Le rythme a été soutenu toute la nuit pour les 59 binômes de la Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre qui convergent ce matin vers Ouessant. Le Multi50 Solidaires en Peloton ARSEP joue toujours le rôle d’éclaireur et vient de passer au sud du DST (Dispositif de Séparation de Trafic) qui balise la sortie de la Manche. Même si de petits décalages sont à noter, l’heure n’est pas aux grandes manoeuvres et aucun bateau n’a pour l’instant optionné franchement pour se positionner vers l’ouest comme annoncé au départ. Chacun se concentre pour l’instant sur le pilotage car les conditions sont musclées avec plus 30 noeuds et une mer courte qui ont obligé l’ensemble de la flotte à se mettre directement dans le bain.

IMOCA : Les bateaux à dérive ouvrent le bal

Les bateaux à dérive mangent-ils leur pain blanc ? Toujours est-il qu’aux allures portantes, lorsqu’il s’agit de glisser sous spi le plus proche du vent arrière, les meilleurs d’entre-eux n’ont aucun problème de vitesse par rapport aux foilers. Hier soir, le tandem Cremer-Le Cléac’h (Banque Populaire IX) passait en tête au ras du cap de la Hague et ce matin, c’est Groupe Apicil (Damien Seguin,Yoann Richomme) qui avait pris la tête, juste devant… Nicolas Troussel et Jean Le Cam, embarqués eux aussi sur un IMOCA datant de 2007 qu’ils exploitent à merveille. « Ça bombardait fort sous grand spi tout à l’heure et on a préféré affaler pour sauvegarder cette voile qui nous serivra beaucoup dans les alizés. On est super content de notre position et la bonne nouvelle, c’est de voir que tout le monde converge vers le golfe de Gascogne. Les fichiers ont encore bougé et je crois que l’option ouest ne va pas tenter grand monde » analysait ce matin Yoann Richomme qui hésitait même à passer au Sud de l’île d’Ouessant pour gagner au maximum sur la route qui conduit à Salvador de Bahia.
A noter tout de même le petit décalage d’un groupe emmené par Hugo Boss dans lequel on retrouve Maître CoQ et Charal qui est allé chercher son point d’empannage plus près des côtes anglaises. Question d’angle pour trouver la meilleure vitesse ou amorce d’un choix tactique ? Toujours est-il que ce matin, ce groupe se réalignait sur la flotte, ce qui pourrait confirmer que la voie de l’Ouest n’a finalement pas été retenue après la réception du fichier météo du soir…
Dernier des foilers mis à l’eau en septembre, Advens for Cyberscurity a été obligé de s’arrêter à Cherbourg hier soir vers 23 h 00 pour réparer des problèmes de vérins de pilote automatique. Thomas Ruyant et Antoine Koch ont du attendre quatre heures comme le réglement l’impose pour repartir et ferment la marche à quelques 80 milles des leaders.

Multi50 : Vauchel-Camus- Duthil impriment le rythme

En tête sur la ligne de départ du Havre, Thibault Vauchel-Camus et Frédéric Duthil sont clairement au rendez-vous de cette 14ème Route du Café. Leur trimaran bleu est le premier à s’extraire de la Manche ce matin. Avec une vingtaine de milles d’avance sur Primonial et 30 sur Groupe GCA Mille et un sourires, Thibault et Frédéric impriment un rythme soutenu sous gennaker et n’ont pas hésité à multiplier les empannages cette nuit pour rester sur leur schéma tactique qui les fait passer au plus près de la pointe de la Bretagne. « Il y a une petite molle à l’approche de la première dépression et on va chercher à naviguer le plus Sud possible. Cette nuit, tout s’est bien passé mais on a eu des claques jusqu’à 30-35 noeuds et il falait être vigilant » racontait ce matin à la vacation Thibault Vauchel Camus.

Class40 : Les gros bras au rendez-vous

Après un très bon départ qui les plaçait en tête à Etretat, Kito de Pavant et Achille Nebout n’ont rien pu faire face aux derniers protos. « Sous spi Made in Midi n’a pas la vitesse des bateaux recents et nous n’avons que regressé au classement. Pas tres encourageant pour la suite !!! » soulignait Kito dans son message du matin.
En Class40, le conflit des générations dessine en effet la hiérarchie au classement ce matin. Au large des îles Anglo-Normandes, les favoris sont avant-postes avec dans un rayon de 5 milles, Lamotte-Module Création, Leyton, Crosscall Chamonix Mont Blanc, et Banque Du Léman, seul le Pogo de Charles-Louis Mourruau et Estelle Greck faisant de la résistance. Sous petit spi dans des conditions toniques, les meilleurs naviguent juste devant la queue de flotte des IMOCA, alors que le dernier des 27 Class40 pointe à plus de 50 milles.

Date : 28/10/19 – 05h00

  1. Class40
    1 – Lamotte – Module Création
    2 – Leyton
    3 – Crosscall Chamonix Mont-Blanc
  2. Multi50
    1 – Solidaires En Peloton – ARSEP
    2 – PRIMONIAL
    3 – GROUPE GCA – MILLE ET UN SOURIRES
  3. Imoca
    1 – Groupe APICIL
    2 – Corum L’Epargne
    3 – Charal

Les mots des skippers

Thibault Vauchel Camus- Solidaires en Peloton ARSEP (Multi50)

« On rentre en Atlantique, c’est humide, il y a une petite molle à l’approche de la première dépression et on va chercher à naviguer le plus sud possible.Tout se passe bien à bord, il a fallu pas mal manoeuvrer cette nuit avec plusieurs empannages et des grains jusqu’à 35 noeuds. On navigue VMG bas pour calmer un peu le jeu et éviter éviter la petite molle à l’approche de la première dépression qu’il va falloir négocier aujourd’hui. C’était un bon départ, pour l’instant, tout va bien.»

Yoann Richomme- Groupe Apicil (Imoca)

« Ça va super bien, avec un petit groupe de bateaux autour de nous, on vient de passer le gros du vent fort avec 30 nœuds. Ça bombarde, c’était un peu chaud jusque-là, on est sous grand spi, la voile qui nous servira beaucoup dans les alizées. On va passer au Sud du DST, peut-être même à l’intérieur d’Ouessant. C’est encore difficile de choisir sa stratégie, les deux routes sont tellement différentes qu’ il va falloir trancher ce matin ! C’est un choix à faire à Ouessant, car une fois partis à l’ouest, on ne pourra pas revenir le long du Portugal. C’est engageant comme décision. On en a pas mal discuté hier soir avec Damien de la météo de l’après-midi. Il y a eu des changements dans les fichiers, on a rediscuté, ce n’est pas évident, il y beaucoup de critères, on cogite sur les grandes lignes. La bonne nouvelle, c’est que tout le monde converge vers la route directe, vers l’intérieur du DST (…) Je ne vois pas grand monde aller dans l’ouest, ça parait quand même une option très risquée. On est en tous cas super contents de notre position, tout fonctionne bien à bord.»

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