Décidément, les éditions de la Normandy Channel Race se suivent mais aucune ne se ressemblent. Après avoir franchi deux passages à niveau que sont le contournement de l’île normande de Saint-Marcouf et l’île anglaise de Wight, qui, comme il est coutume auraient déjà scindées la flotte en deux, voir trois paquets, les équipages 2019 se tiennent dans un mouchoir de poche d’à peine 3 milles nautiques (1,8 milles entre le leader et le 10ème) à la sortie du Solent, du jamais vu sur la Normandy Channel Race.

Depuis le départ donné hier après-midi à 15h30 en baie de Seine, les duos se sont relayés pour mener la flotte, tel un passage de relai bien huilé. C’est d’abord Eärendil, profitant de sa bonne entrée en matière sur le parcours « spectacle » face à Ouistreham, qui a pris les rennes pour atteindre le sud de l’île de Saint-Marcouf en tête. Puis, c’est au tour de l’équipage de Beijaflore de mener la flotte tout au long d’une Transmanche nocturne, au près, dans des petits airs ne dépassant pas les 5-10 nœuds. À l’approche de la pointe Saint Catherine au sud de l’île de Wight, la flotte toujours bien compacte, a dû composer jusqu’à la mi-journée avec un courant contraire et un vent faiblissant. Les navigateurs ont dû prendre leur mal en patience et user de leur meilleur sens marin pour trouver où se positionner sur le plan d’eau et notamment aller chercher les faibles profondeurs proches de la côte afin de subir au minimum la loi du Solent. À ce petit jeu, c’est Aymeric Chappellier et Pierre Brasseur, respectivement skipper et co-skipper d’Aïna Enfance et Avenir, profitant de leur expérience sur l’épreuve (ils totalisent à eux deux 7 participations) qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu pour s’imposer leader et s’engouffrer en tête dans le Spithead (première partie Est du Solent). Naviguant à vue, on peut facilement imaginer que le célèbre Solent s’est transformé en une partie d’échec acharnée grandeur nature. Entre bancs de sable, cargo, renverse de courant et tactique de course dans une flotte resserrée, les équipages ont enchainé virement de bord et empannage toute la journée. Le dépassement de Cowes, port situé au nord de l’île de Wight, a sonné comme une délivrance pour les skippers qui ont vu enfin le courant leur être favorable pour ainsi gagner 4 à 5 nœuds au compteur.

Néanmoins, la nuit qui attend nos duos, ne s’annonce pas de tout repos. Dans une flotte d’une densité toujours aussi inhabituelle, deux équipages, Eärendil et Aïna Enfance et Avenir, se détachent en tête pour guider les 13 duos vers la presqu’île de Portland, nouveau passage à niveau délicat à négocier dans la nuit et qui peut s‘avérer piégeux, avant d’entrevoir la pointe sud-ouest anglaise et son mythique phare de Wolf Rock que la flotte devrait atteindre demain matin aux premières lueurs du jour.

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