Brest Atlantiques dont le départ sera donné le dimanche 3 novembre 2019 à Brest inaugure un nouveau parcours mais également un format inédit. Si les skippers et les armateurs ont choisi de lancer ce programme de courses en Ultims avec une épreuve en double, l’organisation de Brest Atlantiques leur a proposé d’embarquer un témoin. La mission de ce troisième homme que les Anglo- saxons appellent un media man ? Raconter et illustrer avec des photos et des vidéos ce qui se passe à bord de chacun des bateaux engagés et qu’on ne voit jamais et surtout, qu’on ne soupçonne même pas. Cette nouveauté dans une course au large française offre ainsi un regard et un partage unique sur la vie au large de ces champions, embarqués dans une aventure qui va durer entre trois et quatre semaines.

La présence d’un troisième homme à bord va-t-il changer la course ?

Le rôle du reporter embarqué et ses droits sont bien entendus très cadrés. « Pendant trois semaines, Martin Keruzoré va faire partie de notre vie et son sourire, son regard, son attitude vont compter. Il peut préparer les repas ou nettoyer le bateau. Il a le droit de nous parler et d’améliorer notre quotidien. Il peut faire beaucoup de choses tant que ce n’est pas lié à la performance du bateau ».

Parce que dans la course, il y a la technique et une grande part d’humain, Thomas et Jean-Luc n’ont pas « casté » ce jeune homme par hasard. Outre son expérience des prises de vue en mer avec des drones qu’il fait voler dans des conditions qui stupéfient Thomas, la personnalité de Martin a rapidement convaincu le duo. Son enthousiasme, son expertise et sa résistance aux conditions de navigations en Ultim ont su lever les réticences de Jean-Luc Nélias sur la présence d’un « témoin » de leur vie à bord en duo.

« Pour accepter de naviguer en Ultim, il ne faut pas avoir froid aux yeux. Martin a l’enthousiasme de cette nouvelle génération qui m’inspire tellement » confie le skipper. « Comme il est jeune, il s’adapte et s’intègre facilement. Ce garçon a des compétences uniques et une forte personnalité. Il a un caractère espiègle, de l’humour et pas d’état d’âme. Il va être un des éléments clés de cette course. On attend de lui un regard neuf, style poil à gratter. Il va faire partie de notre intimité. Mais attention, ce n’est pas le loft ».

TROIS SEMAINES DE COURSE EN ULTIM, UNE PREMIÈRE

« Brest Atlantiques, ça ressemble à un rallye raid qui durerait trois semaines sans étapes ! »

Avec 14 000 milles soit 22 500 kilomètres entre Brest (ville de départ) et Brest (ville d’arrivée) en passant sans s’arrêter devant Rio de Janeiro au Brésil et Cape Town (Afrique du Sud), ce parcours est une aventure, une épopée. Le tracé de la course qui dessine un triangle à travers les deux Atlantique nord et sud peut obliger les concurrents à descendre presque jusqu’à la limite des glaces antarctiques, une zone du globe que Thomas qualifie souvent de « crampons/piolets ».

Sachant que les bateaux engagés représentent ce qui se fait de plus extrême au monde en matière de prototypes conçus pour la course au large, cette longue confrontation sur tous types de terrains promet un match à suspense. « Même s’il semble plus accessible qu’un tour du monde, la longueur, la diversité, la complexité de ce parcours représentent une invitation au voyage avec une partie qu’on ne fait jamais, la remontée de l’hémisphère sud depuis l’Afrique du Sud. C’est un parcours que j’attendais, un parcours qui me sort de ma zone de confort ».

UNE CONCURRENCE DE HAUT VOL

S’il n’y a que quatre bateaux, le plateau est exceptionnel et réunit des stars de la course au large française. Selon le skipper de Sodebo Ultim 3, chacun devrait avoir sa chance : « 30 jours de navigation sans escale en mode course, ce sera une première pour tous les bateaux engagés. Deux de nos concurrents ont de l’avance sur nous. Maxi Edmond de Rothschild et Macif ont déjà fait des transats. Ils maitrisent mécaniquement leur plateforme respective qu’ils fiabilisent depuis plusieurs années. Ils ont aujourd’hui un potentiel et une expérience supérieurs à nous. Actual Leader, quant à lui est un bateau que je connais très bien, avec beaucoup d’atouts, la valeur ajoutée viendra de Yves et Alex qui cumulent une grande expérience au large. »

Rappelons que le trimaran innovant de Thomas Coville, a été mis à l’eau il y a seulement sept mois. Le plan porteur de dérive qui lui permettra de voler complétement sera installé début 2020 quand le géant sera fiabilisé dans sa configuration actuelle. Comme le skipper aime l’expliquer, « dans la mise au point d’un prototype comme celui-ci, la complexité combinatoire est permanente. Cela me paraissait très ambitieux d’avoir un bateau volant dès la mise à l’eau. L’un de nos enjeux sur Sodebo Ultim 3 va être de boucler une course de ce niveau avec un bateau neuf !»

