, Jean Le Cam, Maxime Sorel et d’Edouard Tinaugus, Martiniquais porteur du projet auprès de l’UNESCO.

Interview de Loick Peyron :

« Cela a été trois jours d’apprentissage. Les yoles ne sont que là, en Martinique. Et ce n’est pas plus mal car il n’y a pas assez de fous dans le monde pour faire naviguer des bateaux comme ça. Ces bateaux sont une jolie folie, vraiment ! C’est une instabilité caractérielle incroyable. Des murs de toile sur des cigares…. C’est très intéressant comme expression maritime. C’est extrêmement populaire. Ici, l’équivalent du Tour de France, c’est le tour de la Martinique en yole, fin juillet. Il faut le voir pour mesurer cet engouement populaire. Cela montre bien que la voile n’est pas un sport populaire mais que certains événements le sont. L’histoire des yoles, c’est le spectacle. Ce sont les sorties de route à ras du public. C’est ce que la voile moderne essaye de faire depuis pas mal de temps. C’est génial ! »

Jean Le Cam à bord de la yole Zizitata Parc Naturel Marin Martinique
Cliquez sur la vignette pour télécharger les photos. Copyright : Jean-Marie Liot – Les Barrés de la Yole

Interview de Jean Le Cam :

« C’est un bilan humide (rires). Non vraiment, je me suis régalé même si j’avoue que j’étais un peu inquiet au départ. Car c’était une découverte totale. Au final, tu mets le pied dedans, tu es sur la plage, le bateau démarre et puis en avant ! Au fur et à mesure, tu es plus à l‘aise sur le bateau. Tu prends tes marques, tu sais ce qu’il y a à faire, tu comprends un peu ce qu’il se passe. Les premiers moments, tu es complètement perdu !

C’est incroyable de penser que ces bateaux destinés d’abord à la pêche sont si instables. On se demande comment ils faisaient à l’époque. C’est une expérience exceptionnelle notamment sur le plan de la cohésion et sur le plan humain. Car c’est très impressionnant de voir ces équipages de 14 membres se coordonner aussi bien. 14 personnes sur un petit bateau comme ça, il faut vraiment que chacun trouve sa place.

La yole martiniquaise est unique. C’est magnifique de voir tout ce monde passionné par la yole. C’est un sport d’équipe, c’est ce qui fait sa vraie force. Il y a beaucoup d’entraide dans le monde de la yole, c’est super riche. Je comprends et je soutiens bien sûr la démarche de classement auprès de l’UNESCO car il est important de montrer et de partager la yole. Il y a plein d’atouts naturels dans cette candidature. La yole peut faire rayonner la Martinique bien au-delà du sport. C’est important de faire connaitre ce patrimoine et de le partager. »

Interview de Maxime Sorel :

« Nous avons passé trois jours exceptionnels sous le signe de l’échange et du partage y compris entre nous, les skippers. Nous avons été accueillis de manière incroyable par l’ensemble des Martiniquais et en particulier les yoleurs. Ils étaient heureux de nous recevoir, contents de nous avoir à bord. Ils étaient allés voir nos palmarès avant même le tirage au sort qui nous a permis de savoir sur quelle yole nous allions embarquer. C’est une découverte incroyable ! Ce support, la yole, est fabuleux. Il y a un très gros collectif autour de la yole que ce soit à terre ou sur l’eau. On a tout eu… Des bateaux qui ont coulé, des bateaux qui ont gagné. C’est sûr, je vais garder contact avec mon patron de yole et j’espère bien être là en juillet prochain pour les supporter sur le Tour de Martinique. »

Edouard Tinaugus, porteur du dossier auprès de l’UNESCO :

« Lorsque je vois le public sur la plage du Diamant, je me rends compte que nous sommes tous tournés vers la mer. Le public, les yoleurs, les skippers… Ca prouve l’importance de ce patrimoine martiniquais et cela montre les valeurs que communique la yole. Nous assistons à une vraie communion entre la population et les hommes de la mer, qu’ils soient marins pêcheurs, yoleurs ou skippers. Lorsque l’on regarde les skippers sur la yole, finalement on se demandait s’ils étaient vraiment skippers… A bord, il n’y avait que des yoleurs. Ils se sont totalement fondus parmi les yoleurs. C’est formidable ! Les skippers que j’ai rencontrés étaient émerveillés. On avait l’impression qu’ils voulaient encore rester. Et j’espère qu’ils reviendront vite naviguer à bord des yoles. En tout cas, ils sont les bienvenus. »

Les marins engagés sur Les Barrés de la Yole

  • Loick Peyron
  • Jean Le Cam
  • Gilles Lamiré
  • Roland Jourdain
  • Maxime Sorel
  • Gildas Morvan
  • Eric Baray
  • Eric Peron
  • Yvan Bourgnon
  • Philippe Berquin
  • Arnaud Pennarun
  • Antoine Carpentier

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