Aymeric Chappellier et Pierre Leboucher dans les starting-blocks
La 14e Transat Jacques Vabre à la loupe par Aymeric et Pierre
Le plateau
Aymeric Chappellier :
« Rarement on a vu une Transat Jacques Vabre avec un tel plateau en Class40. C’est évidemment intéressant et hyper motivant. En ce qui me concerne, j’ai hâte d’y aller et de me bagarrer avec les petits copains. On s’attend à du très beau match car aujourd’hui, bien malin est celui qui se lancerait à faire des pronostics. Sam Goodchild et Fabien Delahaye sur Leyton, puis Luke Berry et Tanguy Le Turquais sur Lamotte – Module Création sont assurément des concurrents sérieux. Même chose pour William Mathelin et Marc Guillemot sur Beijaflore dont le plan Lombard n’est autre que le vainqueur de la dernière Route du Rhum. Le duo Ian Lipinski – Adrien Hardy sur Crédit Mutuel est également très affûté et surtout doté d’une machine flambant neuve. Reste à voir si elle pâtira ou non de certains défauts de jeunesse. Idem pour les petits suisses Simon Koster et Valentin Gautier avec leur tout nouveau Mach40.4 aux couleurs de la Banque du Léman, même s’ils ont, l’un et l’autre, peu d’expérience en 40 pieds. Je pense que le podium va se jouer avec ces gars-là. »
Pierre Leboucher :
« Je ne connais pas très bien les habitués du circuit Class40, mais je connais bien ceux qui, comme moi, évoluent aussi sur le circuit des Figaro Bénéteau. Je sais leurs points forts et leurs points faibles, mais aussi la manière dont ils risquent de gérer leur course en termes de prise de risques notamment. Je m’attends à de la belle bagarre car de très nombreux duos sont super solides, et donc dangereux. »
Le parcours
Aymeric Chappellier :
« Une transat reste toujours un peu une course d’élimination, avec plusieurs passages à niveau. La sortie de la Manche sera le premier, avec sous doute pas mal d’embûches, que ce soit au niveau du raz Blanchard, de Barfleur ou de la pointe Bretagne. Cette première partie pourra s’avérer décisive en fonction des conditions météo. Il faudra donc réussir à être en tête du troupeau d’entrée de jeu. Dans le golfe de Gascogne et jusqu’à hauteur de Madère, on pourra tout aussi bien devoir composer avec un anticyclone ou des dépressions assez corrosives susceptibles de laisser des traces. Le Pot-au-Noir jouera probablement les trouble-fêtes, avec des écarts qui pourront se réduite ou, à l’inverse, augmenter considérablement. Après, on sait que ce sera plus simple et que le classement restera un peu figé, même si on sait que pour les derniers milles, avoir un bateau encore à 100% de son potentiel sera important. C’est pourquoi, il faudra attaquer du début à la fin, mais de manière raisonnée. »
Pierre Leboucher :
« Ma première transat était l’AG2R l’an passé. Je suis content de me préparer à la deuxième, avec, cette fois, les passages du Pot-au-Noir et de l’équateur. Je suis curieux de découvrir tout ça, et je sais que ça va de nouveau être une super expérience pour moi. Pour ce qui est des difficultés, comme l’a dit Aymeric, les sorties de la Manche et du golfe de Gascogne ne seront pas des minces affaires et risquent bien d’être assez déterminantes. Il faudra réussir à ne rien casser et terminer avec toutes les voiles intactes pour performer à Salvador de Bahia. Salvador que je vais découvrir puisque jusqu’à présent, du Brésil, je ne connais que Rio où j’ai passé du temps dans le cadre de la campagne olympique de 2016. »
Les objectifs
Aymeric Chappellier :
« Sans ambiguïté la victoire. J’ai clairement une petite revanche à prendre, la première place, lors de la dernière édition m’ayant échappée pour seulement 16 petites minutes. »
Pierre Leboucher :
« Je ne vais pas dire autre chose qu’Aymeric. Le but c’est de gagner. On est parfaitement raccord là-dessus, et il m’a choisi pour ça je suppose. J’espère être à la hauteur ! »
Le statut de favori
Aymeric Chappellier :
« C’est une étiquette qui ne me dérange pas et que j’assume complètement car ce n’est évidemment pas un handicap. Je ne me mets pas plus de pression que ça cependant, même si le plateau est très relevé. Je sais que si l’on parvient à faire une belle trajectoire et à passer à travers les problèmes mécaniques, il n’y a pas de raison qu’on n’arrive pas à atteindre notre objectif. »
Pierre Leboucher :
