Francis Joyon a franchi le Cap de Bonne Espérance !
En franchissant ce dimanche 2 février à 2h30 du matin, heure française, la longitude du cap de Bonne Espérance, Francis Joyon, ses quatre hommes d’équipage en ont terminé avec la première partie de leur tentative contre le record de la Route du Thé, propriété depuis 2018 de l’équipage italien de Giovanni Soldini.
14 jours, 17 heures et 29 minutes après leur départ de Hong Kong, et après avoir parcouru 766 milles à 21,7 noeuds de moyenne, ils affichent un gain sur le chrono record de 1 journée, 8 heures et 56 minutes. Une performance tout à fait notable au regard des conditions rencontrées notamment dans un océan Indien peu coopératif, déserté par l’alizé, où le Maxi trimaran n’aura cessé de zigzaguer autour des centres de hautes pressions, à l’envers des systèmes météo du grand sud.
Une mer de Chine rapide
Contrairement aux attentes, nées de l’expérience du trajet Aller, effectué dans le cadre des deux records établis depuis l’île Maurice jusqu’à Ho Chi Minh ville, puis du Vietnam à ShenZhen, la Mer de Chine s’est, dès le départ de Hong Kong le samedi 18 janvier dernier, montrée sous son plus beau jour, nonobstant la pollution de ses eaux…. Un bon vent de secteur Nord-Ouest a favorisé d’emblée une belle glisse au portant et le passage de l’équateur, si pénible en décembre dernier, s’est déroulé sans encombre, le maxi trimaran maintenant une bonne vitesse moyenne, se faufilant entre les nombreuses îles paradisiaques de l’ouest de Bornéo. Francis et ses hommes franchissaient ainsi dès le 22 janvier le détroit de La Sonde, porte d’entrée dans l’Océan Indien, avec déjà une avance substantielle de près de 300 milles sur le trimaran de Giovanni Soldini. Sur une mer désordonnée mais dans un bon flux de secteur Sud Est, Francis enfonçait le clou, en signant d’emblée sa meilleure journée dans l’Indien, 645 milles parcourus à 26,9 noeuds de moyenne. Il augmentait ainsi régulièrement son avance sur le chrono record, qui culminait à 829 milles mercredi dernier.
Alerte cyclones !
L’Indien s’est ensuite montré sous son jour le moins coopératif. Dès le deuxième jour de navigation, toutes les attentions du bord se tournaient vers deux centres cycloniques en renforcement sensible dans le grand Est de Madagascar. IDEC SPORT incurvait résolument sa course au Sud, toujours à belle allure malgré une mer de plus en plus abrupte. Ce grand contournement conduisait Joyon et ses hommes aux portes du grand Sud, par près de 37 degrés de latitude sud. Avec le froid et l’arrivée des premiers albatros, les hommes d’IDEC SPORT goutaient aux spécificités des navigations de l’extrême, pratiquées à tant de reprises par Francis durant son immense carrière. Petite anicroche à déplorer à l’entame de la deuxième semaine de course, l’usure puis la rupture de la drisse de grand voile qui contraignait le grand trimaran à naviguer plusieurs heures sous voilure réduite, dans l’attente d’une accalmie météo propice à effectuer une réparation aussi rapide que possible. C’est Antoine Blouet qui grimpait promptement dans le mât dès la mer quelque peu aplanie, et IDEC SPORT reprenait sa course avec en ligne de mire un véritable saut d’obstacle entre thalwegs, zones de transitions et rapides passages de front.
L’Indien à l’envers.
« Nous naviguons à l’envers des systèmes météo » résumait Francis au terme de 10 jours de course éprouvants. Entre centre de hautes pressions à contourner et dépressions à négocier souvent travers au vent, voire au près, IDEC SPORT rebondissait de systèmes en systèmes, secoué par les violents passages de fronts, sollicitant en permanence son équipage réduit pour établir les voiles du temps, et surtout réagir avec la plus grande maitrise aux brutales sautes du vent, conjuguées à une mer propice à voir le grand trimaran lever très haut étraves et flotteurs.