Il y aura au moins huit IMOCA de dernière génération au départ du Vendée Globe 2020 ! La dernière annonce en date est venue de Nicolas Troussel, qui mettra à l’eau dans environ un an « Corum l’Epargne », un plan Kouyoumdjian doté de foils. Double vainqueur de la Solitaire du Figaro et d’une Transat AG2R en double avec Armel Le Cléac’h, le Morlaisien concrétise un rêve de longue date en intégrant le circuit IMOCA et en s’engageant dans le tour du monde en solitaire et sans escale. Entretien.

Enfant, tu tirais des bords avec Armel Le Cléac’h et Jérémie Beyou en baie de Morlaix. Depuis, tes deux compères ont chacun participé à trois reprises au Vendée Globe. Tu rêvais de les rejoindre depuis un bon moment…

« Oui, et il a fallu attendre un peu pour y parvenir ! Avec Armel et Jérémie, nous étions longtemps assez proches en termes de progressions, puis nous sommes allés plus ou moins vite dans notre ascension. Je suis bien content de les rejoindre dans ce cercle des marins qui ont la chance de prendre part au prochain Vendée Globe. Ma volonté de m’engager dans cette épreuve remonte un peu…. Je m’en suis senti vraiment capable après mes victoires dans la Solitaire du Figaro (en 2006 et 2008). J’avais l’intention d’y participer en tant que compétiteur, mais en ayant la possibilité de gagner, pas seulement pour boucler un tour du monde. »

Corum était l’an dernier ton partenaire en Class40. Comment es-tu parvenu à convaincre ce sponsor de s’engager dans le circuit IMOCA, malgré ton abandon sur la Route du Rhum ?

« Les patrons de Corum voulaient vérifier que la voile est un bon vecteur de communication pour accroître sa notoriété. Le projet en Class40 leur a permis de mesurer les retombées médiatiques d’un projet voile.La saison 2018 a été positive avec des opérations de RP réussies et de bons résultats dans les courses de préparation. La Route du Rhum s’est malheureusement terminée plus tôt que prévu, mais ils ont bien pris en compte que la voile est un sport mécanique et que la casse fait partie du jeu. Ils ont aussi compris que pour se faire un nom dans l’univers de la course au large, il faut s’inscrire dans la continuité. Le projet en IMOCA s’est monté très vite, entre la fin de la Route du Rhum et les fêtes. »

Tu disposeras donc d’un IMOCA neuf. Pour le Vendée Globe 2020, quatre architectes sont sur les rangs. Pourquoi avoir choisi Juan Kouyoumdjian ?

« Nous avons étudié toutes les options, y compris l’achat d’un bateau d’occasion performant. Safran et Hugo Boss était encore sur le marché. Mais nous voulions disposer d’un bateau encore compétitif jusqu’au bout du projet, en 2022. Nous nous sommes donc orientés vers la construction d’un IMOCA neuf, ce qui permet par ailleurs de sécuriser ma sélection au Vendée Globe, même si je devrai boucler une transat en solo sur le bateau pour me qualifier. Nous avons étudié les différentes possibilités et finalement décidé de travailler avec Juan Kouyoumdjian. J’avais déjà eu des contacts avec lui, nous nous entendons bien et il est prêt à mettre beaucoup d’énergie pour gagner le Vendée Globe. »

La maîtrise d’œuvre est confiée à Mer Agitée, le bureau d’études de Michel Desjoyeaux. Pourquoi ce choix ?

« Pour profiter de l’expérience de Michel qui a participé deux fois au Vendée Globe… et a gagné deux fois ! Il a aussi accompagné François Gabart pour sa victoire en 2012-2013. Il connaît toutes les problématiques de cette course, aussi bien techniquement qu’humainement. C’est une vraie force de l’avoir dans notre projet, il va notamment beaucoup nous aider dans la fiabilisation du bateau. »

Quelle est ton expérience en IMOCA ?

« J’ai beaucoup navigué aux côtés d’Armel Le Cléac’h sur Brit Air, avec notamment deux participations à la Transat Jacques Vabre en 2007 (7e) et 2009 (abandon). J’ai aussi fait des sorties avec Jérémie Beyou et j’ai pu prendre la mesure de ces bateaux physiquement contraignants. Je sais dans quoi je m’engage, je ne m’en fais pas une montagne même si les foils changent la donne. Il va falloir apprendre à naviguer à très haute vitesse, c’est probablement ce qui sera le plus difficile. »

Ton bateau sera mis à l’eau entre décembre 2019 et janvier 2020, soit moins d’un an avant le départ du Vendée Globe. La notion de timing est importante ?

« Idéalement on aimerait toujours mettre à l’eau le plus tôt possible ! Mais nous aurons l’avantage d’avoir les retours des autres IMOCA neufs sur les problèmes rencontrés. Nous anticiperons au maximum pour subir le moins de soucis techniques possibles après la mise à l’eau. »

Sur quels supports comptes-tu naviguer cette année, en attendant le lancement de ta nouvelle machine ?

« Je suis en train de préparer un programme sportif qui sera annoncé prochainement. Je ne peux pas en dire plus pour le moment, si ce n’est que la Transat Jacques Vabre fait partie des objectifs… »

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