Le grand échiquier !
Un peu plus de 48 heures après le départ de la deuxième étape de la Mini-Transat La Boulangère (Las Palmas de Gran Canaria/Le Marin), chacun place ses pions. Avec le peu d’informations et d’outils dont ils disposent, les marins doivent déterminer quelle stratégie payera à moyen et long terme : gagner d’emblée dans l’Ouest ou investir dans le Sud. Le rythme est élevé depuis le coup d’envoi de cet Acte 2 et les concurrents les plus rapides ont déjà parcouru près de 500 milles sur l’orthodromie (route directe). Ce soir, les leaders sont Ambrogio Beccaria (en série) et François Jambou (en proto).
La navigation dans les alizés n’est pas un long fleuve tranquille. Les concurrents de la Mini-Transat La Boulangère naviguent certes à belle vitesse au portant, mais ils doivent composer avec un vent de Nord-Est instable en force et en direction (il peut osciller d’une vingtaine de degrés tout au long de la journée), sachant que les grains sont également à prendre en compte. Il faut donc exploiter au mieux ces changements et bien placer les empannages.
Option Ouest ou Option Sud ?
Deux grandes options se sont dessinées. La majeure partie de la flotte a choisi de partir vers l’Ouest. Cette route, plus proche de l’orthodromie, est plus courte mais présente davantage de risques de se faire prendre dans des zones de vent plus faibles. D’autres concurrents ont pris l’option Sud, ils rallongent la route pour chercher un alizé plus soutenu. Pour eux, tout l’enjeu, à moyen et long terme, est de savoir si la force du vent permettra de compenser la distance parcourue en plus. L’écart latéral entre les concurrents ne cesse de se croiser et la flotte s’étale sur plus de 350 milles du Nord au Sud.
Seul(e) ou accompagné(e) ?
Après un peu plus de deux jours de course, certains marins sont déjà bien esseulés, à l’instar de Raphaël Fortes (858), Georges Kick (529) ou encore Sébastien Liagre (589), le concurrent le plus au Sud. Ils vivent déjà la vraie solitude et ne peuvent parler avec qui que ce soit. D’autres évoluent au sein de groupes très compacts. On peut par exemple citer Thibault Blanchet (774), Thomas D’Estais (819), Thomas Gaschignard (539), Jean Bachèlerie (428), Pierre Casenave-Péré (857) qui naviguent probablement à vue. Au pointage de 17h, ces six skippers se tenaient en seulement 2 milles.
Jambou et Beccaria impriment le rythme
En proto, la grande explication a bien lieu entre François Jambou (865), Tanguy Bouroullec (969) et Axel Tréhin (945). Au pointage de 17h, François avait un avantage bien précaire alors, qu’il restaient plus de 2200 milles à parcourir. Erwan Le Méné (800) est en embuscade, bien décidé à se mêler à la bagarre pour gagner cette étape vers la Martinique.
Favori de l’épreuve et vainqueur de la première étape, Ambrogio Beccaria déroule parfaitement sa partition. Depuis le départ de Las Palmas, il va vite et tire les bons bords. Benjamin Ferré (902), Keni Piperol (956) et Guillaume L’Hostis (868) tentent de s’accrocher sur une route similaire à celle de l’Italien. Des poursuivants sont décalés dans le Nord, emmenés par Paul Cloarec (951), et d’autres, plus nombreux, dans le Sud, avec notamment Félix de Navacelle (916).
Les scow de série dans le match
Les concurrents naviguant sur des bateaux de série à étrave ronde profitent de conditions propices à leurs montures pour occuper les avant-postes. Keni Piperol, Paul Cloarec et Guillaume Quilfen (977) sont dans le top 10. Il faut aussi surveiller l’option Sud de Florian Quenot, très rapide depuis le départ de Las Palmas. C’est d’ailleurs lui qui a parcouru la plus grande distance sur le fond (proto et série confondus), avec 608 milles avalés depuis le départ (à 17h aujourd’hui).
Jean Lorre en escale à El Hierro
Jean Lorre est arrivé cet après-midi à El Hierro, la plus petite île des Canaries, où il fait escale pour ressouder sa cadène d’étai. Jean espère repartir au plus vite sachant que son arrêt technique devra durer au moins 12 heures, conformément au règlement de la Mini-Transat La Boulangère.
Classement du lundi 4 novembre à 17h (heure française)
PROTO
1- François Jambou (865 – Team BFR Marée Haute Jaune) à 2203,5 milles de l’arrivée
2- Tanguy Bouroullec (969 – Cerfrance) à 5,3 milles du premier
3- Axel Tréhin (945 – Project Rescue Ocean) à 17,7 milles du premier
SERIE
1- Ambrogio Beccaria (943 – Geomag) à 2206,3 milles de l’arrivée
2- Benjamin Ferré (902 – Imago Incubateur D’aventures à 16,4 milles du premier
3- Kéni Piperol (956 – Caraïbe Course Au Large) à 34 milles du premier