Entrez dans l’Histoire de la Transatlantic Race 2019
Dans un peu moins de neuf mois, le 25 juin 2019, la prochaine édition de la plus ancienne et plus respectée course océanique au monde, partira de Newport (Rhode Island) à destination de Cowes (Angleterre). Organisée aujourd’hui entre le Royal Yacht Squadron, le New York Yacht Club, le Royal Ocean Racing Club et le Storm Trysail Club, les origines de la Transatlantic Race 2019 remontent à plus d’un siècle et demi.
En 1866, 15 ans après la victoire d’un de ses syndicats membres sur ce qui allait devenir la Coupe de l’America, le New York Yacht Club organisa sa première course transatlantique. Trois goélettes se sont présentées sur la ligne de départ – Fleetwing, Vesta et Henrietta. Malgré un départ de New York à la mi-décembre, les trois bateaux puissants réussissent à rejoindre la ligne d’arrivée devant les Needles, même si 6 équipiers disparaissent en mer, emportés par-dessus le bord de Fleetwing lors d’un violent coup de vent.
La plus célèbre Transatlantic Race remonte à 1905. A cette occasion, l’empereur Guillaume II d’Allemagne érige un solide trophée en or pour le vainqueur, connu sous le nom de Kaiser’s Cup. Il souhaitait que cette compétition montre la supériorité maritime allemande face à la Grande-Bretagne. En fin de compte, le bateau Hamburg de l’Empereur est battu sans ménagement par Atlantic, de l’Américain Wilson Marshall. Le skipper Charlie Barr menait cette désormais célèbre goélette de 227 pieds et trois mâts de New York au Cap Lizard en seulement 12 jours, 4 heures, 1 minute et 19 secondes, record qui tiendra pendant 92 ans.
75 ans plus tard, ce record faisait les gros titres en France, lorsqu’il fut battu par Eric Tabarly sur Paul Ricard, en 10 jours 5 heures et 14 minutes. Ce record fut ensuite amélioré par de nombreux multicoques célèbres, pour atteindre aujourd’hui 3 jours, 15 heures 25 minutes et 48 secondes, établi en 2009 par Pascal Bidegorry et son équipage à bord du trimaran de 40 m Banque Populaire V. Leur vitesse moyenne, de 32,94 nœuds, reste la plus rapide jamais enregistrée par le World Sailing Speed Record Council sur un record hauturier.
Au cours du XXe siècle, les courses transatlantiques d’Ouest en Est ont été organisées sporadiquement jusqu’à l’anniversaire du centenaire de la légendaire traversée de l’Atlantic. En 2005, sur la Rolex Transatlantic Race, le record établi par l’Atlantic fut amélioré par le vainqueur, le Mari Cha IV, bateau moderne de 140 mètres de Robert Miller. Depuis 2011, la Transatlantic Race est organisée tous les quatre ans, au départ de Newport, dans le Rhode Island.
L’édition 2019 voit quelques modifications à son format. Un seul départ aura lieu le 25 juin à Newport, RI, avec un premier signal d’alerte à 11h00 EST. Le parcours d’un peu moins de 3000 milles traversera l’Atlantique Nord jusqu’à l’arrivée devant le Royal Yacht Squadron de Cowes. Une porte sera mise en place devant le Cap Lizzard, Newport-Lizard étant le parcours record défini par le World Sailing Speed Record Council. L’actuel record de 6 jours 22 heures 08 minutes et 2 secondes a été établi par le maxi Rambler 100 de George David en 2011.
Bien qu’en théorie le parcours suive les vents dominants, les conditions sont extrêmement rudes : en commençant par les effrayants haut-fond et l’épais brouillard au large de la côte de la Nouvelle-Angleterre et des Grands Bancs, en passant par le froid et l’humidité profonde de la mi-parcours, pour finir avec la navigation dans le courant fort le long de la côte sud de l’Angleterre. De manière inévitable, les concurrents rencontreront au moins un coup de vent lors de la traversée.
La Transatlantic Race est ouverte aux bateaux IRC, classiques, superyachts, multicoques, IMOCA 60, Class 40 et autres bateaux de plus de 40 pieds. Les récentes éditions ont attiré les multicoques et monocoques les plus rapides du monde, dont le trimaran MOD70 de Lloyd Thornburg, Phaedo 3, et le maxi Comanche de 100 pieds de Jim et Kristy Clark, ayant respectivement remporté les honneurs sur la ligne d’arrivée dans les catégories multicoque et monocoque en 2015.
