Du près, encore du près
Sortis indemnes de 24 heures très musclées dans du vent fort et surtout face à une mer désordonnée, les quatre trimarans de la Classe Ultim 32/23 poursuivent leur descente de l’Atlantique Sud au près à environ 30 nœuds de moyenne pour les plus rapides. Cap désormais vers Gough Island, île située à la limite de la zone des glaces. Ce samedi après-midi, le Maxi Edmond de Rothschild est toujours en tête avec 107 milles d’avance sur le trimaran MACIF.
Le plus dur, dans cette deuxième partie de parcours de « Brest Atlantiques », est sans doute passé pour la flotte qui sort de 24 heures au près particulièrement pénibles dans du vent fort de 25-30 nœuds avec rafales à 40 et surtout une mer hachée de face, très sollicitante pour les hommes et les bateaux. Les images envoyées par les media men, qui ont bien du mérite dans ces conditions de réussir à tourner et monter, en attestent : les chocs sont parfois très violents quand les trimarans retombent d’une vague plus haute que les autres, les marins sont obligés de bien se tenir en permanence pour ne pas voler dans le cockpit ou de bien se caler dans leurs bannettes lorsqu’ils tentent de dormir.
Malgré cela, les moyennes restent élevées et particulièrement pour le leader, le Maxi Edmond de Rothschild qui, dans des conditions de mer jusqu’à 3 mètres, est capable de s’affranchir des vagues et de littéralement voler au-dessus. Flashés à plus de 30 nœuds entre les classements de 4h et 8h ce samedi, Franck Cammas et Charles Caudrelier ont légèrement « freiné » entre midi et 16h (28 nœuds), ce qui a permis, derrière eux, au trimaran MACIF (François Gabart/Gwénolé Gahinet) et à Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias) de stabiliser l’écart (107 et 215 milles à 16h), tandis que derrière, Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella), à 489 milles, s’accroche (plus de 24 nœuds de moyenne sur les quatre dernières heures), conscient de la nécessité d’aller vite pour rester dans le même système météo que les autres.
« Ils ont un peu la pression parce qu’ils sont en bordure du front, à 35 milles de la bascule de vent, il faut qu’ils arrivent à rester avec la dépression qui descend dans le sud-est, mais pour l’instant, maintiennent le rythme. Le risque pour eux, c’est de passer du mauvais côté de la dépression, et dans ce cas, leur retard à Cape Town pourrait passer d’une quinzaine d’heures à au moins deux jours », analyse Christian Dumard, le consultant météo de la direction de course.
Qui poursuit, à propos de la stratégie à suivre pour l’ensemble de la flotte : « Ils continuent à descendre dans un peu moins de mer qu’hier, c’est un peu plus maniable, mais ça reste super dur, ils vont garder ces conditions jusqu’à dimanche compris. Ils visent tous Gough Island, l’île située juste à la limite de la zone des glaces, qu’ils vont laisser à tribord avant de glisser sous l’anticyclone, ça devrait aller assez vite. » D’après les routages, les premiers pourraient atteindre cette île dans la nuit de dimanche à lundi, puis Le Cap, deuxième et dernière marque de passage de « Brest Atlantiques », mercredi matin.