Cette grande étape de la Solo Maître Coq s’annonçait passionnante et riche en rebondissements. Elle a tenu toutes ses promesses, avec une succession de leaders différents, des conditions variées, du jeu à tous les étages, mais aussi un coefficient 4 qui a, comme on s’y attendait, largement bousculé le classement général. Pour preuve : Yann Eliès (St Michel), le leader après les deux petites courses disputées lundi et mardi, qui n’a pas fait mieux que 21e sur cette étape off-shore de 340 milles, a rétrogradé à la 11e place au général. A l’inverse, Martin Le Pape (Skipper Macif 2017), qui pointait en 30e position après les côtiers, a fait un bond (7e) au classement après son éclatante victoire cet après-midi. Une « remontada » pas suffisante toutefois pour pouvoir prétendre remporter cette 16e édition. Une édition qui aura indiscutablement primé la régularité et à ce petit jeu, c’est Xavier Macaire (Groupe SNEF) qui s’est distingué. Le Sablais s’impose ainsi à domicile devant Tanguy Le Turquais (Quéquiner), Morgan Lagravière (Avec vous sur la Solitaire ?) et Benjamin Schwartz (Action contre la faim) qui décroche la première place du classement Bizuth.

La plupart du temps, en Figaro, il faut attendre les dernières longueurs pour connaître le nom du vainqueur. La grande étape de la Solo Maître Coq qui s’est achevée ce samedi après avoir mené les 47 concurrents en lice de l’île de Ré, à Belle-Ile en passant par le plateau de Rochebonne et la bouée Houlographe, dans l’ouest d’Oléron, n’a pas échappé à la règle. « A la fin, j’espérais réussir à assurer une place dans le Top 5 ou 10 et je me disais que ça ne serait pas facile, surtout lorsque je me suis rendu compte qu’autour de moi, il n’y avait pas un mec qui n’avait pas gagné une étape de la Solitaire. Je me suis battu malgré tout et j’ai même commencé à croire à la victoire dans les trois derniers milles, mais ce n’est qu’au dernier virement de bord que j’ai compris qu’il ne pouvait plus rien m’arriver et que cette étape elle était pour moi ! », a commenté Martin Le Pape (Skipper Macif 2017), forcément ravi de décrocher ainsi sa toute première victoire sur le circuit des Figaro Bénéteau. « Une première victoire c’est top pour plein de choses. Top pour le moral, top pour les gens qui bossent avec moi, top pour les préparateurs qui font un gros boulot. C’est évidemment, top pour moi aussi. Je suis content d’avoir validé tout le travail que j’ai fait cet hiver mais aussi de voir que je vais vite, que je maîtrise le bateau et que le gros boulot que j’ai réalisé avec ma préparatrice mentale paie. Sur cette grande course, il y a eu des erreurs à ne pas commettre. La première à Belle-Ile, en a tué plus d’un. De mon côté, je n’ai jamais tenté de gros coups. Je suis resté placé en gardant en tête que ça allait payer à un moment », a ajouté le Finistérien qui s’est ainsi imposé au nez et à la barbe des marins les plus expérimentés, parmi lesquels Armel Le Cléac’h (Banque Populaire) qui a, pour sa part, largement animé cette étape off-shore avec Tanguy Le Turquais (Quéquiner).

Des sensations trouvées ou retrouvées.

