Après une année de mise au point et une première victoire cet été dans la Rolex Fastnet Race, l’IMOCA Charal de Jérémie Beyou associé au Marseillais Christopher Pratt a encore fait parler la poudre lors du Défi Azimut 2019 ce week-end à Lorient. A un peu plus d’un mois du départ de la Transat Jacques Vabre, l’événement faisait figure de test pour pas mal de bateaux, neuf et anciens, foilers ou non, qui ont fait le spectacle à tous les niveaux du jeu et dans des conditions météo idylliques. Sur les 20 bateaux classés à l’arrivée on compte 12 foilers et 8 non-foilers dont 3 s’imposeront dans le Top10. Revue de détails, enseignements et commentaires de certains des 42 skippers IMOCA qui se sont lancés dans la bataille.

Charal au dessus de la mêlée

Tout le monde attendait avec une impatiente non feinte la rencontre des IMOCA à foils de dernière génération, confrontés aux foilers (ou non) de 2016 et aux plus anciens dont certains sont équipés aussi de foils. Véritable test de performance et de vol, on attendait de voir le comportement du plan VPLP Charal face aux deux nouveaux nés, le plan Verdier Advens for Cybersecurity de Thomas Ruyant et le plan Kouyoumdjian Arkea Paprec de Sébastien Simon. Aucun de ces deux derniers ne finira pourtant dans le Top 10 de la course de 48H, les deux monocoques, fraichement mis à l’eau cet été n’ayant pas encore eu le temps de tester tous les réglages pour rivaliser avec le leader.
Un Top 10 dominé donc par un Charal tout en maîtrise qui remportera les trois courses au programme : les runs de vitesse, les 48 heures et le Tour de Groix. Visiblement satisfait de la performance de son bateau, Jérémie Beyou saluait sa polyvalence : « Ce sont vraiment de très bons résultats, qui ont demandé des qualités un peu différentes, entre les runs de vitesse, la course de 48 heures et le Tour de Groix, c’est bien de montrer un peu de polyvalence ». De son côté, Christopher Pratt soulignait le bilan très positif depuis la victoire au Fastnet : « Cela concrétise le travail que nous avons fait avec toute l’équipe depuis l’hiver dernier pour apprendre à dompter l’IMOCA Charal ».

Trois non-foilers dans le Top 10

Derrière, parmi des neuf IMOCA qui complètent le Top10, soulignons la très belle deuxième place du duo Kevin Escoffier/Nicolas Lunven à bord de leur PRB de 10 ans d’âge (plan Verdier-VPLP de 2009) équipé lui aussi de foils. Kevin Escoffier, heureux de son résultat et d’avoir pu naviguer sous toutes les allures, gardait un esprit critique sur sa performance : « Au reaching, nous avons été moins rapides, nous avons encore des choses à trouver, notamment travailler sur les voiles et sur les réglages d’appendices. Au près nous avons vu que nous allions bien et au portant nous sommes revenus aussi un peu. Cela prouve que le bateau PRB est polyvalent ». Derrière le PRB de Kevin Escoffier, son ex co-équipier de Dongfeng lors de la Volvo Ocean Race, Pascal Bidégorry, complétait le podium avec l’Américain Charlie Enright sur 11th Hour, l’ex Hugo Boss d’Alex Thomson qui a pu démontrer à nouveau sa grande vélocité…

Belle place de 4ème pour le Maitre Coq IV emmené par Yannick Bestaven et Roland Jourdain qui devance de moins d’une heure le Groupe Apicil du duo Seguin/Richomme qui réalise la belle surprise de terminer en 5ème position au classement des 48h, mais surtout premier monocoque à dérive droite, juste devant un autre non-foiler le Banque Populaire de Clarisse Crémer et Armel Le Cléac’h. Le duo Sorel/Le Brec sur VAndB Mayenne, sera le troisième non-foiler à figurer dans le Top 10, juste devant le Bureau Vallée 2 mené par le duo Burton/Beaudart (10ème).

Les femmes à l’attaque

C’est après un dernier bord au couteau contre le Banque Populaire X de Clarisse Crémer et Armel le Cleach et l’Apicil de Damien Seguin et Yoann Richomme, que Sam Davies et Paul Meilhat se sont emparé d’une belle 7ème dans la grande course de 48h. « Une course à haute vitesse avec beaucoup d’enseignements positifs en vue de la Transat Jacques Vabre » déclarera Sam Davies.
A noter aussi la jolie 8ème place d’Isabelle Joschke dont c’était la 1ère course depuis la remise à l’eau de son MACSF. Classé en 5ème position des Runs, puis en 8ème position sur la course de 48h, Isabelle et son co-skipper Morgan Lagravière ont démontré tout le potentiel de vitesse du monocoque désormais équipé de foils. Isabelle Joschke : « Je me suis régalée durant ces deux jours de course ! Cette première compétition nous a également permis de prendre nos marques à bord avec Morgan. Nous avons rapidement trouvé notre propre organisation et notre manière de communiquer. Tout cela s’est fait très naturellement ».

Quand le Défi Azimut monte en puissance

Antoine Mermod, Président de l’IMOCA s’est félicité de cette 9ème édition du Défi Azimut et de l’ampleur que prend l’événement d’année en année : « Cette édition qui s’est déroulée dans des conditions idéales est une vraie réussite et nous en sommes très fiers. L’évolution du format avec notamment la grande course de 48h était une bonne idée car la course a été très intéressante à suivre. L’événement prend de l’épaisseur d’édition en édition et la Classe se félicite du prolongement de notre partenariat qui porte, jusqu’à 2022, sur l’organisation et le développement de nos outils digitaux ».

Classement de la course des 48h :

  1. Charal (Béyou-Pratt) : 1j 18h 43’ 46 (foils)
  2. PRB (Escoffier-Lunven) : 1j 20h 08’ 52 (foils)
  3. 11th Hour (Enright-Bidégorry) : 1j 20h 45’ 47 (foils)
  4. Maître CoQ IV (Bestaven-Jourdain) : 1j 21h 19’ 08 (foils)
  5. Groupe Apicil (Seguin-Richomme) : 1j 22h 11’ 26 (dérives)
  6. Banque Populaire X (Crémer-Le Cléac’h) : 1j 22h 16’ 51 (dérives)
  7. Initiatives Cœur (Davies-Meilhat) : 1j 22h 18’ 31 (foils)
  8. MACSF (Joschke-Lagravière) : 1j 23h 42’ 27 (foils)
  9. VandB Mayenne (Sorel-Le Brec) : 2j 00h 14’ 48 (dérives)
  10. Bureau Vallée 2 (Burton-Beaudart) : 2j 00h 20’ 54 (foils)

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