Alizés pour tous… ou presque
1200 milles séparent ce soir les premiers Multi50 des derniers Class40. Si les premiers cogitent sur le meilleur point d’entrée dans le Pot-au-noir qu’ils devraient atteindre dans 24 heures, les derniers doivent encore sortir des hautes pressions au nord des Canaries pour goûter aux joies de la glisse, la vraie ! Mais après une semaine de course, les premiers signes d’usure et dégâts se font aussi sentir. Pour certains comme Eärendil et Equipe Voile Parkinson (Class40) ou encore Primonial (Multi50), les avaries pourraient se solder par un pit-stop à Madère et au Cap Vert. Pour Hugo Boss en revanche, qui a heurté un OFNI à 25 noeuds, la course est terminée. La question est maintenant de sécuriser le bateau dont la quille n’est plus retenue que par son vérin…
Multi50 : Les écarts augmentent à mi-course
A hauteur du Cap Vert, la bagarre entre les trois Multi50 prend une nouvelle tournure. GCA Mille et un sourires s’installe en solide leader aujourd’hui. En traversant sans être ralenti le canal entre les îles Sao Vicente et Santo Antao, il a creusé une avance de 130 milles sur Solidaires en Peloton ARSEP. Et son plus proche poursuivant Primonial annonçait à 13 heures française qu’il s’arrêtait à Mindelo pour remédier à un problème d’énergie. Le rétroviseur de Gilles Lamiré et Antoine Carpentier commence donc à se dégager. Mais pas de quoi souffler à 24 heures de l’entrée dans le Pot-au-noir (et encore 1900 milles de l’arrivée !) Le duo continue de maintenir la pression avec 498 milles couverts de midi à midi. C’est 86 de plus de que Solidaires en Peloton ARSEP qui ne semble pas pouvoir naviguer à 100 % de son potentiel depuis l’entrée dans la dorsale jeudi…
IMOCA : Charal contrôle, Hugo Boss se retire…
L’alizé s’est un peu calmé pour la tête de flotte mais ça cravache toujours dur pour Charal qui maintient la meute de ses poursuivants à plus de 40 milles dans son sillage. Jérémie Beyou et Christopher Pratt contrôlent mais n’ont pas droit à l’erreur. Apivia n’est pas loin dans l’axe et 11th Hour Racing s’est bien décalé dans l’ouest. Quant à Banque Populaire IX, le tandem Cremer -Le Cléac’h-ne désarme pas, tout comme les deux autres IMOCA à dérives, Apivia et Corum l’Epargne, auteurs d’un superbe duel. Arkea Paprec savoure le long bord bâbord amures où Sébastien Simon et Vincent Riou peuvent défendre leurs chances : « Le bateau a été dessiné autour de ses foils donc il est compliqué à barrer quand il est sur son mauvais côté, il lui manque clairement quelque chose ! Ca empêche d’être aérien et le bateau produit plus d’effort, ça travaille plus. Là c’est beaucoup plus sympa que les derniers jours car on fait plus de tribord amûres. Vivement le Pot-au-noir et l’hémisphère Sud ! » déclarait Sébastien à la vacation ce midi.
Quelques 300 milles plus au nord, les éléments ont enfin souri au groupe emmené par Maitre CoQ qui a bien négocié la dorsale et navigue déjà dans l’alizé. Loin de la tête de flotte, ces bateaux-là peuvent encore espérer rentrer dans les dix premiers à Salvador de Bahia.
La mauvaise nouvelle du jour est tombée à midi. Hugo Boss prévenait la direction de course qu’ils venaient de percuter à 25 noeuds un OFNI. Heureusement, Alex Thomson et Neal Mc Donald n’ont rien mais le plan VPLP noir et rose est sérieusement endommagé. La quille n’est plus retenue que par son vérin hydraulique. Alex et Neal ont arrêté le bateau et cherchent actuellement une solution pour sécuriser Hugo Boss vers le port le plus proche, sans doute aux Canaries vue la position du foiler et l’orientation du vent… Des informations ultérieures seront communiquées sur le site de la course.
Class40 : Au gré des bascules
C’est dans cette catégorie que les écarts sont plus faibles ce soir. Les cinq premiers se tiennent en 50 milles. Avec un retour du vent au nord-ouest, les bateaux décalés vers Madère comme Crosscall Chamonix Mont Blanc limitent la casse d’hier et Louis Duc avait la pêche ce midi à la vacation : « Hier on a ramassé par rapport à la tête de flotte mais l’anticyclone reprend de la vigueur donc ça nous profite aujourd’hui. En tous cas, c’est plutôt paradisiaque ! 15-18 au portant sous spi, ça glisse tout seul » La glisse, c’est ce que sont venus chercher tous ces tandems qui s’apprêtent à rentrer de plain-pied dans l’alizé demain. Une nouvelle course commence, alors que deux concurrents ont annoncé leur arrêt à Madère. Pour Equipe Voile Parkinson, remplacer le support d’hydrogénérateur s’annonce une formalité. En revanche, le changement de la bague de safran d’Eärendil, amarré depuis le début d’après-midi à la marina Quinta do lorde, sera plus complexe et aléatoire.
