Armel Le Cléac’h : « On rebat les cartes avec le Figaro 3 »
Retour aux sources pour Armel Le Cléac’h qui retrouve le circuit Figaro, six ans après sa dernière participation à la Solitaire. Depuis deux mois, il multiplie les navigations sur son Figaro 3 aux couleurs de Banque Populaire. Ce jeudi, en fin d’après-midi, Armel quittera le port de Port-la-Forêt pour rallier les Sables d’Olonne où il participera à son premier grand test en solitaire : la Solo Maître CoQ (26 avril-5 mai). Suivront la Solo Concarneau puis la prestigieuse Solitaire URGO Le Figaro pour une 50e édition réunissant un plateau d’exception. Un joli défi pour le skipper qui en 2019 va aussi suivre la construction du Maxi Banque Populaire XI et accompagner Clarisse Crémer dès cet été en IMOCA. Entretien.
Comment se passe la prise en main du Figaro 3 ?
Je navigue à bord depuis fin février à Port-la-Forêt. J’ai participé aux stages d’entraînement au Pôle Finistère et déjà passé pas mal de temps sur l’eau pour trouver mes marques, tester les voiles et l’électronique, rôder les manœuvres… Les sensations sont bonnes. Je n’ai pas participé à la Sardinha Cup car je me concentre sur la navigation en solo, l’objectif numéro 1 de la saison étant la Solitaire du Figaro. Mais j’ai continué à beaucoup m’entraîner. Comme tous nos concurrents, nous avons fait face à des problèmes techniques au niveau du gréement. Ces défauts de jeunesse sont en train d’être gommés.
Quelles sont tes premières impressions sur ce nouveau support ?
C’est un bateau vivant, y compris dans le petit temps grâce au grand spi asymétrique. A partir de 15 nœuds de vent, les sensations sont vraiment sympas avec les foils et on atteint assez facilement des allures rapides. En Figaro 2, nous avions tous nos repères à bord. Avec le Figaro 3 il faut réapprendre, tâtonner pour trouver les petits détails qui font la différence, d’autant qu’il y a beaucoup de réglages. Personne n’a encore trouvé les clés pour faire avancer le bateau rapidement à toutes les allures. C’est tout l’enjeu d’ici à la Solitaire.
Le Figaro 3 est-il plus exigeant que son prédécesseur ?
Oui, il est clairement plus physique, plus engagé. Le bateau mouille beaucoup, les étapes ventées de la Solitaire seront usantes. Quand le Figaro 3 va vite et s’appuie sur son foil il y a un vrai gain à rester à la barre. Cela n’incite pas à mettre le bateau sous pilote et à se reposer… Il y a aussi une voile en plus qu’en Figaro 2 et il faut prévoir de changer la toile plus souvent entre le gennaker, le petit spi et le grand spi. Le plan de pont est très bas, ce qui n’est pas simple pour les grands gabarits comme moi. Mais on s’adapte !
Ton engagement sur ce circuit marque un retour à tes premiers amours…
Oui, c’est un vrai plaisir de revenir en Figaro. Sur la Solitaire, malgré la difficulté des étapes, j’ai beaucoup appris sur moi-même, au niveau du sommeil, du mental… J’ai ainsi pu me projeter sur des épreuves comme la Route du Rhum ou le Vendée Globe. L’exercice est passionnant car on alterne la navigation hauturière et des passages le long des côtes dans les cailloux, le courant, avec toujours beaucoup de concurrents. On peut tenter des options, des coups. Nous naviguons à armes égales, seul le marin fait la différence.
Comment appréhendes-tu la Solo Maître CoQ ?
Ce sera le premier test en solitaire pour tout le monde, avec plus de 40 concurrents. Il y aura deux jours de parcours techniques pour se mettre dans le rythme. Puis nous partirons (le 2 mai) pour une grande course proche du format Solitaire du Figaro. A l’issue de ce parcours, nous pourrons faire un premier état des lieux des forces en présence. J’ai hâte de me situer en termes de préparation et de vitesse. Il y aura ensuite la Solo Concarneau. Mon objectif sur ces épreuves de préparation : bien naviguer, monter en puissance, engranger un maximum d’expérience en vue de la Solitaire.
Justement, quelles sont tes ambitions pour ta 11e participation à la Solitaire ?
Le jeu sera très ouvert, on rebat les cartes avec le Figaro 3. Le plateau sera hallucinant avec une cinquantaine de marins, des anciens qui reviennent, des expérimentés, des nouvelles têtes. Chacun arrivera avec ses atouts et ses points faibles. De mon côté, j’ai une certaine expérience des bateaux exigeants, physiques et rapides. J’ose espérer que cela m’aidera. Je vais tout faire pour gagner mais nous sommes nombreux à avoir cette envie. Rien n’est acquis pour personne, même quand on a gagné deux fois la Solitaire et remporté le Vendée Globe. Ce sera comme toujours une course par élimination, celui ou celle qui fera le moins d’erreurs l’emportera. Cette année, il y aura deux arrivées d’étapes à Roscoff, en baie de Morlaix, là où j’ai grandi et appris à naviguer…et j’aurai à cœur de bien figurer « à la maison ».
Programme 2019 – circuit Figaro
- Solo Maitre CoQ – 26 avril au 5 mai
- Solo Concarneau – 10 au 15 mai
- Solitaire URGO Le Figaro – 27 mai au 30 juin