« On l’a retrouvé…
Bon il y a un peu de boulot mais avec un peu d’organisation, le Vendée Globe 2020 est à notre portée… » annonçait cette semaine Kito de Pavant à son équipe avec beaucoup d’humour.

C’est lors d’une croisière en famille à Madagascar que Mathieu Bellon, un navigateur hyérois, a découvert le 60 pieds IMOCA Bastide Otio dont on avait perdu la trace en décembre 2016, suite à une grave avarie dans le sud de l’océan Indien.

« Sa découverte remonte à Novembre 2018, il se situait sur la côte Est de Madagascar, » racontait Mathieu Bellon dans un email adressé à Kito la semaine dernière. « Nous étions dans cette zone de navigation à l’occasion d’une croisière sur le catamaran de mon frère et de ma belle-sœur qui ont fait la traversée depuis l’île de la Réunion. Ça nous a intrigués et je me suis rappelé votre mésaventure (le terme est peut-être un peu faible) au cours du Vendée Globe, dans le sud de l’océan Indien. »

C’était le 6 décembre 2016, un mois pile après le départ du Vendée Globe. Par 44° Sud au Nord des îles Crozet, Bastide Otio et son skipper Kito de Pavant naviguaient en 10e position, lorsqu’un OFNI* leur barre la route. Le choc violent stoppe le bateau, provoque une grave avarie de quille et une importante voie d’eau. Les dommages sont irréversibles, l’eau monte et le bateau n’est plus manœuvrable. La Direction de Course du Vendée Globe organise les secours. Par chance, le Marion Dufresne, navire en charge du ravitaillement des Terres Australes et Antarctiques Françaises, est en route pour l’archipel de Crozet à 110 milles nautiques au Nord de Bastide Otio. 16h plus tard, l’opération de sauvetage est lancée.

Sain et sauf à bord du Marion Dufresne, Kito a suivi la trace de son bateau et étudié toutes les solutions pour tenter de le récupérer. Mais le 13 décembre, les balises de Bastide Otio ont définitivement cessé d’émettre, indiquant très certainement le chavirage du 60’.

« A ce stade, je n’avais plus aucun espoir de le retrouver… Depuis, on me demande tous les jours si je sais où il est. Maintenant j’ai la réponse !
C’est le dernier endroit où j’aurais cherché. Avec les vents portants, je m’attendais à le retrouver en Nouvelle-Zélande ou au Chili, certainement pas à Madagascar. Mais le bateau a chaviré et finalement ce sont les effets des courants qui l’ont emporté sur les effets des vents. Il a fait un voyage assez incroyable autour de l’océan Indien, en remontant la côte ouest de l’Australie, pour se retrouver dans les Alizés de sud-est et faire la route vers l’Afrique.

 

Ça fait un choc, car il ne reste pas grand-chose de Bastide Otio. Le bateau a été abimé par l’océan Indien mais surtout complètement désossé pour récupérer tout ce qui pouvait l’être. Seul le palier avant de la quille n’a pas été démonté. Sans cette pièce, qui est unique et a été dessinée spécialement pour ce bateau, il aurait été difficile de faire le lien avec Bastide Otio. Et j’étais l’une des rares personnes à pouvoir l’identifier. »

Sans compter Mathieu Bellon, conscient que sa découverte pouvait avoir un intérêt. Il a donc pris quelques photos pour conserver une trace. Une fois rentré en Métropole, il s’est lancé dans une vraie petite enquête. Et ce n’est que la semaine dernière, après avoir trouvé plusieurs indices permettant d’identifier le bateau, qu’il a décidé d’entrer en contact avec Kito :

« Le bateau a subi quelques découpes comme vous pourrez le constater sur les photos. Il faut dire qu’à Madagascar rien ne se perd… Et les tempêtes tropicales ont peut-être déjà emporté les éléments découverts. Mais j’ai profité d’avoir un peu de temps cet été pour faire quelques recherches. En visionnant la vidéo de votre avarie, on retrouve des vues de cette pièce métallique qui maintient l’axe de la quille. J’ai trouvé pas mal de similitudes, comme la couleur orange à certains endroits de la carène. J’en ai d’ailleurs récupéré un petit morceau. J’espère que ces éléments vous permettront d’établir une identification, c’est pourquoi je trouvais intéressant de pouvoir vous livrer tous ces indices. Le fait qu’il soit arrivé à cet endroit peut s’expliquer par la présence d’un courant qui remonte du sud de l’océan Indien jusqu’au long des côtes Malgaches,» écrivait encore Mathieu Bellon à Kito, avant d’avoir sa confirmation qu’il s’agissait bien de Bastide Otio.

 

« On connait donc la fin du voyage du bateau. Je préfère savoir qu’il a servi de matière première pour des tas d’objets utiles à Madagascar, plutôt que l’imaginer continuer à être un danger flottant pour les marins du prochain Vendée Globe ou du Trophée Jules Verne. Ça me permet de tourner la page,» conclut Kito.

Il ne sera pas au départ du Vendée Globe 2020, mais le marin occitan continue à sillonner la Méditerranée et à traverser des océans. Rendez-vous le 27 octobre au Havre pour le départ de la Transat Jacques Vabre, la célèbre Route du Café en double, pour laquelle il sera accompagné du jeune et talentueux figariste Achille Nebout, à bord de son Class40 Made in Midi.

*OFNI : Objet Flottant Non Identifié. Il le sera plus tard, grâce au système vidéo MediaMan Assistant de Bepeho qui filme 24h/24h à bord. Il faudra attendre le mois de mars 2017 pour que les images du choc de Bastide Otio avec un OFNI soient retrouvées et analysées sur le disque dur sauvé des eaux. On y voit un cachalot sortir dans le sillage du bateau, juste après le choc. Retrouvez la vidéo ci-dessous.

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