Après deux jours de navigation dans des conditions difficiles, de mer et de vent, les solitaires se scindent en deux groupes : ceux qui ont choisi d’affronter le mauvais temps pour tenter d’atteindre les Açores ou Madère au plus vite, et ceux qui ont préféré s’abriter dans l’attente d’une fenêtre météo plus favorable. Car au final, on compte très peu d’abandons et modérément de casses irréparables en mer. François Gabart (ULTIME), Thibaut Vauchel-Camus (Multi50), Alex Thomson (IMOCA), Yoann Richomme (Class40), Pierre Antoine (Rhum Multi) et Sidney Gavignet (Rhum Mono) mènent la danse dans leur catégorie.

Il y avait eu 27 abandons sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en 2014, la plupart lors des trois premiers jours de course. Ce mercredi, il n’y a que trois abandons officiels, ceux de Louis Burton (IMOCA-Bureau Vallée : fuite d’eau au niveau du puits de foil), Sébastien Josse (ULTIME-Maxi Edmond de Rothschild : flotteur arraché) et Samantha Davies (IMOCA-Initiatives Cœur : problème structurel de la coque). Même si on se doute qu’Armel Le Cléac’h (ULTIME-Maxi Solo Banque Populaire IX : chavirage au large des Açores) n’est pas en mesure de reprendre la course… Tout comme Isabelle Joschke (IMOCA-Monin : démâtage), Sam Goodchild (Class40-Narcos Mexico : démâtage) ou Willy Bissainte (Class40-C’ La Guadeloupe : échouage au Sept Îles).

En attente d’un nouveau départ

Mais pour le reste, ils sont quarante à s’être réfugiés dans un port de Bretagne ou d’Espagne en attendant que le golfe de Gascogne se calme. Une réaction qui marque le sens marin de ces skippers, face à une succession de perturbations actives sur l’Atlantique. Parmi eux, douze se sont déroutés pour réparer ou faire un break, à l’image de Lalou Roucayrol (Multi50-Arkema) qui est reparti de Porto ce mercredi matin après une pause méritée, de Yann Marilley (Rhum Multi-No Limit-BMP) après un pit-stop à Gijon tout comme Gilles Buekenhout (Multi Rhum-Jess), ou de Romain Rossi (Class40-Fondation Digestscience) reparti de Lorient. Une brève escale technique est aussi programmée pour Romain Pilliard (ULTIME-Remade Use it again), Sébastien Marsset (Class40-Campings Tohapi), Yannick Bestaven (IMOCA-Maître CoQ) ou Fabrice Amedeo (IMOCA-Newrest-Arts & Fenêtres) qui doivent réparer dans un port ibère, mais qui repartiront très vite.

De plus, la Direction de Course a prolongé au 7 décembre la fermeture de la ligne d’arrivée, afin de permettre aux « retardataires » d’être classés, soit cinq jours de plus au compteur pour traverser l’Atlantique : 3 452 milles entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. Ce week-end, il sera ainsi possible de refaire route à partir des ports de Bretagne, et dès jeudi après-midi de repartir de la pointe espagnole ou des ports portugais. Voire après, puisque les conditions météorologiques vont radicalement changer la semaine prochaine avec l’installation d’un anticyclone dimanche, puis d’une dorsale dans le golfe de Gascogne. Une accalmie provisoire puisque l’automne est réputé pour son changement de climat avec une succession de dépressions sur l’Atlantique, avant la descente des hautes pressions polaires apportant frimas et brouillards…

En attendant, le mauvais temps est toujours d’actualité au Nord des Açores, même si cette journée de mercredi marque une (légère) pause côté état de la mer et force du vent. Pour preuve, les vitesses en hausse sensible de quasiment toute la flotte même les plus au Nord du golfe de Gascogne. Cette situation ne devrait toutefois pas durer plus d’une journée, puisqu’une troisième dépression est programmée pour la nuit de jeudi à vendredi. Mais à cette date, presque tous les solitaires en mer auront déjà « dégolfé » !

ULTIME – Duel sous les grains

Dans le Sud-Ouest de Madère, François Gabart et Francis Joyon poursuivent leur pas de deux dans des vents variables, entre les effluves du front et à la limite d’un anticyclone des Açores réduit à portion congrue. Au portant dans un vent de Nord, les conditions sont plus calmes en moyenne, mais la glisse n’est pas de tout repos, comme l’explique Jean Yves Bernot, le routeur de MACIF…

Multi50 – Six sur six

Depuis 72 heures, ils résistent à tout avec sang-froid. Et qui aura raison ? Les quatre partisans de la route la plus courte mais la plus exposée ? Ou les deux échappés du Sud-Est qui ont évité une partie du mauvais temps ? Car les « petits » trimarans de 50 pieds sont les bateaux les plus vulnérables dans les conditions difficiles rencontrées depuis 48 heures. Notamment « le groupe des quatre », positionné au Nord-Ouest qui endurent les vents et les mers les plus forts…

IMOCA – Jour de trêve

Les jours se suivent et ne se ressemblent pas pour les IMOCA. La voie de l’Ouest semblait grande ouverte mardi pour Alex Thomson qui avait fait le break. Mais c’est sans compter sur la mer toujours très dure sur la route orthodromique. Privilégiant l’esquive, le Britannique a tendance à se réaligner sur les leaders du Sud qui connaissent une journée de trêve bienvenue. Même si les alizés ne sont pas encore au programme des prochaines 24 heures…

Class40 – Objectif Açores

Alors qu’une partie de la flotte s’est mise à l’abri pour laisser passer le train de dépressions, la régate continue à battre son plein en Class40, avec un Yoann Richomme solidement installé aux commandes devant Aymeric Chappellier et Phil Sharp. Car les jours et les nuits s’enchaînent sur la Route du Rhum-Destination Guadeloupe avec leur lot quasiment ininterrompu de coups de vent et de mer hachée : la progression des Class40 vers les Açores, la porte de sortie tant espérée de ce système dépressionnaire, est fastidieuse…

Classes Rhum – Se protéger de la mer

En ce début de quatrième jour de course, les deux catégories Rhum, dans leur belle diversité monocoques-multicoques, naviguent tribord amure, dans un régime d’Ouest à Sud-Ouest toujours fort, 30 nœuds et plus, qui offre cependant un certain répit aux solitaires victimes à deux reprises des assauts du vent à plus de 45 nœuds. La mer demeure le souci le plus important pour les solitaires qui se calfeutrent tous, une fois le plan de voilure adapté à la force du vent, à l’intérieur de leurs bateaux.

Où sont nos navires ?

Plusieurs avaries ont marqué ces trois premiers jours de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ainsi en ce mercredi soir, des solitaires sont, soit réfugiés dans un port de Bretagne, soit en route vers une escale technique ou un abri, soit en attente d’un arrêt définitif… Mais certains sont déjà repartis à l’image de Lalou Roucayrol (Multi50) de Porto ou de Yann Marilley (Rhum Multi) de Gijon.

Source

Articles connexes