Francis Joyon en avance à l’Equateur ?
Souvent malheureux dans ses traversées du pot au noir, cette Zone de Convergence Intertropicale coupable de l’avoir contraint à avorter sa tentative sur le Trophée Jules Verne ils a deux ans, Francis goûte aujourd’hui à un ciel clément et à une progression vent debout plus qu’acceptable. Il s’approche tranquillement de l’équateur, situé à la mi-journée à quelques 350 milles des ses étraves et espère couper ce premier marqueur demain, avec plus d’une journée d’avance sur son record de 2009. De quoi faire le bonheur du marin d’IDEC SPORT qui, à encore plus de 6 000 miles de son but, peut légitimement se satisfaire de la fenêtre météo choisie, alors que dans son sillage s’étalent de vastes calmes autour de l’archipel du Cap Vert.
« Nous avons eu raison de partir samedi dernier » insiste-t-il, en louant le travail de son conseiller météo Christian Dumard. « Non seulement les calmes se mettent en place derrière notre passage, mais nous avons aussi pu anticiper le développement orageux dans le sud Cap Verdien et trouver un petit trou de souris pour nous faufiler toute la nuit, en route quasi directe vers l’équateur. Le pot au noir m’a souvent joué de sales tours par le passé. J’ai souvenir de nos passages en équipage lors du Trophée Jules Verne où nous avons connu les pires tourments, ciels d’encre, vent tourbillonnant à 360 degrés et orages d’une violence inouïe. Pour l’heure, je progresse toujours à près de 10 noeuds, vent de face. Je m’attends à être freiné plus tard dans la journée, et aussi la nuit prochaine. »
IDEC SPORT en avance !
IDEC SPORT maintient ainsi, au terme de 6 jours de course, un joli matelas d’avance sur le chrono effectué par IDEC deuxième du nom, plan Irens lancé en 2007, avec lequel Francis avait établi le premier temps de référence sur cette Mauricienne. Francis avait, en 2009, franchi l’équateur au terme de 8 jours, 5 heures et 9 minutes de course, soit après 3 350 milles parcourus à 17 noeuds de moyenne. Il a cette année, 6 jours après son départ de Port Louis, couvert 3 168 milles sur le fond à 22 noeuds de moyenne. « IDEC SPORT est vraiment très véloce » précise-t-il, « mais mon ancien IDEC était très à l’aise dans le petit temps, et surtout plus facile à manier avec sa voilure plus légère et ses manoeuvres faciles… »
Francis profite donc d’une journée des plus clémentes aux portes de l’hémisphère sud. Sa femme Virginie s’est chargée cette année de l’avitaillement en frais et Francis n’a pas eu recours encore aux repas lyophilisés. « Avec ce ciel dégagé et ce vent encore relativement régulier, je prends aussi pas mal de temps pour dormir et récupérer, un luxe en cet endroit du monde où habituellement, les vents instables en force comme en direction, interdisent tout repos. Le bateau est en parfait état, et c’est aussi ma grande satisfaction au terme de cette première semaine.»