« La pression du favori, je ne la ressens pas vraiment mais je sais qu’Aymeric, de son côté, la transforme en énergie positive. Mon objectif, c’est de naviguer le plus proprement possible. »
Un projet double
Au-delà l’aspect sportif il était important pour Aymeric Chappellier et l’ensemble des partenaires du projet de porter des valeurs humaines et solidaires, de donner du sens à ce défi. La traversée d’un océan est une épreuve qui rappelle celle que peuvent vivre les enfants, les jeunes mamans mais aussi les bénévoles de l’association Aïna qui chaque jour luttent, se battent avec courage et ténacité pour vaincre la pauvreté, atteindre un but, un horizon : s’en sortir, se reconstruire. « Une telle aventure ne serait rien si elle ne portait pas des valeurs humaines. Au début, il s’agissait d’échanges de messages et de photos avec les enfants mais très vite, j’ai voulu aller là-bas pour les rencontrer. Sur place, j’ai été extrêmement touché par le travail des bénévoles, impressionné par les havres de paix qu’ils sont parvenus à créer pour les petits et leurs jeunes mères mineures, sans ressources », explique Aymeric Chappellier qui défend les couleurs de l’association depuis 2013. « C’est un plaisir pour moi de porter les valeurs d’AINA Enfance et Avenir et je me réjouis de la voir continuer de grandir et surtout de se pérenniser, même si elle est constamment dans l’incertitude sur le plan financier. Elle déploie une énergie considérable pour s’occuper de plus de 300 enfants et jeunes mamans, et leur créer un avenir. Les résultats sont là. Cela motive encore plus pour mobiliser et sensibiliser les personnes qui nous suivent, les partenaires… L’association a besoin d’eux », assure le skipper Rochelais.
Aïna, Enfance et Avenir, c’est qui, c’est quoi ?
L’association AINA Enfance & Avenir intervient depuis 2005 à Madagascar, l’un des pays les plus pauvres de la planète (76% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté), auprès d’une population extrêmement démunie. Son objectif : réinventer la vie de des enfants en les aidant à se construire un avenir et en prenant en charge leurs mères adolescentes. Pour ce faire, elle agit au quotidien dans trois domaines : la mise en place de structures adaptées, l’amélioration de la vie quotidienne et l’aide à la scolarisation.
Trois questions à Nataly Charbonnier, co-Présidente de l’association AINA Enfance & Avenir
Que représente pour vous le soutien d’Aymeric Chappellier et de ses partenaires ?
« Pour continuer à bâtir l’avenir des enfants, nous sommes perpétuellement à la recherche de nouveaux donateurs et parrains. Le fait qu’Aymeric et l’ensemble des partenaires du projet nous apportent leur soutien, puis nous offrent notre nom sur le bateau, depuis deux ans maintenant, est quelque chose d’extraordinaire. Ce n’est que du bonheur pour nous. Cela nous apporte de la visibilité, c’est certain, mais aussi peut-être une ouverture au niveau du mécénat d’entreprise. Car il ne faut pas se leurrer : le nerf de la guerre, c’est l’argent ».
A la barre d’AINA Enfance et Avenir, Aymeric cumule les succès. On imagine que c’est une fierté pour vous ?
« On ne pouvait pas trouver meilleur ambassadeur. Sportivement, il est épatant et a d’ailleurs tout gagné cette année, mais en plus de ça, humainement, il est très investi. Il met l’association en avant et toujours avec les mots justes. Il est venu à deux reprises voir les enfants à Madagascar et il sait donc de quoi il parle. Son aide nous est précieuse pour trouver des financements pour poursuivre nos missions. Des missions qui nous apportent aujourd’hui de nombreux motifs de satisfaction comme par exemple le fait qu’une trentaine de jeunes mamans qui nous avons accueillies au Centre de Formation Agriculture et Elevage en 2016 soient désormais installées et volent de leurs propres ailes, ou encore de l’ampleur prise par les écoles maternelles solidaires qui, en cette période de rentrée à Madagascar, viennent d’accueillir 200 petits de 3 à 5 ans de familles extrêmement défavorisées. Nous sommes aussi très fiers que cinq jeunes aient réussi leur baccalauréat. Tous ont désormais de vraies ambitions et cela fait évidemment très plaisir, mais il ne faut bien sûr pas s’arrêter là. »
Quels sont les nouveaux projets ?
« Nous espérons ouvrir de nouvelles classes et être en mesure d’offrir l’internat aux enfants, toujours dans ce même but de leur apprendre à être de plus en plus autonomes et responsables dans leur vie. »