Ce vendredi 12 juillet, à 16h08 (heure de Paris), les treize duos de la 7e édition des Sables – Horta se sont élancés à l’Anglaise pour la deuxième étape de la course, propulsés par un flux de sud soufflant entre 8 et 10 nœuds. Auteurs du meilleur départ, au vent, Vincent Leblay et Brieuc Maisonneuve (Cré’actuel), ont toutefois rapidement cédé les commandes de la flotte à William Mathelin – Moreaux et Marc Guillemot (Beijaflore). Au passage de la pointe d’Espalamaca, ces derniers étaient toujours en tête, alors talonnés par Charles-Louis Mourruau et Estelle Greck (Colombre XL) puis Aymeric Chappellier – Rodrigue Cabaz (AINA Enfance et Avenir), mais le jeu ne faisait que commencer. Et pour cause, si la météo ne promet pas d’ouvrir de grandes options sur les 1 270 milles du parcours entre Faial et la Vendée, elle s’annonce toutefois plus complexe qu’il n’y paraît. En premier lieu parce qu’il va falloir réussir à s’extirper des îles Açoriennes dans les petits airs, ensuite parce qu’il va falloir gérer le passage d’un front et enfin parce qu’il va falloir réussir à imprimer une cadence élevée jusqu’à l’arrivée. Finesse des trajectoires, jeu de placements et vitesse seront assurément les trois principaux ingrédients de la réussite lors de ce match retour qui sera décisif pour le classement général, les écarts étant particulièrement serrés à l’issue du premier round, en témoignent les 45 petites minutes qui séparent le trio de tête.

« Les compteurs sont quasiment à zéro. Tout reste à faire », a commenté Jonas Gerckens peu avant de quitter le ponton de la marina d’Horta. Et pour cause, s’il occupe actuellement la première place au classement, le skipper de Volvo ne compte qu’un bonus de 12 minutes et des poussières sur le duo d’AINA Enfance et Avenir. « On sait que la concurrence est relevée et remontée. On a eu une belle opportunité qu’on a saisi à la première manche, avec des conditions météo favorables pour revenir par derrière. On espère évidemment l’emporter une nouvelle fois aux Sables, mais on est réaliste par rapport au potentiel du bateau. On sait que la deuxième partie de course va se jouer au reaching et qu’elle va donc être favorable aux machines puissantes, c’est-à-dire aux montures de dernière génération », a expliqué le navigateur Belge qui visait une place dans le Top 5 sur l’épreuve au départ, mais qui compte désormais bien conserver sa place sur le podium. « Le gros point clé de cette deuxième étape sera assurément la zone de transition que nous allons devoir gérer dans un jour et demi pour passer un front plus ou moins orageux, avec très peu de vent. Celui qui sortira en premier aura un avantage car ensuite, ce sera une grosse ligne droite et un grand sprint pour arriver jusqu’aux Sables », a détaillé Jonas. Un scénario qui n’est, évidemment, pas pour déplaire à la paire Aymeric Chappellier – Rodrigue Cabaz, bien décidée à prendre sa revanche après la première manche qui lui a échappée dans les 50 derniers milles, après que la molle redistribue largement les cartes dans l’archipel portugais. « On part clairement avec le couteau entre les dents. Il va y avoir du « fight » lors de ce match retour. Un match où tout va se jouer dans les détails. Il faudra trouver la bonne « speed », mais aussi faire la trace juste. C’est un programme qui me plaît bien », a relaté le skipper d’AINA Enfance et Avenir dont l’objectif reste la victoire et rien d’autre sur cette Les Sables – Horta, même s’il a bien conscience que ça se bouscule au portillon.

Une histoire de trajectoire

Car si le duo de Volvo compte bien lui donner du fil à retordre, les binômes de Beijaflore (William Mathelin – Moreaux et Marc Guillemot) et d’Eärendil (Catherine Pourre – Pietro Luciani) ont, eux aussi, affiché clairement leurs ambitions. « Comme il n’y a pas beaucoup d’écarts après la première étape, tout est possible », assure le skipper du bateau blanc et bleu, actuellement troisième au classement à 45 minutes du leader. « Il ne va pas falloir se planter sur les placements et aller vite aux bons moments, sachant que le vent va être un peu capricieux. Le bateau est prêt et nous aussi. On va tout donner pour faire aussi bien, voire mieux que sur la première manche. La sortie des îles va être assez importante car elle est toujours compliquée, on l’a bien vu à l’aller. Il faudra réussir à se dégager des zones de molle et toucher au plus vite du vent frais. Ce sera le premier job. Ensuite, il faudra filer au nord le plus vite possible pour aller à l’encontre du front et à ce moment, décider du moment où mettre le cap vers Les Sables », a noté William qui devrait amorcer le virage vers l’Est, dans la journée de demain. Dans ce contexte, il va sans dire que les prochaines 24-36 heures vont être primordiales.

