À l’issue d’une deuxième étape qui avait été modifiée dès le départ de Kinsale pour aller en Manche, Adrien Hardy s’est imposé magistralement ce mercredi après-midi, grâce à une option après le passage des Needles… alors que Yoann Richomme avait mené le train depuis le phare de Star Point. Ces résultats confirment la suprématie du vainqueur de la première étape et crée des écarts très importants au sein du « top ten » !

En Irlande, le changement de parcours n’avait pas provoqué de réactions contraires : au lieu de monter vers l’île de Man pour 630 milles, il fallait s’engouffrer dans la Manche jusqu’à l’île de Wight puis revenir vers la pointe bretonne avant d’en finir en baie de Morlaix, soit 535 milles au compteur. Et finalement, personne ne regrettera cette escapade en mer d’Irlande !

Car les conditions météorologiques ont été très variées depuis Kinsale : une traversée de la mer Celtique un peu poussive avec une sorte de « Pot au Noir » avant d’atteindre les îles Scilly, un coup de vent le long des côtes anglaises, une bouée au large de l’île de Wight en plein courant de marée, une descente rapide sous spinnaker vers la pointe bretonne pour finir par un débridé modéré jusqu’à l’arrivée en baie de Morlaix.

Meneur de train

C’est entre le phare de Bishop Rock et celui de Star Point qu’un premier tri s’est effectué : Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme) prenait ainsi les commandes, suivi par un petit groupe constitué de Morgan Lagravière (Voile d’engagement), de Gildas Mahé (Breizh Cola-Equi’Thé), d’Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) et d’Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur). Il fallait alors sortir du piège des petits airs pour longer les côtes anglaises où une dépression violente (qui avait incité la Direction de Course à modifier le parcours) allait envoyer des rafales à plus de 35 nœuds de secteur Nord. Heureusement, c’était un vent de terre mais il y avait tout de même de la mer et dans cette forte brise, plusieurs concurrents étaient mis en difficulté au point que Cécile Laguette (Eclisse), Martin Le Pape (Skipper Macif 2017) et Thomas Ruyant (Advens-Fondation de la mer) étaient contraints de jeter l’éponge.

Et une fois le plus fort du vent passé, il ne restait toujours plus que cinq prétendants qui avaient près de dix milles d’avance sur le peloton au passage de la bouée Needles Fairway. Une longue traversée de la Manche (180 milles) était au programme avec un choix cornélien : comment éviter le DST des Casquets au large des îles anglo-normandes ? Une fois une bulle de calmes imprévus traversée, les leaders avaient la possibilité de rester sur une route assez directe vers Portsall, ou de se recadrer avec un double empannage pour passer par le Sud cet obstacle. Et c’est cette option qui portait ses fruits pour Adrien Hardy, suivi par Gildas Mahé et Jérémie Béyou (Charal) et plus loin par l’Italien Alberto Bona (Sebago) puis par l’Irlandaise Joan Mulloy (Believe in Grace-Bussinesspost.ie).

La marée de Portsall

Et ce n’est qu’à une dizaine de milles de la bouée Grande Basse de Portsall que les affaires se décantaient : les « Sudistes » revenaient très fort avec de la pression alors que les « Nordistes » hésitaient sur la trajectoire à suivre contre le courant de marée… Un flux qui augmentait sensiblement les écarts entre la pointe bretonne et l’arrivée puisque Adrien Hardy bénéficiait de la marée montante dès le passage de la bouée quand ses poursuivants butaient encore sur ce tapis roulant contraire avant d’enrouler la marque.

Il ne restait plus au leader qu’à contrôler le seul solitaire encore à portée d’étrave, Yoann Richomme ! Et dans une brise maniable de secteur Nord, avec le courant favorable jusqu’à 15h00, la configuration était stabilisée : Sans nature, pas de futur franchissait la ligne d’arrivée mouillée devant Roscoff à 16h 05’ 13’’, suivi à 6’19’’ par HelloWork-Groupe Télégramme. Yoann Richomme déjà vainqueur de la première étape avait donc enfoncé le clou au classement cumulé puisque ses poursuivants les plus dangereux comptabilisaient bien des dizaines de minutes de retard ! Quant au vainqueur de cette deuxième étape de La Solitaire URGO Le Figaro, Adrien Hardy, il va faire un bond colossal au classement général puisqu’il concédait trois heures et demi en Irlande à l’issue de la première étape…

Arrivées à Roscoff

  1. Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur) mercredi 12 juin à 16h 05’ 13’’
  2. Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme) mercredi 12 juin à 16h 11’ 32’’, à 6’19’’ dU premier
  3. Xavier Macaire (Groupe SNEF) mercredi 12 juin à 16h53’ 32’’, à 48’ 19’’ du premier
  4. Gildas Mahé (Breizh Cola – Equithé) mercredi 12 juin à 17h 24’ 53’’, à 1h 19’ 40’’ du premier
  5. Jérémie Beyou (Charal) mercredi 12 juin à 17h26’ 07’’, à 1h 20’ 54’’

Ils ont dit

Adrien Hardy (Sans nature, pas de futur)

« J’ai un peu l’impression de débarquer… C’est dur, dur pour tout le monde ! En partant de Kinsale, je parlais avec Yann Éliès comme quoi cette étape n’avait pas l’air trop dure et qu’il n’y aurait pas trop d’écarts. Mais en fait, c’était compliqué : j’ai été toujours dans les cinq premiers à toutes les marques et puis les deux dernières nuits, j’ai réussi à grappiller des places. Dans l’ensemble, je ne vais pas trop mal… Assez vite et en général au bon endroit. Ça me permet d’oublier un peu la déception de la première étape, parce que je l’avais un peu en travers ! Là, c’est un grand bonheur : c’est très rare de gagner, même si c’est ma cinquième victoire d’étape.
Maintenant, on ne voit plus trop les bateaux qui sont un peu éloignés à l’AIS et c’est plutôt bien : on navigue plus pour nous que par rapport aux autres. J’ai attendu le dernier bulletin météo d’hier pour opter vers le Sud et passer sous le DST des Casquets. Et ça a marché. Le souvenir marquant de cette deuxième étape ? Le passage sous les côtes anglaises avec beaucoup de vent sous gennaker avec 25-30 nœuds : je n’avais qu’un objectif, faire du cap à l’Est. Et puis un bon moment aussi au passage des Scilly : si la nature commence à gagner… »

Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Télégramme)

« J’ai bien cru que j’allais gagner mais je n’avais pas compris qu’ils y en avaient qui faisaient le tour de la paroisse ! Je ne l’ai découvert que ce matin… Je ne suis pas déçu parce que je fais une bonne opération vis-à-vis de mes poursuivants directs au classement général. Armel (Le Cléac’h) va au moins prendre une heure. Je ne pouvais pas rêver d’une telle avance ! D’être dans le coup pour ces deux premières étapes, c’est génial.
Je suis un peu étonné, un peu ému parce que cela ne fait pas longtemps que je suis sur ce bateau. Mais cela fait huit ans que je fais La Solitaire du Figaro et j’ai eu l’occasion de faire d’autre type de voile. Et là, je me suis éclaté, surtout dans la piaule où le Figaro Bénéteau 3 est bien né, même si ça prend l’eau… Il est toujours véloce, agréable à mener. Et ça a envoyé quand on était sous spi pour la descente vers la Bretagne. Même dans les départs au tas, c’est facile à naviguer. Et on peut encore aller plus vite ! »

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