Après une journée de repos bien méritée hier, les 47 concurrents de la 16e édition de la Solo Maître CoQ se sont élancés, comme prévu, à 14 heures ce jeudi, pour la grande course de l’épreuve. Une boucle de 340 milles au départ et à l’arrivée des Sables d’Olonne via l’île de Ré et le phare des Birvideaux qui s’annonce, à l’image des deux premières petites courses disputées lundi et mardi, riche en rebondissements, avec notamment une phase de transition délicate à négocier sur la route de Belle-Ile dans la journée de vendredi. De quoi donner bien du fil à retordre aux marins qui se réjouissent toutefois du programme pour se tester grandeur nature sur un format similaire à celui d’une étape de Solitaire Urgo – Le Figaro, continuer d’apprendre et de découvrir le bateau, confirmer ce qu’ils ont montré en début de semaine ou, à l’inverse, profiter de ce changement de braquet pour refaire le plein de confiance avant la suite de la saison.

Ce jeudi, à 14 heures précises, les 47 marins de la Solo Maître CoQ ont pris le départ de la grande étape. C’est ainsi pile poil dans le timing prévu, propulsés par un flux de nord-ouest soufflant entre 16 et 18 nœuds, qu’ils ont entamé les 340 milles du parcours. Un tracé pour le moins technique qui risque bien de réserver quelques surprises mais qui va, à coup sûr, ouvrir le jeu en grand. « Lors de cette étape, on va avoir pas mal de transitions à gérer. Pour ma part, c’est quelque-chose qui me va bien. Je n’aime pas les courses où il ne se passe rien et où la différence se fait uniquement sur la vitesse. J’aime quand il y a du jeu, des options et un peu de mistoufle », a commenté Yann Eliès, l’actuel leader au classement provisoire qui devrait, en la matière, être plutôt bien servi sur cette étape off-shore, en particulier dans la journée de demain. Une journée qui, pour l’heure, suscite quelques incertitudes, la faute à un petit minimum dépressionnaire dont la position n’est pas encore très claire. « Je pense que c’est là que va se jouer la course. J’ai vraiment l’impression qu’il va falloir avoir tous ses neurones pour bien digérer cette phase de transition. Le truc, c’est que comme personne ne connait le bateau, on va tous être tenté d’être au taquet et de ne pas dormir sauf que celui qui ne va pas assez se reposer n’aura pas les yeux en face des trous pour prendre les bonnes décisions », a indiqué le skipper de St Michel qui fait, forte impression depuis le début de la saison, mais qui reste les pieds bien sur terre. « Je suis pas mal en veine en ce moment et je vais essayer de continuer comme ça. Cependant, le principal danger, que j’essaie d’éviter, c’est l’excès de confiance. Il faut parvenir à faire comme si la Sardinha Cup et les deux premières courses de cette Solo Maître CoQ n’avaient pas existé et continuer à apprendre et à avancer », a ajouté le Costarmoricain, bien conscient qu’une sortie de piste est vite arrivée.

Des chausse-trappes plein la route

« Je n’oublie pas qu’il y a deux ans, pendant cette même course, je me suis échoué à l’île de Ré », a souligné Yann Eliès qui sait aussi que ce fameux passage de Ré sera également un moment important de la course, avec en engorgement sous le pont et, par ricochet, des trajectoires à affiner, mais aussi des choix de voiles importants à effectuer. « Les choses ne vont pas forcément se jouer là mais je pense que pour bien attaquer la remontée vers Belle-Ile, ce sera important d’avoir la bonne configuration et le bon schéma dans la tête », a commenté de son côté Alexis Loison (Région Normandie) qui compte, pour sa part, bien conserver sa place sur le podium à l’issue de cette grande étape dotée d’un coefficient 4. « Plus de la moitié des points restent à aller chercher sur cette manche. C’est donc clairement elle qui va définir le classement final », a relaté Loïs Berrehar (Bretagne – Crédit Mutuel Performance) qui, pour l’heure, pointe en 8e position de cette Solo Maître CoQ et qui ne perd pas non plus de vue que sur un exercice plus hauturier tel que celui-là, les marins les plus expérimentés, et en particulier les Vendée Globistes, vont assurément tirer leur épingle du jeu. « On peut facilement imaginer que des gens comme Michel Desjoyeaux, Jérémie Beyou ou Armel Le Cléac’h, que l’on n’a pas forcément vu sur les petites courses, reviennent au score », a assuré Pierre Quiroga (Skipper Macif 2019). Les premiers milles lui ont déjà donné raison puisque c’est le skipper de Banque Populaire qui a été le plus prompt à s’élancer cet après-midi, et c’est lui encore qui occupait les commandes de la flotte au relevé de 16h30, après avoir toutefois concédé les honneurs de la bouée de dégagement à Julien Pulvé (Team Formation Vendée). Reste qu’on l’a dit, les pièges s’annoncent nombreux sur le parcours. Un parcours que les premiers devraient boucler samedi aux alentours de 18-19 heures selon les dernières estimations.

