Les premières 24 heures de la quatrième et dernière étape de La Solitaire URGO Le Figaro entre la baie de Morlaix et Dieppe ont été plutôt rapides avec deux bords de portant vers Portsall puis Wolf Rock, avant le début d’une longue remontée au louvoyage le long des côtes anglaises dans une brise d’est. C’est à partir de dimanche soir que la situation météo devrait considérablement se compliquer, rendant le jeu particulièrement indécis.

Les fichiers météo, qui ont tendance depuis le début de La Solitaire URGO Le Figaro à être peu lisibles sur la durée en raison d’une situation globalement très instable, ont pour ce début de quatrième étape entre Roscoff et Dieppe plutôt eu raison : les 47 solitaires partis samedi à 16h15 de la Baie de Morlaix ont eu le droit, comme prévu, à une descente vers Portsall puis une traversée de la Manche jusqu’à Wolf Rock assez rapides, avant de se lancer dans ce qui s’annonce comme le copieux plat de résistance de la quatrième étape, le long bord de 150 milles entre Wolf Rock et la marque d’Owers, à l’est de l’île de Wight.

Un bord démarré dimanche matin dans la grisaille et au louvoyage, face à un flux d’est de plus ou moins 15 nœuds, avec en fer de lance l’un des grands animateurs de l’étape précédente, qui avait d’ailleurs reçu le prix de la combativité Suzuki, le Normand Alexis Loison (Région Normandie), entouré de quelques cadors en quête de rédemption après trois quarts de Solitaire peu conformes à leurs attentes et à leur statut, à savoir Jérémie Beyou (Charal), Morgan Lagravière (Voile d’engagement), Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et Yann Eliès (St Michel), soit le quintet de tête dimanche en fin d’après-midi, et quel quintet !

L’ambiance course de petits chevaux de bois que prisent les Figaristes pur jus ne devrait cependant pas durer bien longtemps puisque dès le début de la nuit de dimanche à lundi, la remontée sur la flotte d’une dépression peu active vers le sud-ouest de l’île de Wight va complètement perturber le jeu, cette dernière étant par la suite poussée par un anticyclone remontant sur le Cotentin. Résultat ? Une situation météo pas organisée du tout qui va générer, dans la nuit puis toute la journée de lundi, beaucoup de zones de molles, dont il sera bien difficile, voire impossible d’échapper.

Autant dire que les nerfs des 47 skippers, qui évoluent ce dimanche soir au large de la baie de Plymouth, vont être mis à très rude épreuve. « Tôt ou tard, tantôt ceux qui seront au nord le long des côtes anglaises, tantôt ceux qui évolueront plus au sud sur la route directe, tomberont dans ces zones de molles, c’est-à-dire de 1 à 4 nœuds. La journée lundi sera sans doute le juge de paix de cette quatrième étape, fatale à ceux qui n’auront pas accroché le bon wagon », estime Pascal Scaviner (de Météo Consult), le prévisionniste météo de La Solitaire URGO Le Figaro. La tension donc sera sans doute à son maximum sur les Figaro Bénéteau 3, les cerveaux vont fumer, chauffés par une température qui va monter en même temps que l’anticyclone. Et quand bien même la flotte sera sortie de cette zone de tous les dangers, il restera à se coltiner une traversée de la Manche vers Barfleur et ses courants ainsi qu’un ultime tronçon entre les îles Saint-Marcouf et Dieppe qui recèle aussi son lot de pièges…

Ils ont dit :

Corentin Douguet (NF Habitat) :

« J’ai connu des anniversaires plus ensoleillés, parce que le taux d’humidité à bord est à son apogée, j’en ai aussi connu où j’avais été meilleur, je n’ai pas été très inspiré sur la trajectoire, mais il reste du chemin et il va se passer encore beaucoup de choses, notamment dans les heures qui viennent. Ça fait un moment que je suis là, ma première course sur le circuit Figaro, c’était il y a 20 ans, le Tour de Bretagne en 1999, et ma première Solitaire date de 2006, les années passent et il me reste trois jours pour essayer enfin de gagner la Solitaire. »

Alain Gautier (Merci pour ces 30 ans !) :

« On a eu un départ un peu chaotique, puis un beau bord de portant jusqu’à Portsall, ensuite encore du portant jusqu’à Wolf Rock, j’ai bien joué à la fin en tirant des bords avec Adrien (Hardy). Par contre, la manœuvre à Wolf Rock s’est très mal passée, j’ai eu un petit souci de pilote et ça s’est enchaîné, je n’ai pas eu les bons réflexes et le spi a chaluté, ça m’a pris du temps pour le récupérer au prix de beaucoup d’abnégation, mais au final, il est intact. Mais j’ai perdu tout le gain, voire beaucoup plus, que j’avais fait sur ma petite option. Là, on est au près dans la boucaille, ce n’est pas très agréable, mais ça va changer. Dans les pétoles, on ne sait jamais ce qui peut se passer. Ce qui est clair, c’est qu’on n’est pas rendu, il y aura des pièges, jusqu’à quand ? On verra. »

Gildas Morvan (Niji) :

« Même s’il ne fait pas très beau, ça fait du bien d’être de retour sur l’eau et de se bagarrer avec les concurrents. Depuis le début, ça reste serré, on est un gros groupe assez proche en quelques milles, on voit des bateaux partout, devant et derrière, c’est plutôt sympa. Cette nuit, la traversée a été assez rapide, je suis monté jusqu’à 18 nœuds sous spi, ça bombardait tout en étant assez safe, c’était agréable et là, depuis Wolf Rock, on longe les côtes anglaises dans 10-15 nœuds de vent avec de la pluie non-stop. Pour l’instant, tout va bien, le moral est au beau fixe. Il n’y a pas eu de passage à niveau, le vent est régulier, on attend des conditions légères pour cette nuit. »

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