La flotte progresse toujours bâbord amure en direction du phare du Fastnet. Mais le passage de front, la nuit dernière, a obligé les solitaires à tirer des bords pour se recadrer sur la route. Virements de bord, matossage et choix tactiques n’ont rien changé à la donne : les deux skippers Bretagne CMB continuent de mener la danse.

Au fil des milles, la sélection continue au sein de la flotte. Entre la fatigue des moins aguerris et les incidents de course, la course fait le tri par l’arrière. Stan Thuret (Everial) l’avouait : le rythme imposé convient à des durs au mal et son manque d’expérience commence à peser. Dans sa besace, il compte déjà près de 40 milles de retard sur la tête de flotte. Cassandre Blandin (Klaxoon C) n’est pas mieux lotie, qui ferme la marche de cette deuxième étape.

Un peloton qui résiste, malgré tout

Hormis ces deux navigateurs, le peloton veille à céder le moins de terrain possible. S’il n’est pas évident de tenir le rythme infernal des leaders, le gros des troupes arrive à maintenir un écart d’une dizaine de milles environ, même si quelques concurrents ont perdu gros. Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019) a relaté par VHF ses déboires : sa quille s’était prise dans une palangre dont il a eu le plus grand mal à se défaire. Tanguy Le Turquais (Quéguiner Kayak) a dû, quant à lui, se débarrasser d’une bâche plastique. En bon défenseur de l’environnement, le navigateur lorientais a tenté de la ramener à son bord, mais sans succès. C’est donc la mort dans l’âme qu’il l’a laissée à la dérive. Erwan Le Draoulec (Émile Henry) doit faire face à des soucis d’électronique qui ne lui permettent d’utiliser son pilote qu’en mode dégradé…
Dans ces conditions, bienheureux ceux qui peuvent compter sur un bateau en bon état de marche, tels Pierre Leboucher (Guyot Environnement), Benjamin Schwartz (Action contre la Faim) ou Justine Mettraux (TeamWork), auteure d’une remontée remarquable après un début de course délicat. Mais gare à qui veut tenter le diable : Tom Laperche (Bretagne CMB Espoir) a frôlé la catastrophe en voulant se faufiler entre deux bateaux de pêche qui chalutaient en bœufs. C’est passé, et le jeune skipper en a été quitte pour quelques noms d’oiseaux.

Profiter de la pause

Cette journée de lundi aura été l’occasion pour les marins de recharger leurs batteries après une nuit active. Ils auront d’autant plus besoin d’être en forme que le menu des jours à venir risque d’être copieux. Dès demain après-midi, quand les solitaires aborderont les parages du Fastnet, le vent devrait s’installer au sud à sud-est de 28 à 33 nœuds. Ce front devrait accompagner la descente tout au long de la mer celtique et de la mer d’Iroise avant de s’établir à l’ouest aux alentours de 20 nœuds mercredi. De quoi s’offrir une ultime cavalcade sous spi pour clôturer en beauté ce qui aura été la plus longue étape de la saison Figaro.

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