Parmi les 87 marins en lice dans la Mini-Transat La Boulangère 2019, 22 sont engagés en proto. Si quatre marins font figure de grands favoris (François Jambou, Axel Tréhin, Erwan Le Méné, Tanguy Bouroullec), il faut aussi compter sur de bons outsiders et des skippers naviguant sur des protos « vintage ».

En Mini 6.50, on trouve à la fois des bateaux de série, construits à plus de dix exemplaires, et des protos, pour la plupart uniques. Dans les grandes lignes, un proto se distingue d’un Mini de série par la possibilité d’utiliser du carbone, d’avoir une quille pendulaire, des dérives (ou des foils) et un mât plus grand. Les 22 protos engagés dans la Mini-Transat La Boulangère sont très divers, du 260 de David Kremer, mis à l’eau il y a 20 ans, au foiler flambant neuf de Tanguy Bouroullec (le 969).

Quatre favoris : trois potes trentenaires et un « petit jeune »

Axel Tréhin, François Jambou, Erwan Le Méné, Tanguy Bouroullec : on peut sans trop s’avancer miser sur le fait que, sauf avaries successives, le vainqueur de la Mini-Transat 2019 en proto sera l’un de ces quatre marins. Tous sont des récidivistes mais ils disposent de bateaux de générations et de philosophies différentes, ce qui rendra le match passionnant à suivre.

A eux trois, Jambou, Tréhin et Le Méné ont gagné toutes les courses disputées en Atlantique en 2018 et 2019. Ce sont aussi trois amis proches, dont la relation est basée sur le respect, l’entraide, le partage et aussi la rivalité (sur l’eau). « Je loge avec François à La Rochelle avant le départ et il y a deux ans j’ai pu réparer mon bateau sous l’égide d’Axel », raconte Erwan Le Méné (800). « Bien sûr je veux finir devant eux. Si je suis battu par l’un d’entre eux, cela voudra dire qu’il aura donné plus que moi et il n’y aura rien à redire. » François Jambou, qui navigue sur le proto tenant du titre (le 865), partage ce bel état d’esprit : « Je vise la victoire, je ne m’en cache pas. J’espère qu’on va bien se bagarrer et que je vais les battre à la loyale, et non pas suite à des problèmes techniques. »

Déjà dans sa bulle, Axel Tréhin (945) prend un peu ses distances à quelques jours du départ mais lui aussi est très bienveillant avec ses concurrents. Il analyse : « La Mini-Transat est une grande épopée. Il peut se passer plein de choses, il va se passer plein de choses. Ce n’est pas forcément le bateau le plus rapide qui gagne, ou le meilleur marin. Il faut juste réussir à aligner les planètes. »

Avec son foiler détonnant (le 969), Tanguy Bouroullec, 25 ans, a clairement les moyens de se mêler à la bagarre, même s’il n’a pas accumulé autant de milles que ses adversaires directs. « Malgré son âge, le bateau est abouti. Le gros critère a été de concevoir un foiler polyvalent, capable de marcher dans toutes les conditions, à toutes les allures. Je peux faire quelque chose de bien sur cette Mini-Transat », explique Tanguy.

Pas à l’abri de surprises…

« Oui, il y aura un match à quatre. Mais ce serait une erreur de ne pas prendre en compte d’autres concurrents qui peuvent faire un bon coup. Psychologiquement, la situation est plus confortable pour eux. Ils ont de bons bateaux et ressentent moins de pression car ils ne sont pas attendus comme leaders », prévient François Jambou.

Qui sont ces outsiders ? On peut citer Marie Gendron (930) et Jonathan Chodkiewiez (958), qui disposent de protos sur plan Verdier remarquablement construits. Il faudra aussi compter sur Vincent Lancien qui navigue sur un Mini 6.50 emblématique (le 679) qui a déjà pris six fois le départ de la Mini-Transat mais reste compétitif. Du côté des internationaux, on surveillera les Italiens Fabio Muzzolini (716) et Matteo Sericano (888), le Polonais Michal Adam Weselak et l’Allemand Morten Bogacki (934). Engagé sur le deuxième foiler de la flotte (le 900), Raphaël Lutard pourrait tirer son épingle du jeu dans certaines conditions. « Mon bateau est très typé. Lui et moi, on se comporte bien dans le vent fort au portant. Mais s’il y a de la molle, au près, on va subir », confie Raphaël.

Ils s’engagent sur des protos « vintage »

Certains skippers partent à bord de vénérables protos qui restent tout de même de belles machines, à l’instar de David Kremer (260), Luca Rosetti (342), Pep Costa (431) et Nicolas Tobo (392). Ce dernier compose avec l’un des plus petits budgets de la flotte (proto et série confondus) et a baptisé son Mini 6.50 de 2002 « Soyouz », rapport entre autres à son âge. « La capsule homonyme est vieille mais assure toujours l’aller-retour des spatio/cosmonautes entre la Terre et l’ISS. Espérons que la fiabilité de l’une soit transférable à l’autre», dit Nicolas. « J’espère finir sans trop d’encombres le parcours, et niveau score, si je me retrouve dans la première moitié de la flotte, ce sera déjà une victoire ! »

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