« Globalement sur cette manche, j’ai pris beaucoup de plaisir, mis à part sur les trois dernières heures où le scénario m’a un peu échappé. J’ai fait toute la course aux avant-postes et je pensais vraiment avoir fait le trou cette nuit, malheureusement j’ai manqué d’un peu de réussite à la fin », a commenté le vainqueur du Vendée Globe, toutefois satisfait des premières sensations en solitaire sur le nouveau Figaro 3. « J’étais venu sur cette Solo Maître Coq pour voir où j’en étais par rapport aux autres. Je suis plutôt content parce que je suis dans le match. Il reste un mois avant le coup d’envoi de la Solitaire Urgo – Le Figaro et je vais continuer à travailler mais ce que j’ai vu pendant cette semaine est positif. C’était super de retrouver des repères après six ans d’absence sur le circuit », a ajouté Armel, qui a notamment fait forte impression lors des premiers milles et enroulé l’île de Ré avec une confortable avance. « J’ai eu des bons passages. Ré bien sûr, mais aussi la nuit dernière. Sous spi, pour aller chercher la bouée Houlographe, je me suis bien dépatouillé. Je suis content de la stratégie que j’ai mis en place et de ma course d’une manière générale », a terminé le Léonard qui s’octroie la 5e place au général. Un général remporté par Xavier Macaire, qui, avec sa 4e place aujourd’hui, remporte la mise. « Gagner cette Solo Maître Coq, c’est tout simplement génial. Globalement, je me suis fait plaisir même si c’était dur, en particulier sur cette grande étape. Le Figaro 3 est un bateau très physique et à bord, c’est toujours le bazar. A un moment, j’ai même eu l’impression que je me faisais plus mal au dos à ranger tous les bouts les uns après les autres que lors de manœuvres, pourtant, ça n’a pas arrêté ! Je n’ai jamais vraiment été en tête de l’étape mais arrivé à Belle-Île, vu la position de mes concurrents, j’ai compris qu’il y avait quelque chose à jouer au classement général. Je me suis alors vraiment concentré pour grapiller des places. Je me suis donné du mal mais au final, ça me fait monter sur la première marche du podium au général et ça c’est top ! Je n’osais même pas y penser mais voilà, c’est fait ! Ça me met en confiance avant la Solitaire Ugo – Le Figaro. Ça me fait dire que je suis capable de gagner mais ça me met aussi un peu de pression ! (Rires) », a relaté le sociétaire des Sables d’Olonne Vendée Course au Large, le club organisateur de l’évènement, évidemment ravi de l’emporter à domicile devant l’épatant Tanguy Le Turquais (Quéguiner) et le talentueux Morgan Lagravière qui ont, eux aussi, marqué des points et engrangé un maximum de confiance pour la suite de la saison. Idem pour Benjamin Schwartz (Action contre la faim) qui frappe un grand coup en terminant 4e au général et premier Bizuth.

Ils ont dit :

Morgan Lagravière (Avec vous sur la Solitaire ?) :

« Le résultat mathématiques est bien. Sur la manière, il y a eu du bien et du moins bien. Du bien surtout sur la fin. C’est une course qui a été riche en rebondissements. Pas mal de changement de leaders, plein de configurations de bords, de vitesses, de stratégies différentes. Il s’est passé plein de choses. Ce devait être sympa à suivre. A vivre aussi mais c’était vraiment épuisant. Je manque beaucoup de sommeil et ça explique les erreurs que j’ai faites et celles où je n’ai pas su capter les bons moments pour capitaliser sur le repos. Mais bon je vais essayer de le rattraper maintenant. Je savais que le bateau allait me correspondre. Ça peut paraitre prétentieux mais j’ai pas mal d’affinités avec la dimension manœuvre, vitesse et le sensitif… plus qu’avec l’ancien. Ce sont des éléments qui me permettent de prendre du plaisir et qui pour le coup se retranscrivent sportivement. J’espère que c’est de bon augure pour un futur partenaire à suivre sur la Solitaire. »

Tanguy Le Turquais (Quéguiner) :

