Le français leader de la course, Jean-Luc Van Den Heede, a purgé sa peine de 18 heures samedi (pour utilisation non réglementaire de son téléphone satellite). Il est désormais libre de parcourir les 2 150 milles restants jusqu’à l’arrivée aux Sables d’Olonne. Il prévoit d’arriver le 26 janvier.

Mais sera-t-il toujours le premier ?

Tandis que Jean-Luc effectuait sa pénalité au sud du 20° parallèle Nord, le Néerlandais Mark Slats, classé au 2d rang, traversait les Alizés Sud-Est à plus de 5 nœuds vers le nord. L’écart au but (jusqu’à la ligne d’arrivée) a été réduit à 417 milles nautiques. Pire pour Jean-Luc, les Alizés Nord-Est ont disparu et il devrait faire face à la frustration d’une zone de calme jusqu’à mercredi au moins, tandis que Slats continue de réaliser de solides progrès.

La carte météo ci-dessous montre la zone de calme en bleu, bloquant le chemin de Van Den Heede et de son voilier Matmut, et la bande étroite d’Alizés nord-est venant de la côte africaine, que son rival Slats s’efforce d’atteindre avec son Rustler 36 Ophen Maverick. Cela crée une réelle opportunité et ouvre la porte à une véritable bataille tactique au cours de la semaine à venir, avec les dieux du vent qui joueront un rôle important. Slats navigue actuellement à 5 nœuds et cela devrait se poursuivre jusqu’à ce qu’il atteigne la même latitude 20° N où se trouve actuellement Jean-Luc. À ce moment là, il ne restera plus qu’à alimenter les voiles avec les Alizés Nord-Est jusqu’au golfe de Gascogne, qui pourrait aussi leur réserver quelques surprises avant l’arrivée.

Positions relatives de Jean-Luc Van Den Heede et de Mark Slats à 08h00 UTC aujourd’hui montrant le calme que le leader français a affronté

Jean-Luc nous rapporte aujourd’hui : “Après une journée assez frustrante ! Je n’ai pas eu de vent du tout, du tout. J’ai barré pendant plusieurs heures, jusqu’à minuit hier en écoutant un livre « L’étudiant étranger ». J’ai barré pour gagner même pas 20 milles.
Depuis, j’ai retrouvé un petit peu de vent, ce n’est pas la folle vitesse mais au moins j’avance, au moins je suis sous pilote. Je suis dans une zone très difficile où normalement les alizés sont bien établis en janvier. Je peux vous dire qu’ils ne sont pas établis du tout.
Je fais mon possible pour faire du nord, j’espère que la semaine prochaine les conditions météo auront changé, que j’aurai une bonne vitesse, que je pourrai charger mes batteries ».

Les deux skippers naviguent sur des Rustler 36 de conceptions identiques, mais Matmut supporte un gréement plus petit qui a subi des dommages et que Jean-Luc ne souhaite pas pousser trop fort. Ophen Maverick bénéficie d’une voilure plus large, mais après 25 000 milles, elle commence à montrer des signes d’usure qui pourraient entraîner des fissures. Ces 2 dernières semaines promettent de nous donner une finale avec du suspense.

Jean-Luc Bernot, le gourou de la météorologie française, est un homme qui mise encore sur Jean-Luc. Sur le site de Voiles magazine. il résume la situation de la manière suivante: « Les jours qui viennent ne vont pas être très rigolos car c’est beaucoup de près tribord amures. Jean-Luc va couiner, car il va perdre la moitié de son avance. Ceci dit, il n’y a pas vraiment le feu pour lui. Ces vénérables bateaux n’étant pas très rapides, il faut beaucoup de temps pour reprendre du terrain. Au mieux ils couvrent 140 milles par jour et VDH a tout de même un beau matelas d’avance. ».

