Seul bateau à avoir abandonné après s’être arrêté au Cap, Sodebo Ultim 3 est arrivé mardi matin à Lorient, clôturant la première édition de « Brest Atlantiques », remportée par le Maxi Edmond de Rothschild devant le trimaran MACIF et Actual Leader. L’occasion de faire le bilan de cette première avec Emmanuel Bachellerie, directeur général de Brest Ultim Sailing, autorité organisatrice de « Brest Atlantiques ».

Quel bilan sportif faites-vous de « Brest Atlantiques » ?

« Brest Atlantiques » a été passionnante à suivre avec des arrêts techniques qui lui ont permis de rebondir. Elle a été au niveau de ce que sont ces bateaux et les marins qui les skippent, un bel événement sportif. D’un point de vue plus comptable, nous avons trois bateaux sur quatre classés, donc 75% de la flotte qui a fini et un qui est rentré un peu esquinté, il me semble donc que le bilan sportif est satisfaisant et que les objectifs sont remplis.

Certains doutes escortaient les bateaux de la Classe Ultim 32/23 après la Route du Rhum, sont-ils levés après « Brest Atlantiques » ?

Beaucoup de questions se posaient effectivement après la Route du Rhum mais tâchons, aussi, de regarder toute l’histoire : le Collectif Ultim, devenu ensuite la Classe Ultim 32/23, a été créé fin 2013, et en six ans, on n’a véritablement eu qu’un « arrêt buffet », la Route du Rhum 2018. Et, c’est comme si cette course avait totalement occulté les quatre années précédentes : la victoire magnifique de Loïck Peyron sur Banque Populaire VII sur la Route du Rhum 2014 ; celles de François Gabart et MACIF sur la Transat Jacques Vabre en novembre 2015 quelques mois après avoir mis le bateau à l’eau puis sur sa première transat en solo sur The Transat au terme d’un beau duel avec Thomas Coville ; le Trophée Antoine de Saint-Exupéry de Thomas fin 2016 en 49 jours 3 heures ; The Bridge en 2017 qui a donné lieu à un match magnifique entre MACIF et Idec Sport, puis en fin d’année de nouveau le Trophée Antoine de Saint-Exupéry pour François en 42 jours. Certes, il y a eu cette Route du Rhum, qui était la première transat avec la moitié des Ultim en mode vol, mais il s’est passé beaucoup de choses positives avant. Les équipes ont énormément travaillé pour que les bateaux progressent et cette courbe de progression est loin d’être terminée : le Maxi Edmond de Rothschild a été mis à l’eau le 17 juillet 2017, il lui a fallu deux ans et demi pour arriver à maturité, ça va être la même chose pour les autres et « Brest Atlantiques » aura contribué à la progression de la flotte.

Tous les marins ont souligné la difficulté du parcours, fallait-il en passer par là pour justement éprouver les bateaux ?

C’est un parcours qui a été construit avec les marins, certains ont beaucoup milité pour que le parcours soit à la hauteur de ces bateaux. L’idée était d’avoir un parcours long, rugueux, exigeant, je crois qu’ils ont été servis. Thomas Coville l’a dit juste avant d’abandonner : « On savait que « Brest Atlantiques » serait une course très dure, on n’a pas été déçus ». Ces bateaux sont faits pour faire des tours du monde, là, ils ont fait plus d’un demi-tour du monde, c’est très positif.

Quel bilan faites-vous de la course d’un point de vue fréquentation et animations du village ?

Je crois qu’il est satisfaisant : nous avons accueilli 60 000 visiteurs en dépit d’une météo assez terrible, avec beaucoup de pluie et un très fort coup de vent le deuxième samedi qui nous a contraints à fermer le village par mesure de sécurité. Nous avons heureusement eu deux belles journée les deux dimanches, au cours desquelles nous avons accueilli plus de 20 000 personnes. Donc en tenant compte de ces aléas météo, nous sommes plutôt satisfaits de cette fréquentation. Mais, au-delà des chiffres, c’est aussi l’aspect qualitatif du village qui a prévalu : nous avons voulu qu’il contribue à faire connaître les bateaux et les marins. D’après les retours que nous avons eus, tout le monde semble avoir trouvé ce village surprenant dans le meilleur sens du terme, avec notamment, les moments forts qu’ont été les conférences de présentation des teams qui ont permis au grand public d’échanger en direct avec les marins et les media men.

C’était la première fois que Brest accueillait une course au large de cette dimension, quel bilan faites-vous de ce partenariat ?

Brest ne nous avait pas attendus pour s’intéresser au large, notamment avec les arrivées de records que la ville accueille depuis des années. Mais après « Brest Atlantiques », j’ai la très forte conviction que Brest peut devenir une place extrêmement forte de la course au large en France, mais aussi à l’international. La ville a tout pour ça : un positionnement géographique idéal sur le littoral français, un écrin naturel exceptionnel, avec la Rade, le Goulet et l’Avant-Goulet, les infrastructures, un public de passionnés… Nous sommes donc ravis d’avoir posé ces premières fondations. Fondations qui auront été rendues possibles grâce aussi au Département du Finistère, à la Région Bretagne, Naval Group, Eiffage, Suez, Edf, l’ensemble des armateurs, nos partenaires et fournisseurs officiels ainsi que l’ensemble des médias qui nous ont fait confiance. Un dernier mot, enfin, sur les soutiens que nous avons voulu apporter à Innovéo et à la Fondation Action Enfance. Le sport de très haut niveau en y apportant du sens, que pouvait-on demander de mieux ?

Finissons par le bilan médiatique de « Brest Atlantiques », avec notamment la grande nouveauté qu’aura constituée la présence à bord de chaque bateau d’un media man…

Nous n’avons pas tous les chiffres, mais ce que nous pouvons d’ores et déjà annoncer, c’est que nous avons eu plus de 300 000 visiteurs uniques sur le site, 5,5 millions de pages vues, plus de 2 millions de vidéos vues sur nos seuls supports (site, comptes Facebook, Instagram, Twitter, YouTube), un peu plus de 1 600 retombées médias (print et web) à date et 52 000 joueurs sur Virtual Regatta. Pour une première, avec quatre bateaux et un report de départ qui nous a contraints à annuler deux heures et demie de direct TV le dimanche 3 novembre, le bilan est bon. Pour ce qui est des media men, je pense qu’il est extrêmement satisfaisant, avec à la fois de la qualité et de la variété dans le traitement de chaque media man. Ce qui valide l’option que nous avions prise de laisser à chaque équipe le soin de choisir son media man et de ne pas imposer de ligne éditoriale. Nous avons eu la chance d’avoir des profils très différents sur les quatre bateaux et une manière de tourner et de raconter également très différente.

Y aura-t-il une deuxième édition de « Brest Atlantiques » ?

Au regard de tous les éléments de bilan dont nous venons de parler, j’ai la conviction que « Brest Atlantiques » a tout pour devenir une classique. L’avenir le dira.

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