Ils ont dit:

Martin Louchart, skipper de Des voiles et Martin :

« A présent, on est qualifié pour la Transat Jacques Vabre. On aborde donc cette deuxième étape un peu différemment. On va pouvoir tirer davantage sur le bateau, surtout que les voiles sont réparées. Il ne va pas y avoir de grandes options à jouer et la flotte risque de rester relativement groupée jusqu’à l’arrivée. Ça va donc être du réglage et il va vraiment falloir réussir à aller vite pour être dans le bon paquet, même s’il est possible que ça tamponne sur la fin et que l’on assiste à un deuxième départ. »

Catherine Pourre, skipper d’Eärendil :

« Sur la première partie, ça risque de revenir par l’arrière et il va y avoir deux endroits un peu chauds. Il n’y aura donc pas d’urgence à se presser. Sur la deuxième partie, en revanche, ça devrait partir par devant. A ce moment-là, mieux vaudra être dans le bon paquet pour mettre de la distance par rapport aux autres. Ça ne va pas être des grosses conditions et dans ces cas-là, tout le monde est bon. Je pense vraiment que cette deuxième étape va se jouer en deux temps. Je ne sais pas si des écarts importants vont pouvoir se créer. De notre côté, si on peut faire une première place on le fera, mais les autres ne vont assurément pas laisser leur part au chien. »

Mathieu Claveau, skipper de Prendre la mer, agir pour la forêt :

« La météo de cette deuxième manche nous convient bien, même si on devrait quand même avoir du vent portant à 20-25 nœuds et peut-être plus dans les grains. Le départ va être assez tranquille, avec pas beaucoup de vent et donc idéal pour se mettre en route puis quitter doucement Horta après cette longue escale agréable. Ensuite, dans le front, on aura sans doute des orages. Je pense que les écarts vont peut-être se faire là car la zone de vent intéressante s’annonce relativement étroite. Est-ce qu’il ne faudra pas se décaler un peu devant le front, quitte à perdre un peu au début ? On ne sait pas trop encore. Après, ce sera route directe vers Les Sables, normalement toujours au portant, même si, vers la fin, il y aura peut-être quelques subtilités. Avec nos bateaux Vintage, s’il y a quelques aléas météo, c’est pas mal. Ça laisse le choix de faire des petites options par-ci, par-là. Avec Rémi, on part sereinement. On a bien dormi et le bateau est en super état. »

Pascal Fravalo, skipper de SOS Méditerranée :

« La météo s’annonce sympa pour cette deuxième étape, avec quand même un peu de jeu tactique qui va être rigolo je pense. Guillaume et moi, on a encore pas mal de choses à caler au niveau vie à bord car notre objectif, c’est la Transat Jacques Vabre. Sportivement, on aimerait bien se refaire un peu la cerise après notre option au sud de Pico à l’aller, qui n’a pas marché, et ainsi recoller sur une place de 6 ou 7e. Ce serait la cerise sur le gâteau. Tout va se jouer sur les deux ou trois premiers jours et ensuite ce sera davantage une course de vitesse. Au final, on part sans trop de pression. »

Nicolas Boidevezi, co-skipper de Grizzly barber shop – Cabinet Z :

« Les fichiers de ce matin sont un peu plus clairs que ceux d’hier, même s’il y a encore des incertitudes, surtout sur la deuxième partie du parcours. A priori, on va partir vers le nord pour aller chercher une dépression. Hier, on ne l’accrochait pas, aujourd’hui oui, ce qui pourrait nous permettre de garder un flux de nord-ouest jusqu’à l’arrivée. Cela va être propice à des décalages nord-sud. Il va y avoir des choses à faire. Déjà, dans un premier temps, ça risque de partir en « coup de fusil. On va aussi avoir des orages à gérer dans la journée de demain qui seront susceptibles de créer des petits décalages. Ce sera davantage de la vitesse sur les jours 2 à 4, mais aussi des placements pour les dernières 48 heures. Globalement, ça se présente plutôt bien avec du vent ni trop fort, ni trop faible. Ça devrait être intéressant et on va essayer d’être dessus encore plus qu’à aller. Ce qui est bien, c’est que maintenant on connait un peu plus le bateau donc on aura peut-être un peu moins de doute dans nos choix. »

François Lassort, skipper de Bijouteries Lassort – Restaurant Tonton Louis :

« Il ne va pas y avoir de grosses options, mais il va y avoir des petits trous par endroits. Il va d’abord y avoir un front à négocier, puis des orages juste derrière et je n’aime toujours pas ça. Pas plus qu’à aller en tous les cas ! (Rires) On verra si les gens montent beaucoup dans le nord ou pas. Nous, comme on n’a pas un bateau rapide, on va essayer de faire le plus court possible, comme d’habitude. On a fait des routages. Ça tourne autour de six jours donc c’est assez rapide. Il y a deux ans, on avait mis 14 jours au total pour faire l’aller et retour. Là, on pourrait bien en mettre seulement 12, soit deux jours de moins, ce qui n’est pas mal. Thomas est en forme et moi aussi, ça va aller ! »

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