Le maxi trimaran IDEC SPORT est de nouveau en course. Francis Joyon a quitté Hong Kong ce samedi matin à 9h 00′ 47″ (8h 00′ 47″ TU) et mis le cap sur Londres, dans le cadre d’une nouvelle tentative de record : la Route du Thé dont le temps de référence appartient depuis 2018 à l’Italien Giovanni Soldini et l’équipage du trimaran Maserati, en 36 jours, 2 heures et 37 minutes. Pour battre le record (d’au moins une minute), Joyon devra arriver à Londres avant le dimanche 23 février 2020 à 12h 36mn et 58″ (heure française).

L’acte 4 de l’IDEC SPORT ASIAN TOUR, la Route du Thé est surement le plus long et le plus difficile sur le plan sportif. Un périple de près de 28 000 kms attend le maxi-trimaran rouge IDEC SPORT, vainqueur de la dernière Route du Rhum en solitaire et toujours détenteur du Trophée Jules Verne, en équipage.

Un départ tout en modération.

Francis Joyon n’est pas homme à s’éterniser longtemps dans d’interminables stand-by à attendre la fenêtre météo idéale. L’homme aux innombrables records a souvent prouvé que ses intuitions forçaient souvent le destin. A peine la Chine ralliée en avion la semaine dernière, et au terme de quelques agréables opérations de relations publiques auprès des Chinois de Shenzhen et de Hong Kong, Francis et ses quatre hommes d’équipage, Antoine Blouet, Christophe Houdet, Bertrand Delesne et son fils Corentin, décidaient de larguer les amarres et de franchir ce samedi matin, la ligne de départ du morceau de bravoure de son IDEC ASIAN TOUR, une tentative contre le record de la route du Thé, entre Hong Kong et Londres. Un départ dans des conditions modérées, la mousson faisant souffler le long des côtes chinoises un vent de Nord Est d’une quinzaine de noeuds. Plus de 13 000 milles séparent le maxi trimaran IDEC SPORT de son but Londonien. Un périple immense que les clippers d’autrefois bouclaient en plusieurs mois. Il faudra à Francis et ses hommes réaliser moins de 36 jours, 2 heures et 37 minutes pour rajouter une ligne à leur palmarès, et conclure en apothéose une tournée asiatique de tous les succès.

Une première phase complexe à souhait !

« Ce n’est pas une fenêtre météo extraordinaire, mais elle nous convient ! » Combien de fois avons nous entendu Francis prononcer ces paroles au moment de s’élancer pour un record à l’issue victorieuse ? Le large, le très grand large l’appelle de nouveau, à l’occasion du périple retour vers la vieille Europe, en configuration record et en équipage. Le parcours réalisé à l’aller en trois étapes, Ile Maurice, Ho Chi Minh Ville puis Shenzhen, s’offre à lui cette fois d’une seule traite, et dans une configuration alizéenne apparemment plus aisée. Apparemment seulement… Les analyses auxquelles Christian Dumard, le complice météo à terre, se livre ces dernières heures révèlent en effet quantité d’embûches. A commencer par ce franchissement de l’équateur au niveau de Singapour, et le passage du détroit de la Sonde qui relie la Mer de Chine à l’Océan Indien, marqués par l’inquiétante combinaison de calmes plats et de forts courants contraires. Un début de course relativement lent est ainsi anticipé par Francis et ses hommes qui se voient rallier le sud de la péninsule Malaysienne en un peu plus de 4 jours.

Un Indien tortueux

L’océan Indien, habité en décembre dernier par un alizé de Nord Est puissant qui avait contraint IDEC SPORT à rajouter près de 1 500 milles à sa route, au plus près des rivages Australiens, est pour l’heure agité de moult petites dépressions qui perturbent l’établissement de flux organisés. La situation y évolue très vite et Francis, fort d’un équipage motivé bien au fait des secrets du maxi-trimaran triple vainqueur de la Route du Rhum et détenteur du Trophée Jules Verne, espère bien rallier Bonne Espérance dans les temps de Giovanni Soldini. Il faudra d’ici là s’en remettre à Eole, afin que les risques cycloniques repérés du côté du Mozambique ne viennent jouer les trouble-fêtes. De la vitesse, des transitions, l’Indien sera sportif et intellectuellement stimulant. Attention aux forts courants des Aiguilles, à la pointe australe du continent Africain. Combinés aux vents d’Ouest, ils pourraient contraindre IDEC SPORT à un arrêt-buffet, comparable à celui qu’avait subi le maxi-catamaran Gitana 13 de Lionel Lemonchois en 2008, lors d’une tentative victorieuse contre ce même record.

La suite du menu s’annonce copieux, avec les deux Atlantiques, Sud puis Nord à négocier, tous deux marqués par le contournement de leurs masses anticycloniques. « Déborder Sainte Hélène par le Nord et l’Est semble à ce jour le plus judicieux » précise Christian Dumard, « le long de la Namibie… ». Pot au Noir, Açores, Golfe de Gascogne, Manche, estuaire de la Tamise… autant d’épisodes à venir qui vont scander la grande aventure de Francis et ses boys !

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