Après plus de deux jours de mer, les quatre trimarans engagés sur Brest Atlantiques évoluent quasiment à la latitude des Canaries, cap au sud dans un alizé moyen et une mer qui s’est désormais bien aplanie. Et si l’irrégularité de l’alizé oblige les marins à rester vigilants, les conditions de vie à bord sont bien plus agréables.

Journée stratégique sur « Brest Atlantiques » ! Après un tout droit bosselé dans le Golfe de Gascogne et une joliment nommée « aile de mouette » pour passer au sud de l’anticyclone des Açores, le grand sujet du jour sur les quatre trimarans partis mardi de Brest était le choix du moment de l’empannage, le premier de la course, à effectuer pour incurver la trajectoire plein sud vers l’équateur puis le Brésil. Une manœuvre indispensable mais coûteuse en énergie, comme l’a expliqué Jean-Luc Nélias (Sodebo Ultim 3) dans une vidéo envoyée par le media man martin Keruzoré : « Un jibe (empannage), c’est environ une demi-heure, entre monter un foil, descendre l’autre, faire la manœuvre, reborder le gennaker, retrouver tous les réglages ».

C’est le Maxi Edmond de Rothschild, le plus à l’est de la flotte depuis son passage à l’intérieur du DST du Cap Finisterre, qui a dégainé le premier en milieu de nuit de mercredi à jeudi, Franck Cammas et Charles Caudrelier ayant eu le droit à deux autres empannages dans la matinée, perturbés par un grain qui a collé aux basques de leur trimaran. « Le premier empannage était bien placé, nous avons eu un super début de bord, mais ensuite, on a buté dans un grain qui avançait avec nous », a commenté Charles Caudrelier dans une vidéo envoyée par le media man Yann Riou, Franck Cammas ajoutant : « On a galéré toute la nuit, on a fait des bords à l’envers ».

Du côté des autres bateaux, le Trimaran Macif (François Gabart/Gwénolé Gahinet), le plus à l’ouest de la flotte, a empanné une fois, tout comme Sodebo Ultim 3 (Thomas Coville/Jean-Luc Nélias), tandis qu’Actual Leader (Yves Le Blevec/Alex Pella) a effectué la manœuvre à deux reprises. Jean-Luc Nélias résumant l’enjeu de cette bataille stratégique : « Il fallait essayer de trouver le meilleur moment possible en fonction de la force et de la direction du vent, c’était important de caler cet empannage le mieux possible, parce que normalement, c’est le dernier avant le Pot-au-noir qui est dans deux jours. On ne saura que dans deux jours si c’était le bon moment. »

D’ici là, une descente toujours rapide dans un alizé irrégulier d’une quinzaine de nœuds et dans une mer désormais bien praticable attend les huit marins. Elle nécessitera bon nombre de réglages pour adapter la trajectoire aux caprices en force et en direction de cet alizé, mais l’état de la mer va permettre à tous de recharger les batteries après une entame musclée. Au classement de 16h jeudi, le Maxi Edmond de Rothschild est toujours en tête, avec 25 milles d’avance sur le Trimaran Macif, 132 sur Sodebo Ultim 3 et 248 sur Actual Leader.

Le mot de la direction de course (Jacques Caraës) :

« La matinée a été rythmée par les empannages des quatre trimarans, le Maxi Edmond de Rothschild a été le premier, il a sans doute voulu faire du sud rapidement. On a vu ensuite qu’il s’était recalé plus vers le Trimaran Macif, l’écart en latéral entre les deux est passé de 200 milles ce matin à 160 cet après-midi. L’avance des deux premiers sur Sodebo Ultim 3 s’est creusée dans la journée, c’est peut-être dû à l’irrégularité de l’alizé : quand le vent faiblit sous les 15 nœuds, Sodebo Ultim 3 a sans doute un peu plus de mal à redécoller que le Maxi Edmond de Rothschild et le Trimaran Macif qui volent plus tôt. Ils continuent tous à descendre vers le sud, on voit qu’une bulle anticyclonique risque de gêner dans les prochaines heures le bateau le plus à l’ouest, le Trimaran Macif, il faut voir s’il va être freiné ou s’il va tenter de se recaler, c’est un des enjeux de cette fin de journée. La suite ? Le point d’entrée dans le Pot-au-noir, sans doute le gros sujet du moment avec les routeurs. »

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