Sur une route sciemment rallongée de près de 1 500 milles par rapport à l’orthodromie, le maxi trimaran IDEC SPORT est parvenu, au prix d’une longue descente vers les 37 degrés de latitude Sud, à maintenir une avance sur son carnet de route prévisionnel. Après un peu plus de 4 jours de course vers le Sud de l’océan Indien, Francis Joyon, son fils Corentin, Christophe Houdet, Bertrand Delesne et Antoine Blouet entament désormais une remontée vers le nord, le long des côtes de l’Ouest Australien, en direction du détroit de La Sonde, porte d’entrée entre Java et Sumatra de la mer de Chine. Un tableau de marche scandé par deux belles journées à plus de 700 milles, avalées avec une déconcertante facilité, aux allures portantes sur une mer parfaitement ordonnée. Tout va pour le mieux à bord du trimaran triple vainqueur de la Route du Rhum et détenteur du Trophée Jules Verne. Une phase de transition délicate s’avance aujourd’hui, avec le contournement par l’Est d’une vaste zone de calme et un ralentissement attendu, avant une belle reprise de la vitesse dans les alizés de Sud Est.

Francis Joyon capitaine d’équipe, hors quart, observe depuis quatre jours avec satisfaction et approbation le comportement de son équipage en des latitudes évocatrices du Grand Sud arpenté il n’y a pas si longtemps lors du Trophée Jules Verne. « Je ne fais presque rien à bord » s’amuse-t-il. « Tout le monde semble prendre beaucoup de plaisir à mener IDEC SPORT. Nous sommes descendus un peu plus bas qu’initialement prévu, la faute à cet anticyclone qui nous a contraint à nous rapprocher de l’Australie. Nous allons devoir le contourner en sa partie orientale et nous nous attendons à toucher des vents très faibles ces prochaines heures. » Un ralentissement inévitable que Francis et ses quatre hommes d’équipage acceptent avec philosophie, conscients d’avoir réalisé ces derniers jours de très honorables performances qui les placent en avance sur leurs prévisions. Avec 745 milles parcourus ce dimanche à plus de 31 noeuds de moyenne, IDEC SPORT s’est avantageusement positionné pour effectuer aujourd’hui en toute sérénité la transition vers les forts vents de Sud Est qui baignent l’océan Indien jusqu’aux abords de l’Indonésie.

Des centaines de litres d’eau dans le bateau…

De la très haute vitesse accomplie sans faire le moins du monde souffrir le bateau. « Nous voulions éviter les allures au plus près du vent dans une mer formée » insiste Francis. « D’où le choix assumé de rallonger la route par le Sud. Seul petit souci à déplorer, les vibrations du bateau à vive allure ont permis l’ouverture d’un petit capot de contrôle dans le puits de dérive, et le bateau s’est instantanément rempli de plusieurs centaines de litres d’eau, que nous avons évacués au prix de quelques aliments et vêtements mouillés. »

Désert maritime

La vigilance est ainsi et plus que jamais de mise lors de cet Idec Asian Tour long de près de 27 000 milles. Francis, Corentin, Antoine, Christophe et Bertrand veillent au grain, attentifs aux moindres réactions du bateau, et intenses observateurs de leur environnement maritime. « Nous naviguons dans un désert maritime » souligne Joyon. « Pas une embarcation, cargo, voilier ou navire de pêche en vue depuis le départ… » Une configuration appelée à se modifier drastiquement en approche de l’Indonésie, le plus grand archipel du monde avec ses quelques 13 400 îles peuplées et objectif du trimaran géant situé ce matin à 1 700 milles de ses étraves.

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