Après avoir régné durant seize saisons, les D35 ont tiré leur révérence hier, lors d’une soirée de clôture mémorable. De nombreux acteurs de cette série désormais légendaire étaient présents pour saluer le 8e sacre d’Alinghi ainsi que la remarquable longévité de ces bateaux qui ont permis à des générations de navigateurs de s’affronter au meilleur niveau depuis 2004. « Il y a eu un alignement de planètes qui a été favorable à ce projet » a déclaré Nicolas Grange, président de l’Association des propriétaires de D35.

Les signataires du contrat rédigé à la main sur un coin de table le 23 juin 2003 qui signifiait la commande de huit bateaux au chantier Décision SA, ne se doutaient certainement pas qu’ils étaient en train de créer la nouvelle référence du multicoque de course pour presque deux décennies. Les D35 sont en effet né d’une discussion informelle de plusieurs propriétaires lassé de la course à l’armement qui se déroulait alors. Le coup de vent du Bol d’Or 2003, durant lequel les derniers F40 qui sévissaient sur le lac ont été mis hors service, a certainement été déclencheur. Les propriétaires ont alors du alors décider si chacun voulait développer son propre bateau et dépenser des fortunes, ou si un monotype n’était pas plus approprié à leurs envies. La deuxième option a été retenue par le groupe, formé d’Ernesto Bertarelli, Nicolas Grange, Guy de Picciotto, Philippe Cardis, Frédéric Amar et Yorick Klipfel. Depuis, douze unités ont été construites, et les meilleurs régatiers du monde se sont essayés sur ce support qui est resté durant tout son règne une référence dans sa catégorie. Russell Coutts, Loïck Peyron, Alain Gautier, Franck Cammas ou encore Paul Cayard ont notamment écrit quelques-unes des plus belles pages de l’histoire de ce circuit. Nicolas Grange, propriétaire et skipper du SUI 2 Okalys n’a pas caché son émotion au moment de saluer cette épopée.

Durant les seize saisons du D35 Trophy, près de 800 courses ont été courues, par sept à douze concurrents, lors de huit événements disputés annuellement. Le Bol d’Or et la Genève-Rolle-Genève ont toujours fait partie du championnat. La deuxième partie de saison s’est déroulée une fois en Méditerranée. Alinghi, Zen Too et Okalys sont les trois seuls bateaux qui ont participé à toutes les régates depuis 2004. Comble du destin, ce même trio a constitué le podium de la dernière course de l’histoire de ce championnat, disputée hier après-midi.

Les D35, qui sont tous en excellent état vont avoir pour la plupart une seconde vie, puisqu’une partie de la flotte va rejoindre le lac Balaton en Hongrie. Quelques propriétaires tiennent à garder leur unité pour continuer à disputer les classiques lémaniques.

Après les moments d’émotions, où tous les acteurs des seize années qu’a duré le D35 Trophy ont été chaleureusement remerciés, le TF35 a été présenté. Le nouveau foiler, dont la particularité est de voler dès 7 nœuds de vent va très probablement devenir la nouvelle référence du genre, sur le Léman, mais également à l’étranger. Deux rencontres sont en effet prévues à l’extérieur de la Suisse. Le cahier des charges du bateau stipulait qu’il devait être transportable dans un container. Le numéro 0, actuellement testé et mis au point était amarré au quai d’honneur de la SNG pour l’occasion. Gonzalo Redondo, Marc Menec, Jean-Marie Frangnière et Luc Dubois, tous trois membres du design team se sont exprimés, et ont expliqué les divers défis qu’a représentés la conception de cet engin, construit par un consortium d’entrepreneur spécialisé de la région de Lorient. Le système d’assistance de vol, développé par l’ingénieur Vaudois Luc Dubois étant probablement le point le plus remarquable. Celui-ci doit rendre le vol accessible à des barreurs qui ne sont pas forcément des grands spécialistes. Ernesto Bertarelli, Bertrand Demole et Guy de Picciotto, qui ont déjà pu essayer le TF 35 ont quand à eux relevé le plaisir qu’ils ont déjà eu de naviguer à bord.

Huit TF35 sont pour l’heure commandé, et les premières régates vont se dérouler sur le Léman, à la SNG, dès le mois de mai 2020. D’ici là, les équipages vont préparer leur saison, en s’entraînant tour à tour sur le numéro 0. S’il est difficile d’affirmer aujourd’hui que l’histoire du TF35 sera aussi belle et durable que celle du D35, l’alignement des planètes semble néanmoins favorable à ce nouveau bateau qui va faire longtemps parler de lui.

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