Luke Berry remporte les honneurs en Class40
C’est entre les 18 concurrents engagés en Class40 que la compétition fut la plus serrée sur cette 48e édition de la Rolex Fastnet Race. En plein entraînement en vue de la Transat Jacques Vabre de cet automne, comme les Imoca60, ces bateaux de 40 pieds étaient menés en équipage complet (avec 4 équipiers), et participaient à l’épreuve indépendamment de la flotte IRC.
La concurrence fut en effet de mise en tête de flotte entre les trois Mach 40.3 conçus par Sam Manuard : Lamotte-Module Création de de Luke Berry, Eärendil de Catherine Pourre et Leyton d’Arthur Le Vaillant, le bateau Imagine de l’allemand Jörg Reichers au design Owen Clarke et Beijaflore, le Lift 40 dessiné par Marc Lombard et mené par William Mathelin Moreaux.
Lamotte – Module Création a pris le meilleur départ et menait la course en sortie de Solent et de la Manche. En Manche, les leaders (Luke Berry, Arthur Le Vaillant et Jörg Reichers) ont rapidement plongé au sud, rasant le coin ouest du Dispositif de Séparation du Trafic des Casquets, jusqu’à ce qu’ils buttent dans le courant contraire au sud de Start Point la première nuit. Ne pouvant se protéger du courant, ils continuèrent ainsi au sud-ouest, tandis que le reste de la flotte pointait à la latitude des îles Scilly. Colombre XL fut bien inspiré en empannant au nord, suivi par les autres bateaux une heure plus tard.
Naviguant toujours au milieu de la Manche et un peu avant le Cap Lizard, les bateaux furent de nouveau freinés par la marée le lendemain matin, coincés dans la pétole juste avant l’arrivée du nouveau vent de sud-ouest. Eärendil a ainsi pris la tête de flotte devant Colombre XL et Leyton, tandis que Lamotte et Beijaflore étaient situés plus au sud. Luke Berry décrit la frustration vécue à bord : « À un moment, nous sommes restés bloqués pendant environ une heure ! Heureusement nous n’avons pas eu à mouiller l’ancre, mais Beijaflore, qui était loin derrière nous, est revenu par le sud et a réussi à sortir juste devant nous. »
En milieu d’après-midi dimanche, Eärendil menait la flotte des Class40 pour entrer en Mer Celtique, suivi par Beijaflore tandis que Leyton et Lamotte – Module Création se battait pour la troisième place.
C’est lorsqu’ils ont hissé le gennaker sur la traversée en direction du Fastnet Rock que Luke Berry et son équipage ont réussi à prendre l’avantage sur Eärendil. Pendant ce temps, Beijaflore progressait bien plus loin dans l’ouest, profitant de son bon choix de voile, comme l’explique Luke Berry : « Ils ont réussi à remonter sous solent, et même si nous étions plus rapides sous gennaker, nous étions plus bas et avons eu un virement à effectuer. »
Après une traversée de la mer Celtique extrêmement rapide mais assez brutale, naviguant au reaching dans des rafales de plus de 25 nœuds, Beijaflore a contourné le Fastnet Rock à 5h17 lundi matin, suivi de Lamotte – Module Création à 05h51 et de Leyton à 6h30, avec seulement quatre minutes d’avance sur Eärendil.
Peu de temps après avoir contourné le Rock, Lamotte – Module Création fut victime de la casse de son système d’enrouleur de gennaker. « C’est un peu du déjà-vu, car c’est ce qui s’est passé lorsque j’ai démâté sur le Défi Atlantique, donc c’était assez perturbant », a reconnu Luke Berry. « Le bout s’est cassé, le gennaker s’est déroulé mais cette fois le système a lâché. Nous avons perdu une dizaine de milles sur Beijaflore à cause de ça. »
Sans rien lâcher sur le bord vers Bishop Rock, Luke et son équipage ont réussi à combler leur retard pour revenir au contact. « C’est une belle performance car Beijaflore est un bateau plus puissant que le nôtre», explique Luke Berry.
Naviguant une nouvelle fois au VMG vent arrière, ils ont opté pour une trajectoire plus est que Lamotte -Module Création, qui empannait en premier en direction de la ligne d’arrivée devant Plymouth, Beijaflore essayant peut-être de reproduire le schéma d’arrivée des Ultimes en empannant plus tard. Mais contrairement à l’arrivée des Maxi trimarans, Luke Berry et son équipage ont réussi à contenir leur rival en pointant vers l’est et ont franchi la ligne d’arrivée à 23h43min22sec, suivi par Beijaflore moins de trois minutes derrière. « C’était une super course, surtout quand elle se termine ainsi», a déclaré Luke Berry pour sa première victoire majeure en Class40. « C’était sympa, rapide mais très très humide. »
En plus d’avoir un bateau rapide, Luke Berry a également bénéficié d’un super équipage : Corentin Douguet et Fred Denis, deux anciens vainqueurs de la Mini-Transat, et d’Arnaud Berland, spécialiste du match-racing.
Pour sa deuxième participation au Fastnet, y ayant déjà participé en IRC 4, William Mathelin-Moreaux avait embarqué Marc Guillemot à bord de son Beijaflore. Mis à l’eau en mars dernier, ce n’était que la 4e épreuve du bateau : « C’était super de pouvoir tester le bateau dans ces conditions de vent fort, et une super bagarre avec mes concurrents », a-t-il déclaré.
Elles étaient trois femmes parmi les 18 participants – Catherine Pourre, habituée de la Class40 qui termine à la 2e place, Morgane Ursault Poupon, fille du légendaire français Philippe Poupon, et la navigatrice britannique Paralympique Hannah Stodel.
A bord du plus vieux bateau de la flotte et après seulement une saison en Class40, Morgane Ursault Poupon termine à la 12ème place. Les conditions difficiles rencontrées n’étaient pas idéales pour elle. La coque relativement étroite de son ancien plan Rogers en fait l’un des bateaux le moins puissant de la flotte et Poupon reconnaît : « Nous pensions que la météo serait plus clémente et n’avions pas embarqué le code 5. C’est la voile qui nous a fait défaut. Au lieu de cela, nous avons embarqué trois spinnakers… » La course a néanmoins été riche en expérience et fut une étape importante en vue de sa participation à la future course autour du monde organisée par Sirius Events en 2021.