« Je fais 2e au général, je n’en reviens pas ! Je n’aurais jamais imaginé que ce serait possible. J’ai été un des grands animateurs de la grande course et c’est génial parce qu’en début de saison, j’avais dit que c’était l’un de mes objectifs. Pas forcément d’être devant tout le temps, mais en tous les cas taquiner les gars de tête. Là, avec Armel (Le Cléac’h), on s’est passé la balle de leader tout le temps. C’est Martin qui l’emporte au final et moi je finis 3e. C’est top, surtout vu le départ que j’ai pris. J’avoue que je ne m’attendais pas du tout à me retrouver aux avant-postes mais j’ai été inspiré la première nuit. Ma place n’est pas volée. Il y a eu de la mistoufle et je me suis retrouvé pas en très bonne position, mais j’ai repris la première place, ce qui montre bien que j’ai été assez à l’aise. J’ai fait un joli coup à Belle Ile. Tac-tac. Il fallait y croire. Je me souviens d’avoir noté dans mon road-book que c’était ça que je voulais faire. Après le fait qu’Armel soit avec moi, ça m’a évidemment un peu rassuré et conforté dans mon idée. C’est un coup qui est passé vraiment au dernier moment. L’autre bon coup, que j’ai fait, c’est du côté de Ré en choisissant de ne pas rentrer dans le Pertuis. Je suis resté à l’extérieur et c’est là que j’ai regagné énormément de places. Je suis content de ma stratégie. Content de tout ! »

Benjamin Schwartz (Action contre la faim) :

« Je suis super content. Pour une première course en Figaro, c’est plutôt dingue de finir 4e. On m’aurait demandé de signer avant l’épreuve pour cette place, je l’aurais fait tout de suite ! Sur cette grande étape, il y a eu de quoi s’amuser et apprendre du début à la fin. Dans les derniers milles, on a encore eu une grosse rotation du vent qu’on n’a pas vu venir. C’était sympa. Les choses ont pourtant mal débuté pour moi. A la bouée de dégagement, la photo n’était pas jolie. En fait, sur le dernier virement, mon secteur de barre s’est retourné et un de mes safrans s’est retrouvé en travers. Après, lors de la descente sous spi vers l’île de Ré, j’ai réussi à reprendre quelques places. Je me suis retrouvé dans le paquet et c’est devenu plus sympa. Je pense que j’ai trouvé un bon deal avec le pilote ce qui m’a permis de me reposer à plusieurs moments, au près comme au portant et je suis plutôt satisfait de ce côté là parce que c’était un objectif. Maintenant, il faut se dire qu’il y en aura quatre comme ça pendant la Solitaire. Ça rassure mais il faut continuer à s’entraîner ! »

Loïck Peyron (Action Enfance) :

« J’ai eu des phases très bonnes et d’autre nulles, des absences… bref, à peu près tout ce qu’il faut pour se dire que ce n’est pas un métier facile. Pas si rouillé moi ? En fait si. Il y a eu beaucoup d’opportunités, des coups de bol… Quand les autres s’énervent, ils sont bons et moi pas. Je manque de motivation parfois. Sur la fin, j’ai perdu quelques places. J’ai voulu dormir, ce que je n’ai pas fait, et je me suis nourri trop tard. J’ai commis des petites erreurs de jeunesse et à mon âge, c’est sympa de faire des erreurs de jeunesse ! Il s’est passé vraiment plein de choses pendant cette manche. On a essayé toute la garde-robe du bateau. Rassurez-moi, les jeunes aussi ont mal au dos ? C’était génial, mais j’avoue qu’un fois que c’est fini, ça fait du bien ! »

Classement général provisoire de la Solo Maître CoQ (avant jury):

  1. Xavier Macaire (Groupe SNEF)
  2. Tanguy Le Turquais (Quéguiner)
  3. Morgan Lagravière (Avec vous sur la Solitaire?)
  4. Benjamin Schwartz* (Action contre la faim)
  5. Armel Le Cléac’h (Banque Populaire)
  6. Adrien Hardy (57)
  7. Martin Le Pape (Skipper Macif 2017)
  8. Yoann Richomme (Le Hub by OC Sport)
  9. Justine Mettraux (Teamwork)
  10. Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019)

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