Les Superyachts ont également participé à cette épreuve historique, y compris le Faucon Maltais de 270 pieds et le Farr Ketch Sojana de 105 pieds de Sir Peter Harrison. Plusieurs bateaux classiques parmi les plus magnifiques au monde ont également concouru, à l’instar de Mariette en 1915, qui, un siècle après son premier lancement, finissait à une très honorable troisième place au classement général en catégorie IRC lors de la dernière édition de la course. Halvard Mabire, légende française de la course au large, a navigué sur Mariette en 2015, sur ce qui se rapproche le plus de l’incroyable Atlantic de l’époque. : « C’était incroyable. Vous naviguez à bord de Mariette comme sur n’importe quel autre bateau: vous jouez avec la météo, réglez les voiles et barrez beaucoup le bateau pour conserver le vent apparent. C’est aussi assez différent : vous atteignez rapidement les 12 nœuds, mais c’est difficile d’accélérer davantage. »
Même si, à cette occasion, ils ne sont pas parvenus à améliorer le temps d’Atlantic, Mabire a eu d’autres occasions – initialement en 1981 à bord du Kriter VIII maxi de Michel Malinovsky, quand il a réduit de près de quatre heures le record d’Atlantic. Il était ensuite membre d’équipage de Bruno Peyron à bord du maxi-catamaran Orange II lorsqu’il établit le record absolu en 2006. «C’est l’un des records les plus fantastiques. Vous pouvez l’associer à toutes les vieilles histoires et vous pouvez en parler à n’importe qui, même à ceux qui ne naviguent pas. »
Brian Thompson, qui participait pour la première fois à cette épreuve lors de la Daimler Chrysler Transatlantic Race 2003, était co-skipper de Phaedo en 2015: « Le parcours est un classique – il s’agit essentiellement du parcours historique du record de la goélette Atlantic, à savoir Charlie Barr barrant avec un pistolet à la main! Il y a beaucoup d’histoires liées à cette course. C’est aussi l’une des plus longues et plus difficiles au monde ouverte aux bateaux IRC. »
En conséquence, la course attire également la crème internationale de la flotte IRC, des bateaux de Grands Prix tels le Reichel / Pugh 63 Lucky de Bryon Ehrhart et l’Elliott 52 Outsider à quille pendulaire de l’allemand Tilmar Hansen, respectivement vainqueur et deuxième au classement général en temps compensé en 2015.
Les Class40 seront une des flottes les plus compétitives. L’ancien vainqueur de la Mini Transat, Armel Tripon, revient sur sa victoire en 2015 à bord du Class40 Stella Nova : « C’était une course incroyable avec 11 jours de course vraiment intense, sous spinnaker du début à la fin, avec un ou deux ris de pris dans la grand-voile. Notre équipage allemand était très motivé et poussait vraiment le bateau. Nous avons déchiré des voiles, mais les avons réparées. »
« Newport était fantastique et j’ai apprécié l’ambiance, les maisons en bois, la Marina, tandis qu’à Cowes, il y a le Royal Yacht Squadron. Ensuite, il y a l’aspect Charlie Barr – il y a quelques années, quand je naviguais en Mini, un ami et moi voulions tenter de battre ce record mais n’avons jamais trouvé de sponsor, mais c’est, selon moi, la meilleure manière pour traverser l’Atlantique Nord – au portant avec des surfs infinis ! » Armel Tripon et Halvard Mabire s’élanceront tous deux en fin de semaine sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
Tandis que ces bateaux font généralement les gros titres, la grande majorité des inscrits à la Transatlantic Race sont des navigateurs plus amateurs, des équipages, des familles ou des croisiéristes souhaitant simplement rentrer dans l’histoire de cette mythique épreuve océanique.
Les Instructions de Course de la Transatlantic Race 2019 sont disponibles sur le site internet de la course, ainsi que les informations sur les inscriptions et les archives complètes des documents de course, résultats, blogs, photos et vidéos des éditions de 2011 et 2015.