Après le Charal de Jérémie Beyou, premier monocoque de la nouvelle génération mis à l’eau il y a un an déjà, le lancement des nouveaux IMOCA s’est accéléré cet été avec pas moins de 5 bateaux neufs mis à l’eau par leurs skippers en un peu plus de 6 semaines… Au total, huit IMOCA neufs auront ainsi été construits dans la perspective du Vendée Globe 2020, démontrant la réussite maitrisée d’une Classe IMOCA en plein essor. Revue de détails.

Depuis un mois et demi, un IMOCA neuf aura donc été mis à l’eau en moyenne chaque semaine ! Dans l’ordre, Arkea-Paprec de Sébastien Simon, le 20 juillet; Hugo Boss d’Alex Thomson, le 4 août; Apivia de Charlie Dalin, le 5 août et DMG Mori de Kojiro Shiraishi, le 2 septembre. Ce samedi 7 septembre, Thomas Ruyant mettra à l’eau son Advens for cybersecurity flambant neuf. Deux autres IMOCA neufs sont à ce jour en construction, Corum l’Epargne de Nicolas Troussel et L’Occitane d’Armel Tripon.

Sébastien Simon (Arkea-Paprec) : « Confiants sur nos choix »

C’est le team de Sébastien Simon qui a dégainé le premier cet été, mettant à l’eau le nouveau Arkea-Paprec (plan Kouyoumdjian) le 20 juillet. Depuis, les navigations se sont multipliées avec notamment une participation à la Rolex Fastnet Race (abandon suite à un court-circuit) puis un stage d’entraînement au Pôle Finistère Course au Large. Lors de ce stage, Sébastien Simon et Vincent Riou ont pu prendre leurs marques par rapport à deux autres foilers nouvelle génération, Charal et Apivia. « Difficile de tirer des conclusions de cet entraînement car les conditions météo étaient vraiment tordues », explique Sébastien. « Mais nous avons pu constater que le bateau a un super potentiel. Nous sommes confiants sur nos choix même si nous savons qu’il reste beaucoup à faire, notamment au niveau de la calibration de l’électronique. Nous avons une belle marge de progression et déjà des perspectives d’évolutions. Ces bateaux sont mécaniquement compliqués, la mise au point prend du temps et nous espérons être quasi à 100 % du potentiel au départ de la Transat Jacques Vabre ». Comment Sébastien Simon situe-t-il son IMOCA par rapport à la concurrence ? « La carène la plus proche de la nôtre, à savoir puissante et tendue, est celle d’Apivia. Charal et Hugo Boss ont des formes vraiment différentes, plus rondes et « rockées ». Nous avons tous des foils qui nous sont propres. Nous verrons d’ici quelques mois quelles réelles différences de performances il peut y avoir. »

Chalie Dalin (Apivia) : « Un bateau bien né »

Architecte naval de formation, Charlie Dalin a suivi les phases de conception et de construction de son Apivia (plan Verdier) avec passion. « J’ai été au cœur de tous les choix, je connais toutes les caractéristiques dans les moindres détails. J’ai ce bateau dans la tête depuis tellement longtemps qu’avant même la mise à l’eau, j’avais l’impression de bien le connaître », dit-il. « Nous en sommes à moins de dix navigations mais tout a l’air de fonctionner correctement. Apivia semble être un bateau bien né. C’est du beau boulot, je suis très content des systèmes choisis, de l’ergonomie, notamment la casquette fermée. » Accompagné de son co-skipper Yann Eliès, Charlie Dalin a profité du stage d’entraînement au Pôle Finistère pour effectuer ses premiers speed tests, avec bien sûr un regard attentif sur Charal et Arkea-Paprec. « Compte tenu de la jeunesse du bateau, on s’en sort plutôt bien. On parle beaucoup de carène et de foils mais il ne faut pas oublier le moteur du bateau, à savoir les voiles. Je suis très satisfait, les voiles sont intéressantes pour un premier jet », se réjouit Charlie, avant de tempérer : « Il est encore bien trop tôt pour tirer des conclusions. Nous n’avons pas navigué dans suffisamment de conditions différentes pour cela. Le premier vrai test sera la Transat Jacques Vabre. A l’issue de cette course, qui ressemble beaucoup à un début de Vendée Globe, on y verra plus clair et comment se situer par rapport aux autres. »

