SailGP Marseille : un final en apothéose
Aujourd’hui, on a assisté à des régates, des vraies, de celles qui vous font vibrer du top départ à la ligne d’arrivée et qui vous donnent les larmes aux yeux tant la victoire est belle. Il y a d’abord celle des Australiens de Tom Slingsby, sacrés rois de la saison. Et puis, il y a celle des Français qui arrachent la seule manche en flotte devant leurs supporters.
Aujourd’hui, on a assisté à des régates, des vraies, de celles qui vous font vibrer du top départ à la ligne d’arrivée et qui vous donnent les larmes aux yeux tant la victoire est belle. Il y a d’abord celle des Australiens de Tom Slingsby, sacrés rois de la saison. Et puis il celle des Français qui arrachent la seule manche en flotte devant leurs supporters.
Dimanche devant le Vieux Port de Marseille, il fallait jouer la pression, dans tous les sens du terme. Résister à celle liée à l’enjeu du résultat et aller chercher celle produite par le vent. C’est ce qu’ont réussi à faire les Français en ouverture de cette dernière journée, puis les Australiens lors du combat singulier face à leur seul vrai rival de l’année, l’équipe japonaise emmenée par Nathan Outteridge. Ce duel ultime a tenu ses promesses en termes d’intensité car les Japonais, partis en tête, ont mené pendant la moitié de la course, avant que le bateau vert ne les double sur le fil à la deuxième porte sous le vent. Chaque croisement s’est joué au contact, parfois à moins d’une longueur. Sur la ligne d’arrivée, les Australiens ne l’emportent que de 13 secondes. 13 secondes à un million de dollars qui reviennent ce soir – un peu logiquement – au groupe qui a dominé cette année inaugurale de SailGP.
5e de la saison, les tricolores finissent en beauté
L’autre raison de se réjouir est la victoire française lors de la seule et unique manche en flotte courue aujourd’hui dans les petits airs. Et là encore, il a fallu retenir son souffle jusqu’au bout, car la hiérarchie a été bousculée à chaque risée. Malgré un départ moyen, Billy, Marie, Matthieu, Tim, Olivier et Devan ont cru en leur chance, sont restés alertes, les yeux ouverts sur le plan d’eau, pour aller chasser les effluves de vent d’Est. Mais il leur a fallu doubler les Chinois et les Américains avant de pouvoir savourer cette victoire à la maison. La première de l’année.
Les Français terminent 5e de la saison, un résultat à juger à l’aune du contexte de départ : les tricolores n’ont eu que très peu de temps de navigation (une quarantaine de sessions, voir les statistiques plus bas) pour se mettre au niveau des tops teams, notamment des barreurs Australiens ou Japonais qui ont déjà l’expérience d’une ou deux America’s Cup sur ce type de bateaux.
« Au delà de la victoire aujourd’hui, c’est l’esprit du groupe qu’il faut retenir, un groupe qui va vers l’avant. Cela permet à l’équipe de se mettre dans une spirale positive pour l’année prochaine. En tout cas, cette saison a été riche en émotions, en rebondissements, et surtout en apprentissage, car ils ont dû digérer un maximum de choses en un minimum de temps. Et puis à côté des navigants, c’est toute une équipe, 25 personnes, qui travaillent et vivent très bien ensemble. C’est prometteur pour l’avenir. » analyse à chaud leur coach Franck Citeau.
En 2020, le circuit s’étoffe avec sept actes au lieu de cinq, le premier ayant déjà été annoncé : ce sera Sydney (Australie) les 28 et 29 février. D’autres équipes pourraient aussi se joindre au concert des nations a indiqué Russell Coutts. Les Français seront de la partie avec des ambitions revues à la hausse.
Les moments forts des Bleus
Cowes et Marseille restent dans le cœur de l’équipage comme les deux moments importants de cette saison 1.
Billy Besson :
« Le sport, c’est fort en émotion ! Tout le monde imagine le travail réalisé derrière et là, sur ce genre de format et devant le public à Marseille, cette victoire est magnifique. Mais le moment le plus important pour nous a été la régate de Cowes. On a eu beaucoup de vent et pour la première fois, on s’est senti vraiment à l’aise sur le bateau. Cela a créé de la confiance en chacun de nous et envers les autres. On a réalisé qu’on pouvait compter les uns sur les autres et tirer le maximum du bateau. Cette régate a été fondatrice. »
Marie Riou :
« Le moment fort de SailGP, pour moi, c’est ici et maintenant : on termine sur une belle note, on arrive à gagner une manche. Ça fait vraiment plaisir et chaud au cœur de gagner devant le public français. »
Matthieu Vandame :
« La régate à Cowes ! Avant, nous avions plus de difficulté à progresser et avec la semaine d’entraînement et la régate là-bas, nous avons l’impression d’avoir passé un niveau. On sentait que l’on pouvait à nouveau jouer avec les autres. »
Timothé Lapauw :
« Là, à chaud en descendant du bateau, c’est cette dernière manche à Marseille. C’est l’accomplissement de toute une année de progrès. C’est super de finir sur une note comme celle-là. Pour nous les navigants, mais aussi pour toute l’équipe technique qui a fait un travail remarquable et que l’on n’a pas assez remerciée »
Devan Le Bihan :
« Mon moment fort sur cette saison, c’est Cowes. D’abord parce que je reviens à bord après ma blessure (déchirure du biceps) et ensuite parce que cette régate a été décisive, je trouve que l’on a passé un cap là-bas en termes de progression.
Olivier Herledant :
« La dernière manche de Cowes. On a réussi à terminer 2e dans des conditions très difficiles. En navigant proprement. Sportivement, c’est ce que je retiens, même si on ne peut pas enlever cette manche à Marseille devant le public. C’était peut être moins spectaculaire mais c’était fort en émotion. »
Les stats de la saison
Ils passent 12 heures par jour devant leur écran d’ordinateur pour faire parler les chiffres. Bruno Dauvier, 42 ans, universitaire, chercheur en sciences cognitives a travaillé pour Loïck Peyron puis Franck Cammas. David Rey, 29 ans, ingénieur Arts et Métiers, dans l’équipe de KND Sailing Performance, a rejoint les Français pour l’étape de Cowes. Ces deux « grosses têtes » constituent les piliers de la cellule performance chez SailGP France en collaboration avec François Morvan et Stevie Morrison. Pour la fin de la saison 2019, nous avons demandé à David de faire travailler sa ‘moulinette’ et de nous livrer quelques statistiques de l’équipe française d’après les données relevées depuis les premiers entraînements en Nouvelle-Zélande en décembre 2018.
- 40 : nombre de sessions de navigation tout compris (dont 26 régates)
- 970 : nombre de virements de bord (4500 pour l’ensemble des équipes !)
- 1000 : nombre d’empannages
- 11h30 et 272 milles : temps passé et nombre de milles parcourus en vol au près
- 7h30 : temps passé en vol au portant
- 48 / 28 nœuds : vitesse max et vitesse moyenne au portant
- 250 : nombre de virements effectués avant de réussir un foiling tack et 250 de plus avant de pouvoir passer régulièrement cette manœuvre.
- 5 : le nombre de podiums pour les Français sur les 26 régates disputées en 5 Actes ( 3e à Sydney, New York, Marseille, 2e à Cowes, 1er à Marseille)
- 16 noeuds : la vitesse du bateau pour pouvoir décoller
Classement général SailGP Saison 1
- Australie, Tom Slingsby
- Japon, Nathan Outteridge
- Chine, Phil Robertson
- Grande Bretagne, Dylan Fletcher
- France, Billy Besson
- Etats Unis, Rome Kirby