La nuit des chasseurs
Après un départ rapide, une molle au large de Ouessant et un flux de Nord-Ouest puissant, la flotte de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe rentre dans le dur ! Une deuxième dépression très active va survoler le golfe de Gascogne dès la nuit de lundi à mardi avec une mer très forte et plus de quarante nœuds de vent…
Certains ont déjà pris la mesure de la situation météo à venir en fonction de leur bateau et de leur expérience : ainsi Christian Guyader et Bertrand de Broc (Rhum Multi) se sont réfugiés en Bretagne Sud, quand Erwan Thiboumery a fait route sur Brest ; Marc Dubos (Class40) et Bob Escoffier (Rhum Mono) sont à Roscoff tandis qu’Éric Bellion (Rhum Mono) a choisi l’Aber Wrac’h. Et parmi les Class40, Dominique Rivard, Maxime Cauwe, Florian Guéguen et Jean Galfione ont rallié la rade de Brest ou ses abords. Au total, vingt-six solitaires sont en escale ou en passe de l’être…
Et si la nuit (noire) a été particulièrement véloce pour toutes les classes, elle n’en a pas moins été agitée : plusieurs avaries ont obligé certains concurrents à faire une escale technique à l’image d’Armel Le Cléac’h (ULTIME) reparti 35 minutes après son pit-stop à Roscoff pour des problèmes électriques, ou d’Erwan Le Roux (Multi50) après quatre heures d’arrêt dans le même port suite à une voie d’eau par un safran. Et Manuel Cousin (IMOCA) a décidé de faire route sur Brest lundi matin pour réparer une fixation de safran…
Premières victimes…
Quant à Sébastien Josse (ULTIME), son trimaran à foils en tête de la course au milieu de la nuit, a vu son étrave de flotteur tribord s’arracher sur huit mètres ! Le Maxi Edmond de Rothschild faisait route en avant lente, vers La Corogne qu’il atteindra ce lundi soir… Tout comme Thomas Coville qui a vu le carénage de bras de liaison de Sodebo Ultim’ endommagé par une mer de plus en plus formée et chaotique. Désormais, les projections des coureurs se tournent vers l’arrivée d’une deuxième dépression, plus grosse, plus violente, plus rapide qui va atteindre les ULTIME par sa face Sud : les trimarans géants auront probablement le temps d’éviter le gros de cette tempête puisqu’ils seront déjà à la latitude de Gibraltar…
En revanche, les Multi50 et les monocoques IMOCA ne pourront la contourner : dès le lever du jour de mardi, ces solitaires devront affronter plus de quarante nœuds de vent et plus de sept mètres de creux ! Difficile alors de « chasser » Lalou Roucayrol qui a réussi l’échappée sur son trimaran de 50 pieds ou le Britannique Alex Thomson parti au front par le Nord chez les IMOCA. Et ce sont donc les Class40 et les deux catégories Rhum qui vont devoir composer avec ces conditions qui s’annoncent très dures et qui devraient perdurer au moins jusqu’à jeudi soir !
ULTIME – Un pit-stop, deux avaries
Les vingt premières heures de course ont fait des dégâts. La flotte des grands trimarans est malheureusement amputée de deux de ses grands animateurs. Pour des raisons différentes mais probablement rédhibitoires, Sébastien Josse et Thomas Coville font route vers La Corogne. Pendant ce temps, au grand large de la péninsule ibérique, le duo Gabart – Joyon poursuivi plus à l’Ouest par Le Cléach, mène le bal sur une route pleine d’ornières et file à 28 nœuds de moyenne afin d’éviter le plus gros d’une nouvelle dépression.
Multi50 – Échappée belle
C’est un scénario à s’arracher les cheveux pour les Multi50 dont la majorité des protagonistes s’est retrouvée piégée pendant des heures aujourd’hui dans le centre de la dépression au large de la Bretagne. Au petit matin, Lalou Roucayrol, décalé dans le Sud de ses camarades, était le seul à s’en échapper. Premier à toucher le flux de Nord-Ouest, le skipper d’Arkema a creusé l’écart toute la journée. Au classement de 16h00, il comptait presque 50 milles d’avance sur l’ancien leader Reauté Chocolat !
IMOCA – Un golfe sélectif
Nuit blanche pour les skippers IMOCA ! La majorité d’entre eux n’a quasiment pas dormi au cours de ces premières 24 heures, la faute à la mer formée et à la petite perturbation particulièrement délicate à négocier. « La sortie de Manche était difficile : on ne s’attendait pas à avoir un vent aussi instable et à faire face à des rafales de 40 nœuds », expliquait Paul Meilhat à midi. Ralenti avoir pris un casier dans sa quille au large de l’île de Batz, le skipper de SMA a néanmoins très bien négocié cette petite dépression. Il est parvenu à rester dans la roue de Vincent Riou, précédant le surprenant Alan Roura. À la mi-journée, ces trois-là étaient les seuls à résister à l’offensive d’Alex Thomson, décalé au Nord depuis dimanche soir et bien installé en tête de course.
Class40 – Dispersion
Les toutes premières heures de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ont permis aux 53 solitaires engagés en Class40 de s’offrir une mise en route assez favorable avec une sortie de Manche très rapide grâce à un vent de Sud-Est d’une vingtaine de nœuds. Les routages ont sans doute fonctionné à plein régime à bord, la situation météo dans le golfe de Gascogne offrant tout un panel de possibilités. L’enjeu ? Trouver le meilleur endroit pour sortir d’un centre dépressionnaire synonyme de zone de calmes pour ensuite récupérer du vent de Nord-Ouest, à même de permettre une descente rapide vers les alizés.
Catégories Rhum – Option mer, option terre
Entré en Atlantique ce matin, l’essentiel des flottes Rhum Mono et Rhum Multi a connu, en ce début de deuxième jour de course, une pénible journée de transition, au cœur d’un minimum dépressionnaire peu venté, mais sur une mer terriblement mouvementée. Les voiliers monocoques comme multicoques, se sont retrouvés ballottés face à la houle de Nord-Ouest, tandis que le vent faiblissant de Sud-Est peinait à leur conserver un minimum d’inertie. Les solitaires ont ainsi souvent ragé face à l’instabilité des éléments au moment d’établir la voile d’un temps en perpétuel changement.
Où sont nos navires ?
Plusieurs avaries ont marqué la première nuit de mer et ces premières 24 heures de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe. Ainsi en ce lundi après-midi, vingt-six sont, soit dans un port de Bretagne pour éviter le gros de la deuxième dépression, soit en route vers une escale technique ou un arrêt définitif…