Après deux semaines de mer, la flotte de « Brest Atlantiques » se resserre depuis plusieurs heures en raison d’une situation météo favorable aux bateaux venant de l’arrière qui profitent de la remontée de l’anticyclone de Sainte-Hélène pour filer tout droit, là où le leader, le Maxi Edmond de Rothschild, aura enchaîné six empannages. Ce dernier est attendu mercredi soir au Cap, deuxième et dernière marque de parcours, où le quatrième, Sodebo Ultim 3, s’arrêtera une dizaine d’heures plus tard.

Les grands sourires sont de sortie sur Actual Leader ! Si Yves Le Blevec et Alex Pella ont énormément souffert après Rio lorsqu’il leur a fallu affronter pendant trois jours des conditions dantesques (vent fort, mer hachée de face) qui ont énormément sollicité leur trimaran, moins aérien que les autres, la seconde partie de l’Atlantique Sud leur est nettement plus favorable, puisqu’à chaque classement, ils réduisent leur retard sur la tête de la flotte.

La raison de ce resserrement ? Arrivé le premier au niveau de la zone d’exclusion des glaces, le Maxi Edmond de Rothschild (Franck Cammas/Charles Caudrelier) s’est retrouvé coincé sous l’anticyclone de Sainte-Hélène, positionné particulièrement bas, ce qui l’a obligé à louvoyer, vent dans le dos, dans du vent assez faible. Ce mardi après-midi, les deux skippers en étaient à leur cinquième empannage, sans doute l’avant-dernier, tandis que derrière eux, le trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet), deuxième à 135 milles, en aura fait deux, Actual Leader et Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias), grâce à la progressive remontée de l’anticyclone vers le nord, ayant tiré tout droit, sans empanner !

Yves Le Blevec et Alex Pella, qui profitent des conditions actuelles (vent aux trois-quarts arrière, mer relativement plate) pour battre leurs records de vitesse depuis le départ de Brest (31,25 nœuds entre 8h et 16h), ont en outre bénéficié du ralentissement forcé de Sodebo Ultim 3, suite à la casse du safran tribord, pour s’emparer de la troisième place. Ce qui faisait dire à Yves Le Blevec mardi matin : « Évidement, ce serait mentir de dire que cette place gagnée au classement ne représente pas une satisfaction pour l’équipage d’Actual Leader. C’est plutôt la satisfaction d’avoir tenu le rythme de la course et d’être suffisamment proche de nos concurrents pour profiter de la moindre opportunité, c’est cette stratégie que nous suivons depuis le début avec Alex. »

Effectivement, les deux skippers ont dû batailler au début de la traversée Rio-Le Cap en forçant parfois sur leur bateau pour rester dans le même système que leurs concurrents plus rapides, leur ténacité s’en trouve récompensée. Reste que le skipper de La Trinité-sur-Mer parle de « satisfaction prudente et mesurée », ajoutant : « La course est encore longue, le jeu est incroyablement ouvert et il peut se passer tellement de choses jusqu’à l’arrivée que tout triomphalisme serait vain et déplacé. »

Son de cloche similaire chez François Gabart, lors d’une vacation organisée ce mardi pour des salariés de la Macif à Niort : « La situation nous a été plutôt favorable par rapport au Maxi Edmond de Rothschild, on n’a pas dit notre dernier mot, mais il reste beaucoup à faire. C’est en tout cas un scénario super serré, Actual Leader est à 200 milles derrière nous, autant dire rien du tout, c’est plutôt une agréable surprise après 15 jours de mer. »

Le programme des 24 heures qui viennent ? Filer à vive allure vers Le Cap, où le Maxi Edmond de Rothschild est attendu le premier mercredi soir et où Thomas Coville et Jean-Luc Nélias s’arrêteront pour établir un diagnostic plus précis des dégâts occasionnés par la casse de leur safran tribord, puis enrouler Robben Island, île où fut emprisonné pendant presque 18 ans Nelson Mandela, qu’ils devront laisser à bâbord avant d’attaquer la route retour vers la Bretagne…

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