« On est dans une situation classique, avec un anticyclone des Açores à sa place et la route qui passe dans l’Ouest de l’archipel. Là, aux Açores, tu espères trouver une dépression pour rentrer à la maison avec du vent de Sud-Ouest. Mais d’ici là, pour VDH, une zone de transition commence dès ce samedi. Et pour lui le vent va être faible et instable de lundi à au moins mercredi. Pendant ce temps, oui, son camarade néerlandais va lui reprendre pas mal de terrain : peut-être 300 ou 400 milles soit en gros la moitié de son avance. Mais ensuite, il n’y a pas de phénomène de passage à niveau (où l’un raterait un phénomène météo bénéfique pour l’autre, ndlr) et Mark Slats ralentira à son tour pendant que VDH repartira. Voilà pourquoi je pense qu’il n’y a pas le feu au lac pour Jean-Luc, même s’il va râler et que ce n’est pas très agréable car ce n’est que du près pour monter aux Açores. »

Van Den Heede n’a pas aidé sa cause en passant au Nord du 20 ° parallèle pendant ses 18 heures de pénalité. Les règles sont très claires: “En traversant au nord des 20° de latitude nord, le concurrent faisant l’objet d’une pénalité de temps doit ensuite repasser au sud de cette latitude (au début du temps de pénalité) et ne pas la franchir à nouveau vers le nord (à moins de 40 milles du point de franchissement initial) jusqu’à ce que la pénalité de temps ait été effectuée. Le participant peut alors ensuite se diriger vers la ligne d’arrivée.”

Il ne devrait pas non plus y avoir de confusion en matière de navigation. En raison des difficultés rencontrées par les moyens de navigation traditionnels pour savoir précisément quand vous traversez une latitude, la Direction de course de la GGR a donné un temps à Jean-Luc: à 00:10 UTC le samedi 5 janvier pour débuter sa pénalité. Tout ce qu’il avait à faire était de rester au sud de sa position à ce moment-là.
Il a assez bien commencé en direction du sud-ouest (130°T) pendant deux heures à une vitesse moyenne de 3,67 nœuds. Mais ensuite, il a fait demi-tour et a navigué au nord-est (317°T) sur une distance de 9,9 milles, ce qui a amené Matmut à franchir la ligne. Le voilier est resté au nord de la ligne pendant 3 heures.

En fin de compte, les vents sont tombés à la fin de la période de pénalité de 18 heures. Jean-Luc s’est retrouvé coincé sous la ligne de pénalité pendant plusieurs heures. Il a donc purgé 18 heures sans interruption.

La Direction de course de la GGR a arrêté que Jean-Luc VDH avait commis une erreur de navigation involontaire et avait réparé sa pénalité à 21h00 UTC le 5 janvier.

Le skipper estonien Uku Randmaa, troisième, et son Rustler 36 One and All ont survécu à la tempête dans l’Atlantique Sud la semaine dernière et se retrouvent maintenant à la dérive dans un trou d’air, ne faisant qu’1 nœud dimanche. Il a donc profité de l’occasion pour plonger par-dessus bord et nettoyer la coque. Les prévisions suggèrent que les vents ne reviendront pas avant tard dans la journée – et ils viendront du nord! Son ascension vers l’équateur ne sera pas plus facile que pour les deux leaders mais au moins les températures se réchauffent de jour en jour.

Étonnamment, Istvan Kopar, qui a franchi le cap Horn le 1er décembre dernier, a effectué l’essentiel de sa progression au cours des 5 derniers jours, mais les vents contraires sont maintenant devenus sa nouvelle réalité et la VMG de Puffin est tombée à 2,8 noeuds aujourd’hui.

Les 5,1 noeuds enregistrés par le finlandais Tapio Lehtinen, et son Asteria, sont également surprenants. Elle est couverte de bernacles, ce qui ralentit sa vitesse. La semaine dernière, le QG de la GGR a levé la restriction de la ZONE INTERDITE au sud du 42 °parallèle sud dans le Pacifique Sud, par mesure de sécurité pour permettre à Lehtinen d’échapper à la pire tempête de l’océan Austral qui se précipitait derrière lui. Depuis, Tapio navigue au devant de forts vents dans un vent de nord-est vers le cap Horn.

