Haletante cette 14ème édition de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre ! Tandis qu’en IMOCA, le Pot-au-noir pourrait bien relancer les dés tant le jeu est serré entre Charal et Apivia, Ian Lipinski et Adrien Hardy à bord de leur Class40 Crédit Mutuel, battent des records de vitesse : plus de 408 milles parcourus en 24 h. Jamais un Class40 n’avait été aussi vite… Pour le Multi50 Groupe GCA – Mille et un sourires, la ligne d’arrivée à Salvador de Bahia n’a jamais été aussi proche. Le voici bel et bien rentré dans les alizés de l’hémisphère sud avec près de 131 milles d’avance sur Solidaires en Peloton.

Class40 : le record des 24h tombe

408,80 milles parcourus en 24h à la vitesse moyenne de 17 nœuds, Crédit Mutuel, ce bateau signé de l’architecte David Raison, tient toutes ses promesses. Avec sa drôle d’étrave ronde et spatulée, le bateau rouge et blanc affiche une aptitude incroyable à avaler les milles dans du vent fort et sur la mer formée, sous pilote automatique, sans mouiller l’équipage (ou presque) et dans une stabilité à faire pâlir les Class40 de la génération précédente, qui n’ont pas dépassé les 15,70 nœuds de moyenne sur 24h. « Le bateau, il avance tout seul, on a trouvé la bonne voilure, on surveille le bateau mais il avance tout seul. On est sous spi médium avec 1 ris et 2 ris dans la grand-voile. On se déplace à quatre pattes, ça bouge beaucoup, on essaye de ne pas se blesser. Ca mouille un peu sur le pont mais je pense que ça n’a rien à voir avec les copains de derrière » racontait tôt ce matin Ian Lipinski, en veille devant la table à cartes. Par le travers des îles du Cap Vert, Crédit Mutuel mène le bal des Class40 72 milles devant Leyton et Aïna Enfance & Enfance.

Multi50 : le Brésil leur tend les bras

A 45 milles de l’équateur, Gilles Lamiré et Antoine Carpentier filent vers le Brésil à plus de 20 nœuds. L’écart est conséquent ce matin avec Solidaires En Peloton – ARSEP distant de 131 milles exactement. La victoire tend donc les bras à Groupe GCA – Mille et un sourires car le dernier tronçon de la Route du café est une course de vitesse mais pas de grande stratégie. 367 milles derrière, Sébastien Rogues et Matthieu Souben sur Primonial ont fait leur entrée dans le Pot-au-noir, et ils sont parvenus à rester devant les IMOCA de tête, mais demeurent bien ralentis et n’avancent plus qu’à 3 nœuds.

Imoca : Charal ou Apivia ?

La pression est énorme pour les équipages en proie à l’absence de vent et aux grains dans la zone de convergence intertropicale. Charal semble souffrir et se traîne à 2 nœuds tandis qu’Apivia glisse lentement à 8 nœuds, cap légèrement plus à l’est. Un véritable duel va commencer. « On avait 100 milles d’avance et on va les perdre, nous n’avons pas d’air, on n’arrive pas à en sortir. Nous étions sur une bonne trajectoire et on a pris un dernier grain ce matin et après rideau » expliquait Jérémie Beyou tôt ce matin à la vacation. Derrière, 11th Hour Racing, PRB et Banque Populaire se bagarrent comme des chiffonniers dans les prémices d’un ciel orageux et peu venté. Impossible de prédire du podium en IMOCA dans la Baie de Tous les Saints…

Date : 06/11/19 – 00h00

Class40

1 – Crédit Mutuel
2 – Leyton
3 – Aïna Enfance & Avenir

Multi50

1 – GROUPE GCA – MILLE ET UN SOURIRES
2 – Solidaires En Peloton – ARSEP
3 – PRIMONIAL

Imoca

1 – Charal
2 – Apivia
3 – 11th Hour Racing

Les mots des skippers

Jérémie Beyou, skipper de Charal (IMOCA)

Jérémie Beyou, skipper de Charal (IMOCA) On avait 100 milles d’avance et on va les perdre, nous n’avons pas d’air, on n’arrive pas à en sortir. Nous étions sur une bonne trajectoire et on a pris un dernier grain ce matin et après rideau. Ca a bourgeonné tout autour de nous, on n’arrive pas à en sortir. Les grains ont disparu ce soir et le ciel est clair mais il n’y a pas de vent non plus. On reste concentré on essaye de sortir de là, nous ne sommes vraiment pas récompensés. On reste confiant et on se dit que ce n’est pas fini. Il faut rester zen, il faut se dire qu’il y a une part de loterie, il faut choisir son point d’entrée dans le Pot. On avait prévu une trajectoire qui nous semblait correcte, on avait identifié les champs de vent, on s’était décalé dans l’ouest. Notre trajectoire ressemble à celle des multi de devant. Donc, il faut vivre avec ça, il y a du mieux dans la difficulté là, la mer s’est calmée, elle était croisée, c’est plus calme maintenant, on a un belle demi-lune avec une lune qui se reflète sur la surface de l’eau comme sur un lac, on avance à 1,3 nœuds avec 2 nœuds de vent. On a été un peu sonnée avec Chris, on était sous le choc, on est solidaire, si il passe devant, nous mettrons du charbon pour revenir, on garde la tête haute.

Ian Lipinski, skipper de Crédit Mutuel (Class40)

Ca va assez vite, nous avons même a un peu hâte que ça ralentisse, mais on est super content. Le bateau, il avance tout seul, on a trouvé la bonne voilure, on surveille le bateau mais il avance tout seul. On est sous spi médium avec 1 ris et 2 ris dans la grand-voile. On se déplace à quatre pattes, ça bouge beaucoup, on essaye de ne pas se blesser. Ca mouille un peu sur le pont mais je pense que ça n’a rien à voir avec les copains de derrière, ce n’est pas en permanence mais ça mouille un peu. Chacun barre une heure par jour seulement, c’est la première fois que l’on barrait depuis longtemps d’ailleurs. On va arriver sous le Cap Vert et après on va se diriger vers le Pot-au-noir, on a 25 nœuds de vent de nord-est et on va voir si on fait la route directe ou si on lofe un peu pour être plus dans l’est, ce n’est pas encore calé. Les conditions doivent mollir un peu. Pour le Pot-au-noir, on n’a pas encore étudié, on regarde où passent les IMOCA et on a un œil grib. Je vais aller faire un petit tour du bateau pour voir si i y a des bateaux de pêche. Je suis à l’intérieur sur un gros pouf, je sors de temps en temps, il y a des pécheurs sans Ais dans le coin. On en voit et on en entend beaucoup des poissons volants, ils se cognent contre le bateau. On vit des moments vraiment magiques.

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