Si cette journée de mardi a marqué la mi-parcours pour la majorité des concurrents de la Bermudes 1000 Race Douarnenez – Brest, ce que l’on en retiendra surtout c’est l’incroyablement retournement de situation qu’elle a provoqué, à l’approche de la marque virtuelle située au nord des Açores. Sébastien Simon (ARKEA PAPREC), qui menait la flotte avec un bonus de 40 milles sur son poursuivant le plus proche au lever du jour, s’est vu nettement ralentir et même carrément empétoler aux abords du waypoint, concédant ainsi la moitié de son avance. Pire, Sam Davies (Initiatives Cœur) et Boris Herrmann (Malizia), qui occupaient les 2e et 3e places depuis le départ, ont vu Yannick Bestaven (Maître Coq) les doubler, mais aussi Maxime Sorel (V and B – Sailing Together) et Giancarlo Pedote (Prysmian) revenir à moins de cinq milles de leurs tableaux arrière.

On s’attendait à des coups d’élastique à l’approche de ce fameux waypoint des Açores et on a été servi ! En premier lieu, le leader de la flotte, Sébastien Simon a vu son avance gonfler puis dégonfler à deux reprises de 20 à 50 milles, avant de se réduire de nouveau aux abords de la marque virtuelle, à la mi-journée aujourd’hui. Et pour cause, empêtré dans une zone de vent faible, il a peiné à faire avancer son bateau à plus de 3 nœuds quand, dans le même temps, ses concurrents ont continué de progresser entre 8 et 10 nœuds de moyenne. Résultat des courses, le skipper d’ARKEA PAPREC, qui a franchi le point de passage obligatoire à 14h45, n’a devancé « que » de deux heures son poursuivant direct. Et s’il s’on s’attendait à ce que ce soit Sam Davies ou Boris Herrmann, c’est finalement Yannick Bestaven qui lui a emboité le pas le premier. Ce dernier a, en effet, pris l’avantage après avoir choisi d’emprunter le périf’ extérieur, ce qui lui a permis de profiter, cet après-midi, d’un angle plus favorable que ses adversaires. Des adversaires qui, pour leur part, avaient misé sur un vent adonnant qui a, malheureusement pour eux, un peu tardé à arriver. A la clé, un joli chamboulement au pointage et un resserrement massif des troupes. Pour preuve, Maître CoQ, Initiatives Cœur, Malizia, V and B – Sailing Together et Prysmian sont passés en rafale au waypoint, dans un intervalle d’une heure. De quoi relancer complètement la donne à l’entame du bord de 870 milles qu’il reste désormais à parcourir pour rallier Brest. Un long bord qui devrait se jouer en bâbord quasiment jusqu’à la fin, au reaching dans un premier temps puis au près ensuite, dans un flux de secteur nord-ouest soufflant entre 13 et 18 nœuds.

Des pépins techniques mais de la motivation

Si la bagarre fait rage aux avant-postes, elle n’est pas moins soutenue un peu plus en arrière de la flotte, même si quelques petits pépins font leur apparition. On notera notamment les problèmes de lashings de têtière de grand-voile rencontrés à la fois par Denis Van Weynbergh (Eyesea) et par Damien Seguin (Groupe APICIL). Le premier est parvenu à mettre en place un système lui permettant de hisser sa voile jusqu’au deuxième ris tandis que le second envisage, pour l’heure, plusieurs solutions parmi lesquelles celle de faire escale au Portugal (rappelons que le règlement de la course autorise un pit-stop pour une durée de 24 heures au maximum). De son côté, Fabrice Amedeo (Newrest – Art & Fenêtres) a été confronté à la perte de son J3 et à l’étai associé, ce qui ne lui permet désormais plus de mettre sous tension ni son Code 0 ni son gennaker, et va donc l’obliger à naviguer sous-toilé pour sa deuxième moitié de course. « Quand mon amure de J3 a lâché, la voile est venue taper contre le mât et je n’ai pas réussi à la récupérer. Le problème est qu’il s’agit d’une pièce structurelle et qu’il m’est donc désormais impossible de solliciter le mât avec une voile d’avant plus grande. Je suis déçu car, malgré le peu de préparation depuis la mise à l’eau, je me sentais bien dans mon sujet et en harmonie avec mon bateau. Mais ces déboires ne font que renforcer ma détermination. Dans l’immédiat l’objectif est de finir cette course de la manière la plus honorable qui soit », a commenté le skipper-journaliste. Même objectif pour Pip Hare (Superbigou) qui, pour sa part, est parvenue à réparer provisoirement son vit-de-mulet.

Pointage de 17 heures :

1. Sébastien Simon (ARKEA PAPREC) à 858,5 milles de l’arrivée ; 2. Yannick Bestaven (Maître Coq IV) à 21,3 milles du leader ; 3. Sam Davies (Initiatives Cœur) à 26,2 m ; 4. Boris Herrmann (Malizia II – Yacht Club de Monaco) à 29,5 m ; 5. Maxime Sorel (V and B – Sailing Together) à 30,2 m ; 6. Giancarlo Pedote (Prysmian) à 31,5 m ; 7. Fabrice Amedeo (Newrest – Art et Fenêtres) à 69,2 m ; 8. Clément Giraud (Envol by Fortil) à 71,3 m ; 9. Damien Seguin (Groupe APICIL) à 72,2 m ; 10. Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) à 77,8 m ; 11. Arnaud Boissières (La Mie Câline – Artipôle) à 83,7 m ; 12. Manuel Cousin (Groupe Setin) à 113,1 m ; 13. Miranda Merron (Campagne de France) à 152,5 m, 14. Alexia Barrier (4myplanet) à 169,3 m ; 15. Ari Huusela (Ariel II) à 209,4 m ; 16. Pip Hare (Superbigou) à 217,2 m ; 17. Denis Van Weynbergh (Eyesea) à 241,6 m.

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