Régate océanique de Madère au cap Vert !
La flotte de la 14e Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre s’étire ce dimanche matin sur 1000 milles (1 852 km) du premier Multi50 Groupe GCA – Mille et un sourires au dernier Class40 Terre Exotique… Les plus rapides ont déjà la moitié de la course dans le tableau arrière et s’apprêtent à déborder l’archipel du cap Vert tout en cogitant sur la meilleure façon d’amadouer le Pot-au-noir. Ce gros tronçon de la Route du café, appelée Zone de Convergence Intertropicale, reste un endroit redouté des skippers qui subissent bien plus qu’ils ne maîtrisent les caprices du vent. A l’arrière, entre Madère et les Canaries, en route vers l’alizé tant désiré ! La dorsale se montre moins douloureuse que prévue avec toujours un peu de vent pour avancer. Derrière les leaders de chacune des classes (Groupe GCA – Mille et un sourires en Multi50, Charal en IMOCA et Crédit Mutuel en Class40), les duos cravachent sans relâche pour rattraper leur retard.
Class40 : quatre mousquetaires bien inspirés
Ian Lipinski et Adrien Hardy sur leur tout nouveau bateau au nez rond (Crédit Mutuel) impriment un rythme d’enfer et n’ont quasiment pas été ralentis par la dorsale au sud de Madère. 13 milles derrière, Leyton, Aïna Enfance & Avenir et Banque du Léman suivent le tempo. La flotte des 22 Class40 file bon train avec des vitesses à deux chiffres au compteur, dans le sillage des derniers IMOCA. Sous la nuit étoilée par des températures devenues clémentes, les skippers régatent à couteaux tirés mais profitent de ces grands moments de plaisir en mer. « C’est le bonheur depuis hier, on est en tee-shirt, ce sont des moments rares donc on profite à bloc ! Il y a eu un peu de lune en tout début de nuit puis plus rien donc là, ce ne sont que des étoiles, c’est magnifique ! » confiait tôt ce matin Ian Lipinski.
Multi50 : 130 milles de retard pour Solidaires En Peloton – ARSEP
Très décalé dans l’est après son passage au cœur de l’archipel canarien, le tandem Vauchel-Camus/Duthil a dû empanner plusieurs fois pour mettre de l’ouest dans sa route. Il a donc croisé derrière ses camarades de jeu et affiche un retard de 130 milles sur l’impérial Groupe GCA – Mille et un sourires qui se dirige tout droit vers le cap Vert. « Nous allons visiter les îles du cap Vert ! A priori, on va passer dans l’archipel puis nous obliquerons vers l’ouest pour attaquer le Pot-au-Noir » raconte Gilles Lamiré à la vacation du matin. Primonial est à 35 milles plus décalé dans l’ouest. Le jeu sera intéressant à suivre jusqu’au Pot-au-noir !
IMOCA : Banque Populaire dans le rétroviseur de Charal
Première nuit plus « tranquille » pour Charal en tête des Imoca malgré le sifflement continue des appendices dès que les 15 nœuds de vitesse sont dépassés. A ces allures portantes, pas de haute voltige pour les foilers, mais un coude à coude permanent avec les IMOCA à dérives. Banque Populaire réalise décidément un superbe parcours en deuxième position entre Charal et Apivia. Les stratégies se mettent en place mais pas de projection trop lointaine : « On prend les choses les unes après les autres. On va déjà négocier le cap Vert et ensuite on regardera le Pot-au-noir de plus près. Le Pot-au-noir n’est pas top en ce moment, on n’aimerait pas y être mais ça devrait s’arranger, on croise les doigts » expliquait Christopher Pratt ce matin. Dans le nord-ouest des Canaries, les retardataires reprennent des couleurs et le moral est au beau fixe. « Ce soir le matou est maté et nous sommes passés, en route vers un alizé tant désiré, et super affûtés pour aller jouer dans les pattes du prochain félin, le vrai Pot au Noir. » écrit Yannick Bestaven sur Maître CoQ à 140 milles de Pure, le dernier du premier groupe des IMOCA.