CONCILIER VITESSE ET VIE À BORD

« Naviguer en Ultim, c’est technique. La vitesse est un danger réel qui exige beaucoup d’humilité. Plus on va vite, plus c’est chaud. Passer de 30 à 40 nœuds de moyenne sur l’eau, c’est comme changer de dimension. On s’expose et le monde extérieur devient alors violent et agressif. Quand on va vite, les appendices sifflent et le bruit devient abrutissant. Quand on pousse le bateau, les mouvements sont durs ! Taper sur les touches du clavier de l’ordinateur pour envoyer un message ou obtenir des fichiers peut devenir utopique » expliquait Thomas il y a quelques semaines après un entraînement sportif au large qui a duré plusieurs jours dans des conditions sévères. « Il va falloir naviguer comme Stéphane Peterhansel pilote sa voiture sur le Dakar. Pour gagner, il parvient à maîtriser, doser et gérer la performance. »

A entendre les rares élus qui osent se lancer à bord des Ultims, la vitesse de ces bateaux change la donne. Elle bouleverse la vie quotidienne des hommes, leurs manœuvres et use leur résistance physique et nerveuse à bord.

L’équipage de Sodebo Ultim 3 sur la course Brest Atlantiques

Thomas Coville – Skipper de Sodebo Ultim 3

51 ans – Vit à Locmariaquer (56)
Né en mai 1968, marié et père de deux enfants, Thomas Coville est le skipper de Sodebo depuis 1999.
Spécialiste de la chasse aux records en solitaire, Thomas Coville appartient, avec Ellen MacArthur, Francis Joyon et François Gabart, à ce quatuor d’exception qui a réussi à accomplir un tour du monde sans escale, en multicoque et en solitaire. Il est le premier marin à avoir bouclé le tour du monde en solitaire en moins de 50 jours (49j 3h) et reste détenteur de la traversée de l’Atlantique Nord en Solitaire en 4 jours 11 heures.

Du mini 6.50 aux grands trimarans de records, en passant par l’America’s Cup et la Volvo Ocean Race, cet homme est l’un des skippers les plus éclectiques de sa génération. Jamais rassasié – culture, lecture, musique, cyclisme, alpinisme et voyages -, le marin qu’il est avant tout, dévore la vie avec passion. Le multicoque reste son fil rouge, son adrénaline, son univers.

Jean-Luc Nélias – Co-skipper de Sodebo Ultim 3

57 ans – Vit à Quimper (29)
Skipper d’expérience, Jean-Luc Nélias est aussi à l’aise à la barre de Sodebo Ultim 3 qu’à la table à carte ou devant des ordinateurs à terre en tant que directeur de la cellule de routage. Depuis la Volvo Ocean Race gagnée en 2013 à bord de Goupama IV, Thomas et Jean-Luc ont noué une complicité qui s’est révélée victorieuse aussi bien sur des records (Tour du Monde en solitaire et Atlantique Nord) que sur des courses (Transat Jacques Vabre 2017)

Martin Keruzoré – Reporter embarqué à bord de Sodebo Ultim 3

30 ans – Vit à Crac’h (56)
A seulement 30 ans, Martin Kéruzoré, a déjà parcouru le globe avec sa caméra. C’est auprès de son père qu’il se forme et attrape le virus de l’image et de la mer. Il travaille d’abord à Paris dans le cinéma et la pub, mais il revient rapidement vers l’océan. En 2017, il est embarqué sur la Volvo Ocean Race, le tour du monde en équipage et avec étapes. Pendant 18 mois, il fait vivre la course de l’intérieur, notamment à bord de Dongfend Race Team, le vainqueur de la course. Cette expérience le révèle et Martin fait désormais partie des Médiaman français les plus talentueux. Passionné, appliqué, et toujours de bonne humeur, c’est tout naturellement que Thomas Coville a souhaité l’embarquer comme le troisième homme de Sodebo Ultim 3 sur la Brest Atlantiques.

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