Ils ont dit :

Benjamin Schwartz (Action contre la faim) :

« Je suis plus que satisfait des premiers jours de course. Je ne pouvais pas espérer mieux puisqu’à l’aube de cette grande course, je suis 2e au général. Ça va bien sûr être largement chamboulé puis cette grande étape est dotée d’un coefficient 4. On n’a donc même pas fait la moitié de la course en termes de points attribués. Néanmoins, j’ai hâte d’être sur l’eau et de tester de nouvel exercice qui va être complètement différent des premiers puisqu’on part pour 48 heures avec des grands bords, la gestion du sommeil, du pilote, tout ça… J’ai hâte de voir ce que ça donne. »

Clément Commagnac (Grain de Sable) :

« Je suis plutôt satisfait de mon début de course. Je ne savais pas du tout à quoi m’attendre parce que c’était la première fois que je naviguais contre d’autres bateaux cette saison. C’est plutôt un bon début. Cette étape off-shore va être ma première grande course en solitaire et on va voir comment ça se passe. Je vais essayer de naviguer simplement et prendre du plaisir. C’est sûr que faire un résultat serait un petit plus. La météo s’annonce encore une fois assez changeante, un peu à l’image des deux premiers jours de course, mais sur une plus grande échelle. La vitesse va être importante. Moi, je suis toujours en train d’essayer de la trouver. Je regarde un peu les autres mais s’ils sont un peu trop loin, je ne pourrais plus regarder ! (Rires) »

Fabien Delahaye (Loubsol) :

« Ça va être la première fois que je vais passer une nuit en mer sur le bateau. C’est sûr que sur ces nouveaux Figaro 3, on part un peu dans l’inconnue du large, mais ça va être intéressant. Cette grande étape va être un bon exercice avant d’aborder la Solitaire à la fin du mois. L’objectif c’est vraiment de travailler, prendre des repères. On reste dans l’état d’esprit de se jauger, de se confronter à 47 bateaux. Ça fait un bel exercice de préparation surtout qu’il va y avoir pas mal de transitions et pas mal de manœuvres. Comme on part pour deux jours en mer, il va forcément se passer plein de choses. Globalement ce ne sera pas une étape très ventée si ce n’est le début qui devrait être assez tonique. Ça va être beaucoup de contact puis ensuite une grande descente au portant pour tourner autour de l’île de Ré. Après on va ressortir au près puis jouer les bascules dans un vent qui va progressivement mollir à mesure que l’on va remonter vers le phare des Birvideaux. Là, on va passer d’un vent de nord nord-est à un vent d’ouest. Il va y avoir des oppositions et donc des choix à faire. Il faudra réussir à se reposer pour composer correctement. »

Thomas Ruyant (Advens- Fondation de la Mer) :

« Ça va être mes premières nuits en mer sur le bateau. On part vraiment sur un format de course similaire à celui d’une étape de la Solitaire et avec le même plateau. C’est un petit warm-up en prévision du gros évènement de l’année pour nous en Figaro donc c’est bien. Je suis content d’aller sur l’eau. On va avoir des conditions variées et pas mal de stratégies à mettre en place avec une météo qui n’est pas encore tout à fait claire. C’est bien, il va y avoir du match, du jeu, avec du vent, pas de vent… un peu tout. Ça, c’est super. Les deux premières courses ont été très bien pour démarrer avec du temps de demoiselle et un peu de thermique. Là, on va avoir un plus de vent et un début de course assez sportif jusqu’au moment du contournement de l’île de Ré. Je pense que les gros bras du circuit vont être devant sur le début de course mais je pense que ça risque de redistribuer à mi-chemin. Ça va être sympa à suivre je pense ! »

Corentin Douguet (NF Habitat) :

« C’est surtout cette grande étape qui nous intéresse sur cette Solo Maître CoQ pour se tester et tester le bateau avant la Solitaire. Sur les petits parcours, je n’ai pas été bon, même s’il y a eu des choses intéressantes en vitesse. Je vais devoir trouver les solutions sur cette grande étape pour bien naviguer et surtout reprendre un peu de confiance parce que là, les premières manches n’étaient pas belles. Je vais devoir me remettre dans le sens de la marche et essayer d’oublier mentalement ce qui s’est passé sur ce début de course. J’ai à peu près compris ce que j’avais fait de bien et de pas bien. Je vais faire en sorte de profiter de ce dernier grand test avant la Solitaire pour faire le plein de confiance même si la vérité du mois de juin ne sera sûrement pas celle- là puisqu’on attend tous nos nouveaux jeux de voiles, etc… ça va sans doute générer des petits plus en perf qu’on n’a pas pour l’instant. En attendant, il faut faire une belle course, bien naviguer et se faire plaisir. L’avantage, dans ma position, c’est que je n’ai rien à protéger au général. »

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