Toujours humoriste, Tapio a annoncé le 5 janvier au QG de la course: “PUIS-JE ENTRER AU LIVRE DES RECORDS GUINNESS POUR LA PLUS LENTE NAVIGATION AUTOUR DU MONDE DE TOUS LES TEMPS?”
Cela nous a fait réfléchir: y aura-t-il eu quelqu’un de plus lent que le délais de 312 jours établi par Sir Robin Knox-Johnston il y a 50 ans?
La distance à parcourir entre son Suhaili et Asteria dans cette course virtuelle disputée sur le YB Tracker est réduite à 512 milles. Il y a cinq jours, Asteria avait une avance de 690 milles. Lehtinen pourrait encore battre le record.

Une Course pour sauver le voilier abandonné de Gregor McGuckin, Hanley Energy Endurance.
Les plans vont bon train pour récupérer le voilier Hanley Energy Endurance du skipper irlandais de la GGR Gregor McGuckin. Cody Cordwainer, un capitaine de remorqueur opérant à Brooklyn Navy Yard, doit arriver à Perth, Australie-Occidentale, le 16 janvier, et affréter un bateau de pêche pour les emmener, lui et son équipage récupérer le bateau, maintenant à 1100 milles à l’ouest de Fremantle. Cody publie toutes les nouvelles sur Facebook

Parlons Bateaux! – Un point de vue personnel du président de la course, Don McIntyre

L’océan Austral est dur avec les bateaux de la GGR comme avec tous ceux qui s’aventurent dans le Sud. C’est un endroit d’une extrême beauté, une région sauvage qui capture l’imagination des marins et leur rappelle leur insignifiance. Nulle part ailleurs sur terre ne ressemble à cela. Sa puissance est incontestée. Vous ne pourrez jamais la vaincre, mais juste vous en accommoder et vous plier à cette force avec un profond respect. Vous vous aventurez dans le grand sud, à vos risques et périls, en pleine conscience, sachant que vous pourriez ne pas revenir. L’attrait du grand Océan Austral est imprégné d’histoire et de folklore. Pour beaucoup, l’attraction est de réussir à franchir le cap Horn, un moment mêlé de fierté, d’enthousiasme, de respect et le plus souvent d’un grand soulagement.

Pour réussir, vous devez croire en vous et en vos capacités, faire confiance à votre bateau et vous préparer au pire.

JEAN LUC VAN DEN HEEDE avait parlé de Petits Escargots en décrivant les voiliers à quille longue de 36 pieds de la GGR lorsqu’il a rejoint la course en 2015. Il a navigué cinq fois en solitaire autour du Globe sur des bateaux plus grands mesurant jusqu’à 80 pieds de long, y compris ses voiliers du BOC et du VENDEE GLOBE. Il savait que le défi était difficile, même très difficile, mais a misé sa vie sur son Rustler 36 MATMUT comme voilier hauturier sûr, et à la hauteur des exigences de l’océan Austral, adapté à cette aventure simple mais néanmoins sérieuse.

L’essence de la Golden Globe Race repose sur la solidité des bateaux, des systèmes de navigation basiques et fiables, l’absence d’ordinateurs, des équipements de sécurité de classe mondiale et une minimisation maximale des risques. C’est un défi unique, accessible et abordable pour tout homme ou femme qui a la passion et le désir de le faire.

Le choix des bateaux pour la GGR est défini par des paramètres de conception spécifiques relatifs à l’événement. Les 32-36 pieds sont des voiliers éprouvés pour la navigation hauturière, conçus par des designers de renom. Les quilles, les gouvernails et les coques sont conçus selon les normes modernes. Ces constructions ne risquent pas d’être endommagées par des objets flottants et leurs longues quilles suivent bien sous régulateur d’allure, même par gros temps.

Seuls six des 17 participants au départ de la GGR naviguent encore et cinq démâtages ont eu lieu dans l’océan Austral. Certains peuvent penser que c’est parce que les bateaux sont trop petits, trop lents et ne peuvent pas dépasser les tempêtes de l’océan Austral. L’histoire ne confirme pas cette hypothèse. MORE

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