Le Monaco Solar & Energy Boat Challenge a refermé ses portes ce samedi 6 juillet par une remise des prix, récompensant tant les vainqueurs des épreuves nautiques que les meilleures présentations des Tech Talks. Le constat qui s’impose est que l’événement a permis de mettre en exergue et en pratique de nombreuses solutions pour un yachting durable : le résultat d’années de Recherche & Développement.
Organisée en collaboration avec l’Union Internationale Motonautique et la Fondation Prince Albert II de Monaco, cette 6e édition d’une compétition unique au monde, qui a réuni 34 équipes (14 nationalités), est aussi une promesse pour l’avenir d’où chacun sort vainqueur : chercheurs, universitaires, futurs ingénieurs, inventeurs, professionnels de la plaisance et de l’énergie. Tous ont eu à cœur de proposer, et de tester, des alternatives crédibles aux énergies fossiles pour modeler la propulsion des bateaux de demain.

Véritable incubateur de ce travail de l’ombre mis pour l’occasion en lumière, le Monaco Solar & Energy Boat Challenge 2019 s’est fait l’écho à la volonté de S.A.S le Prince Albert II de Monaco, Président du Yacht Club de Monaco, venus à la rencontre des exposants et encourager les concurrents : « La formation et l’éducation de la jeunesse, son épanouissement, sa créativité, son degré de conscience et d’implication sont les garants d’un avenir meilleur. (…) Donnons-leur la chance, donnons-leur tous les outils pour réussir et surtout faisons-leur confiance ».

Les prototypes mis à rude épreuve

Que ce soit dans les classes Solar, Offshore ou Energy, la compétition fut intense dans les différentes épreuves proposées.

En solaire, série historique, la plus représentée avec 19 inscrits, les Hollandais continuent à tenir la dragée haute avec la victoire de New Nexus (Open Class) et de Sunflare (A Class). A noter que pour la première fois depuis la création de l’événement en 2014, ces unités solaires sont parvenues à courir 3 heures, parcourant près de 20 milles nautiques en mer et démontrant que cette technologie ne cesse de progresser.

En Offshore, bataille au sommet entre les étudiants de TU Delft Solar Boat Team et les professionnels du yachting de Vita Yachts. Les Ecossais remportent la course d’endurance de 16 milles nautiques, tandis que les futurs ingénieurs hollandais s’emparent de la Long Race de 32 milles nautiques, en misant sur l’autonomie et non la vitesse.

Lancée seulement l’an dernier, la Energy class connait un fort engouement avec 7 inscrits, qui avaient pour défi de concevoir un système de propulsion le plus performant et le plus endurant, installé sur une coque de catamaran fournie par le Y.C.M. La victoire revient aux Français de Wave ESTACA Team, qui ont dominé l’ensemble des épreuves nautiques (course d’endurance, slalom et la course de match race).

Un rendez-vous au service de l’innovation

L’événement, qui aura rassemblé plus de 400 concurrents, exposants et intervenants, et plus d’un millier de visiteurs sur quatre jours, a démontré l’importance de l’échange, des rencontres, et du fourmillement d’idées nécessaires à l’innovation. Comme l’explique Bernard d’Alessandri, secrétaire général du Yacht Club de Monaco : « Le Monaco Solar & Energy Boat Challenge contribue à la réflexion sur l’avenir du yachting. La Principauté, dans le cadre de notre projet, Monaco, capitale du Yachting, permet à travers cet événement de croiser les expériences des industriels, des ingénieurs, des chantiers, des étudiants et des armateurs pour répondre aux enjeux énergétiques et environnementaux du secteur nautique ».
Avec des résultats concrets : si l’hydrogène semble devenir une alternative performante de choix, le solaire n’est pas oublié, et des solutions combinées font aussi leurs preuves, à l’instar des développements proposés par SBM Offshore, dont le bureau principal est basé à Monaco et compte environ 900 salariés. Un projet porté par toute l’entreprise, dont la propulsion thermoélectrique utilisant l’hydrogène comme source d’énergie est une des nouveautés de cette édition promise à un bel avenir : la chaleur générée par la pile à combustible est exploitée pour alimenter de manière optimale la batterie et tendre vers une efficacité aujourd’hui record de 60%. Ce prototype s’est vu récompense du prix de l’innovation par le Credit Suisse.

Avec une dizaine d’équipes déjà pré-inscrites dans la catégorie Energy pour l’édition 2020, dont celle du Visun Royal Yacht Club en Chine, nul doute que leur prototype devra faire face à une concurrence accrue et toujours plus pointue.

Des promesses d’embauche

Les organisateurs étaient également ravis de l’implication de l’industrie du yachting, à l’image du chantier allemand Nobiskrug venu participer pour la première fois. Cette implication ne sera d’ailleurs pas sans lendemain : le chantier a déjà promis d’être de retour l’an prochain et son équipe a pu aussi rencontrer de futurs collaborateurs. Il en est de même pour Torqeedo, qui a fourni pour l’événement une flotte d’annexes électriques, et Energy Observer, qui ont identifié des profils d’ingénieurs. Au total, ils seraient une vingtaine de jeunes en voie de recrutement, à l’occasion de cet événement. Un autre résultat concret de l’initiative lancée par le Yacht Club de Monaco sous l’appellation Job Dating, et qui se poursuivra tout au long de l’année.

Des progrès partagés

Le Challenge a aussi consacré les échanges scientifiques à travers ses Tech Talks, des explications données par chaque équipe sur ses innovations, son approche, ses difficultés et les solutions apportées: une véritable source d’inspiration pour les uns et les autres, en mode Open Source, pour que chacun puisse bénéficier de l’expérience de tous, et continuer d’améliorer son prototype ; pour peut-être bientôt rejoindre aussi les exposants et leurs innovations, à la manière de la start-up Finx et sa membrane électrique biomimétique visant à remplacer les hélices de bateau suivant le principe du battement de nageoire des poissons.

En parallèle, parmi les conférences qui ont marqué les esprits, s’il ne fallait en retenir qu’une ce serait probablement celle du Professeur Paolo Schinto de l’Université Polytechnique de Milan, dont l’équipe travaille sur la réutilisation et le recyclage des batteries Lithium-Ion : selon lui, dans à peine plus de 5 ans, les améliorations conjointes du coût de production et de l’autonomie des batteries rendront tous les véhicules à moteur électrique plus économiques que ceux proposant une combustion traditionnelle — que la source d’énergie convertie en l’électricité soit renouvelable ou non. Une analyse qui aura certainement ravi le constructeur automobile Toyota, qui avait fourni des voitures Mirai à hydrogène.

Le Yacht Club de Monaco donne l’impulsion

Face à ces enjeux environnementaux, le Yacht Club de Monaco a profité de l’occasion pour annoncer le lancement de la construction de son futur bateau Comité Zéro Emission destiné à accompagner les régates et événements nautiques organisés par le Club. Un catamaran 100% écologique dessiné par l’architecte naval Espen Oeino, et dont l’ingénierie est conçue par Dario Calzavara (Terra Modena) — qui a participé à la conception du prototype en compétition de Lanéva. Sans émission de carbone mais aussi sans pollution acoustique, ce navire a été pensé pour permettre l’observation silencieuse des baleines au large de la Principauté.
Quand les paroles se joignent aux actes, l’avenir s’écrit bien dès aujourd’hui.

Source

Articles connexes