ETA Pot-au-noir :
- Multi 50 : Lundi dans la soirée
- IMOCA : Dans la nuit de mardi à mercredi.
Date : 03/11/19 – 16h00
- Class40
1 – Crédit Mutuel
2 – Leyton
3 – Aïna Enfance & Avenir - Multi50
1 – GROUPE GCA – MILLE ET UN SOURIRES
2 – PRIMONIAL
3 – Solidaires En Peloton – ARSEP - Imoca
1 – Charal
2 – Apivia
3 – Banque Populaire X
Les mots des skippers
Louis Duc – Crosscall Chamonix Mont Blanc (Class40)
C’est plutôt paradisiaque ! 15-18 au portant sous spi ça glisse tout seul. Hier on a ramassé par rapport à la tête, l’anticyclone reprend donc ça nous profite mais ça bouge plus vite que les prévisions des fichiers. On laisse les Canaries dans notre est. Le vent n’est pas très stable donc il faut se barrer. Et on se rend compte que le pilote est meilleur que nous. Aujourd’hui, le vent n’est pas excessif,la vitesse oscille entre 10 et 14noeuds au portant, on a vu mieux. Demain ça ira plus vite. On s’est bien battu hier et nous sommes contents du retour du vent à droite aujourd’hui, ça paye.
Erik Nigon – Vers Un Monde Sans Sida (IMOCA)
Ça se passe bien, on a 12/13 nœuds de vent au portant, on est en tee-shirt, ce sont les vacances ! On a eu des soucis de fuite d’huile sur le vérin de quille les premiers jours mais on a réglé le problème. On a aussi eu un problème de prise de ris, il ne faut pas que l’on en prenne plus de 2 mais on n’y compte pas ! Les soucis techniques sont donc à priori réglés. Les soucis techniques sur première partie course sont stressants mais le plus embêtant c’est de ne pas avoir d’air… Maintenant, on attend que le vent se renforce. On n’a pas battu tous les records mais on espère faire de la glisse jusqu’à l’équateur désormais. On n’est pas surpris par la vitesse des foilers, ils sont allés chercher le vent. Nous, les IMOCA à dérives, on subit les éléments, on est étalé d’est en ouest…
François Guiffant – Time for Océans (IMOCA)
Ça va bien, ça glisse enfin ! Les premiers jours ont été durs pour le moral. On a eu un choc il y a trois jours, on a heurté quelque chose, ça a tapé dans la dérive puis l’hydrogénérateur et le bateau a ralenti. On a réparé et ça refonctionne. Le bord de fuite était écrasé, et le bord d’attaque aussi mais on a pu sortir la dérive et restratifier. On fait route vers Bahia comme ça, pas d’arrêt prévu pour le moment. Au début de la course, on avait misé sur l’Espagne mais vu les routages, on a pris l’option ouest. On était dépité de voir que la course était pliée au bout de trois jours mais hier on a vu que l’on s’en tirait pas trop mal quand on a vu les autres dans la dorsale ! On est sous spi, 10-15 nœuds, Stéphane a fait une petite sieste et moi je suis sur la navigation. On est content, il y a du soleil ! Le début de course était humide, on essaye de glisser correctement maintenant.
Florian Gueguen – Equipe Voile Parkinson (Class40)
Ça se passe super bien ! Enfin des conditions de rêve, on file tranquillement vers Madère pour l’escale technique et réparer l’hydro-générateur. On a eu cette avarie au bout de 24h de course. L’axe était tordu. L’hydro-générateur c’est 60% de notre dépense énergétique. Du coup on barre depuis le début. On éteint l’ordinateur le plus possible, on est en mode économie d’énergie, on fait tourner l’alternateur du moteur. On a moins de fichiers donc moins de tactique… C’était trop long pour recevoir la pièce, elle serait arrivée mardi ou mercredi. Du coup, on a pris contact avec un Français sur place qui va nous retailler une pièce pour l’hydro. On devrait en avoir pour 1 heure et on espère partir dans les 4h minimales prévues par le règlement. On pense arriver à Madère en milieu de nuit, vers 2 heure du mat, on n’aura pas le temps de visiter ! On devrait repartir avant la fin de nuit.