Date : 03/11/19 – 05h00
- Class40
1 – Crédit Mutuel
2 – Leyton
3 – Aïna Enfance & Avenir - Multi50
1 – GROUPE GCA – MILLE ET UN SOURIRES
2 – PRIMONIAL
3 – Solidaires En Peloton – ARSEP - Imoca
1 – Charal
2 – Banque Populaire X
3 – Apivia
Ils ont dit :
Gilles Lamiré – Groupe GCA – Mille et un sourires (Multi 50)
« On va bien, on va voir de près l’archipel du Cap Vert. On va tout droit dedans. Nous sommes positionnés pour passer entre les îles. On va empanner après l’archipel.
Ça commence à mollir, on a un peu de vent tout de même. Nous sommes pas mal à la barre car le vent oscille entre 20 et 30 nœuds. Nous sommes en super forme avec Antoine, on arrive à bien se relayer. Ca mouille beaucoup dans le cockpit, on est toujours avec le ciré, mais bon c’est de l’eau chaude ! »Ian Lipinski – Crédit Mutuel (Class40)
« Ça va trop bien, il y a plein d’étoiles, c’est génial ! Nous n’avons pas été trop ralentis dans la dorsale, on est à 20 nœuds, on accélère !! Je blague… On est en plein dans la dorsale, il n’a pas de vent, juste 12 nœuds. On est en mode dorsale à bloc. Adrien va aller se coucher et moi j’attaque. C’est le bonheur depuis hier, on est en tee-shirt, ce sont des moments rares donc on profite à bloc ! Il y a eu un peu de lune en tout début de nuit puis plus rien donc là, ce ne sont que des étoiles, c’est magnifique ! On est resté à l’ouest jusqu’au bout pour profiter d’avoir toujours plus de vent et ça a été payant. Tout le monde va sortir de la dorsale aujourd’hui. On est toujours dans l’ouest et ce n’est pas si mal. Je suis dehors sous les étoiles, il y a des petits nuages et je vérifie l’écran en permanence, je vois plein de petits bateaux de toutes les couleurs… »
Christopher Pratt – Charal (IMOCA)
« Ça va bien, on arrive à se reposer, les conditions sont meilleures. Au-dessus de 15 nœuds, les foils sifflent en permanence donc on s’échange un casque anti bruit pour faire le vide surtout quand le bateau va vite. Là, on est à 18/20 nœuds de moyenne, c’est rapide sans plus, on a 20 nœuds de vent, on descend vers les îles du Cap Vert tranquillement. On ne sait pas encore par où on va passer, on profite des conditions calmes de la nuit pour se reposer, étudier la stratégie du passage du Cap Vert. Il fait noir, jamais vu autant de noir depuis que je fais de la course au large. Il y a eu un tout petit peu de lune en début de nuit mais là, c’est vraiment tout noir ! On a toujours le ciré, c’est humide, mais le jour, nous sommes en short et blouson étanche, il ferait même plutôt trop chaud pendant les manœuvres ! On n’a jamais vraiment eu froid sur cette transat. On barre pas mal mais quand il n’y a pas de repère comme en ce moment, on laisse le pilote. Les foils sont dehors mais ce ne sont pas des allures favorables pour ces bateaux. On a hâte que les angles se resserrent pour que le potentiel de Charal puisse s’exprimer complètement ! Le Pot-au-noir n’est pas top en ce moment, on n’aimerait pas y être mais ça devrait s’arranger, on croise les doigts. On prend les choses les unes après les autres… C’est tout de même plus simple car il y a moins d’empannage. Là, je vais rallumer mon téléphone pour écouter des podcasts, notamment un sur les femmes puissantes avec une interview d’Amélie Mauresmo !