Du jeu et de l’enjeu partout !
Le départ de la quatrième et dernière étape de La Solitaire URGO Le Figaro entre Roscoff et Dieppe a été donné ce samedi à 16h15 dans un vent instable d’une petite dizaine de nœuds. Yann Eliès (St Michel) a franchi en tête la bouée Radio France juste devant Roscoff, avant de faire route vers Portsall, prochaine marque de passage d’une étape de 500 milles qui s’annonce aussi indécise que les trois précédentes.
Le ciel bas de dimanche dernier avait laissé place ce samedi à un temps nettement plus ensoleillé pour le deuxième départ d’étape de cette 50e Solitaire URGO Le Figaro donné en Baie de Morlaix, en l’occurrence celui de la quatrième et dernière à destination de Dieppe. Capricieuse, la brise de sud-est a tantôt joué les filles de l’air, tantôt repointé le bout de son nez, conduisant le comité de course à décaler le départ d’un quart d’heure, donné à 16h15.
Tribord amure et génois à l’avant, les 47 solitaires n’ont cette fois pas eu le droit à un rappel général et au jeu du meilleur placement pour rallier la bouée spectacle mouillée au pied de la pointe du Diben, c’est Yann Eliès (St Michel) qui s’en est le mieux tiré, atteignant la marque sur un seul bord, suivi par Morgan Lagravière (Voile d’engagement) et l’Anglais Will Harris (Hive Energy). Le Briochin franchissait une heure plus tard, après un bord sous grand spi entre Trégor et Léon, la bouée Radio France, terme de ce parcours initial en Baie de Morlaix, preuve en tout cas que le triple vainqueur de la Solitaire, 16e au classement général, très loin de ses objectifs, a le couteau entre les dents, déterminé à prouver qu’il vaut mieux que cette place bien modeste eu égard à ses états de service.
« Le feu d’artifice »
Reste que la route vers Dieppe est encore longue et surtout pavée de mauvaises intentions, puisque si, de l’aveu de tous les Figaristes croisés samedi en fin de matinée sur les pontons du port du Bloscon, la situation jusqu’à Wolf Rock, voire un peu plus loin à Start Point, est plutôt bien établie, avec une première traversée de la Manche rapide sous spi, la suite du programme, entre transitions à la chaîne et vent jouant à la toupie, leur promet encore de sacrés nœuds dans le cerveau et quatre jours sans quasiment dormir.
« L’étape va encore être compliquée en termes de météo, parce qu’à part la première traversée de la Manche qui est relativement claire, on s’attend à encore beaucoup de transitions, des phases d’orages, ça va être une étape usante nerveusement, le feu d’artifice de cette Solitaire », résume Benoît Mariette (Génération Senioriales). Dans ces conditions, comme sur les trois étapes précédentes, tous les scénarios semblent possibles sur ce parcours de 500 milles qui promet de multiples rebondissements, on ne s’en plaindra pas !
Ils ont dit :
Loïs Berrehar (Bretagne CMB Performance) :
« Ça va être une longue étape, avec encore beaucoup de passages à niveau et de zones de transition, avec toujours les moyens de se refaire mais aussi de perdre, il faudra être vigilant tout le temps et tout donner jusqu’au bout. C’est la dernière, tout le monde va aller taper dans ses ressources. »
Cassandre Blandin (Klaxoon-C) :
« Il va encore y avoir des rebondissements, avec pas mal de passages météo compliqués, des changements de vent, des zones sans trop d’air, il va falloir être opportuniste. Sur cette Solitaire, je suis là pour apprendre, j’en tire plein de leçons pour la suite et plein d’axes de travail, j’espère que ça va continuer sur la quatrième. »
Alain Gautier (Merci pour ces 30 ans !) :
« La météo n’est pas très simple, il va falloir s’adapter, comprendre l’évolution de la situation, il y aura clairement de quoi faire le long de l’Angleterre. Sur le début d’étape et le passage de Portsall, je pense qu’on ne donnera qu’aux riches, donc il faut essayer d’être le mieux placé possible dès le départ. »
Clarisse Crémer (Everial) :
« C’est encore un peu la même histoire, avec des petits minimums dépressionnaires, qui jouent les trouble-fête dans la Manche. Ce qui est usant avec les conditions très instables annoncées, c’est qu’il n’y a jamais trop de moments pour aller dormir, il n’y a pas de bords où il ne se passe rien et pendant lesquels on peut aller se coucher. Maintenant, on n’a plus besoin de garder de l’énergie pour la suite, on peut tout donner et arriver défoncé. »
Thomas Ruyant (Advens-La Fondation de la mer) :
« Cette étape a l’air d’être comme les autres, avec de l’activité orageuse, beaucoup d’incertitude. Ça va aussi être une course à la chasse aux algues, c’est un des enjeux de ce bateau, j’ai modifié quelques trucs à bord pour essayer de trouver des solutions, parce que ce n’est pas drôle de se mettre à l’eau, et en même temps, la vitesse moyenne peut augmenter fortement dès que tu enlèves les algues. »
Eric Péron (La French Touch) :
« Cette étape sera dans la lignée de la Solitaire, on reste dans la même stratégie, avec une météo fiable sur 24 heures et après, ça se dégrade. Il va falloir faire preuve d’inventivité pour trouver les meilleures routes possibles et rester vigilant sur la fin, parce que ça va se jouer dans des zones où il y a du courant, avec pas vraiment le moyen de se planquer, et dans des vents très faibles. Donc même si dès les premières 24 heures, il y aura moyen de prendre des milles, les écarts vont probablement se faire sur le dernier tiers du parcours, la fin va être terrible. »