Alex Thomson (Hugo Boss) : « Nous n’avons pas peur de faire les choses différemment »

Fidèle à sa réputation, Alex Thomson a frappé fort en présentant, début août, le nouvel IMOCA aux couleurs d’Hugo Boss (plan VPLP). « Nous innovons, nous repoussons nos limites et nous n’avons pas peur de faire les choses différemment. Nous pourrions ne pas toujours avoir raison et nous l’acceptons. Mais nous n’avons pas peur d’explorer des choses qui n’ont jamais été faites auparavant », a déclaré à cette occasion le skipper britannique qui attend la Transat Jacques Vabre pour se confronter aux autres IMOCA de nouvelle génération. La « fusée » d’Alex détonne avec son cockpit complètement fermé qui, en plus d’assurer une meilleure protection, offre une vision dégagée sur ce qu’il se passe à l’avant du bateau. Le cockpit étant intégré dans la coque, le centre de gravité est abaissé, tout comme la bôme et donc la voilure, ce qui permet d’optimiser l’aérodynamisme.
Alex Thomson joue la carte de la différence au niveau des foils. Immenses et courbes, ils ne ressemblent à rien de déjà vu en IMOCA. « Forcément, Alex aura les plus grands foils de la flotte », sourit Sébastien Simon. « Nous avions également pensé à cette option avec des rayons de courbure constants mais nous n’avons finalement pas été dans cette voie car nous ne la jugions pas la plus efficace. On verra qui aura raison ! »

Kojiro Shiraishi (DMG Mori) : « Voir de quoi je suis capable »

Lancé tout récemment, le 2 septembre, DMG Mori, le nouvel IMOCA de Kojiro Shiraishi est un plan VPLP construit dans les moules de Charal. « Cela fait 30 ans que je rêve d’un nouveau bateau », raconte le skipper japonais. « Je n’ai pas pu terminer le Vendée Globe 2016-2017 à cause d’un démâtage mais j’ai trouvé un nouveau sponsor qui a accepté de construire un IMOCA neuf. » En attendant la mise à l’eau de ce bateau, Kojiro a pu mesurer la puissance d’un foiler grâce à des sessions d’entraînements à Cascais, à bord du Maître CoQ de Yannick Bestaven et sous la houlette de Roland Jourdain. Après le baptême de DMG Mori, le 11 septembre à Lorient, Kojiro Shiraishi et son équipe pourront effectuer les premières navigations et débuter la mise au point du bateau. Le Japonais sera au départ de la Transat Jacques Vabre, aux côtés d’un co-skipper qui n’a pas encore été annoncé. « J’ai hâte de naviguer face à la concurrence pour voir de quoi je suis capable, notamment face aux autres nouveaux IMOCA qui semblent tous excellents », souligne Kojiro.

Thomas Ruyant (Advens for cybersecurity) : « On pousse les architectes dans leurs retranchements »

Ce sera la dernière mise à l’eau de l’été : samedi prochain, l’IMOCA de Thomas Ruyant (plan Verdier) sortira de chantier. « Jusqu’au bout nous restons très concentrés sur les finitions de notre bateau mais nous regardons bien sûr les autres IMOCA lancés récemment. On constate déjà qu’ils vont très vite et que les marins qui les mènent ont la banane », explique Thomas. « C’est intéressant car les nouveaux IMOCA ont été dessinés par différents architectes. On les pousse dans leurs retranchements. C’est fantastique de faire partie de cette histoire avec, je l’imagine, un très joli bateau. L’IMOCA dont nous nous rapprochons le plus est Apivia, car il a été imaginé par le même architecte et sur les mêmes bases de plans. »
Selon Thomas Ruyant, « chaque bateau aura son range d’utilisation de prédilection. » Le skipper nordiste ajoute : « Nous avons tous fait des choix divers, notamment en termes d’ergonomie, en fonction de nos expériences respectives. Avec mon équipe, nous avons voulu un bateau polyvalent, fiable, robuste, « facile » d’utilisation. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur le dossier des voiles. Nous avons pris des options bien différentes à ce niveau… »

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