Que la Fête commence !
Les Voiles de Saint-Tropez, 20èmes du nom, ouvrent véritablement le ban lundi, avec une première journée de régates programmée pour les Voiliers Modernes et les Wally. Deux zones sous haute tension seront ainsi activées par la Direction de course, depuis le golfe pour les 5 Groupes IRC en lice, et devant Pampelonne pour les majestueux Wally. De somptueuses joutes en perspective dans chacun de ces groupes hautement compétitifs. Les Classiques en profiteront pour souffler un peu après leur semaine cannoise, et le grand rush du jour de la Coupe d’Automne du Yacht Club de France, avant de venir mêler dès mardi leurs indémodables silhouettes parfois plus que centenaires aux yachts de carbone. Placée comme à l’accoutumée sous le signe de la bonne humeur, la semaine des Voiles s’annonce résolument sportive, estivale, raisonnablement ventée, et furieusement festive.
Elena of London, première à rallier Saint-Tropez
55 yachts classiques, répartis en 5 groupes distincts ont, peu avant 13 heures, mis le cap plein ouest depuis Cannes et ses Régates Royales vers Saint-Tropez. Un bon vent d’est pour une douzaine de noeuds s’est établi en bordure de la baie de Cannes, allant fraichissant au large, stable en direction, et idéal pour propulser aux allures portantes ces magnifiques unités Classiques vers le Golfe de Saint-Tropez et une ligne d’arrivée mouillée juste sous la tour du Portalet. Une jolie régate de 21 milles que deux grands habitués de l’exercice, l’immense goélette aurique Elena of London, et le cotre aurique Mariska dominaient en temps réel, Elena s’imposant de 6 petites minutes au terme d’une impressionne glissade sous spi vers le Portalet. Rowdy, (Herreshoff 1916) complétait ce podium en temps réel.
Demain : les voiles en taille Maxi
Ils impressionnent par l’immensité de leurs gréements, qui culminent parfois à près de 50 mètres au dessus du pont. Leurs déboulés au plus près de la Tour du Portalet où se jugent les arrivées des Voiles, constituent immanquablement un de ces temps forts qu’on ne manquerait pour rien au monde. Les Maxis sont présents en nombre à Saint-Tropez. On surveillera ainsi avec intérêt le Baltic 130 My Song, plan Reichel Pugh de 2016 et ses 43 mètres de technologie, Ribelle, un sloop sur plans Malcolm McKeon construit en 2017 chez Green Marine/Vitters qui affiche 35 mètres, et le magnifique plan Philippe Briand Inouï, 33 mètres, sorti du même chantier en 2013. A noter que deux des trois nouveaux bateaux de la classe reine – Twin Soul B et le nouveau Lady First 3 – ont tous deux été dessinés par l’architecte italien Alberto Simeone et sortent du chantier en vogue : Mylius Yachts. La bagarre s’annonce rude et spectaculaire à souhait chez les Maxi 72, entre le Britannique Jethou, (Judel-Vrolijk), et l’Italien Cannonball, dessiné par le cabinet Botin Partners Naval Architecture, à bord duquel sont annoncés des équipiers de haut vol comme l’ancien barreur de l’America’s Cup US Ed Baird, en duo avec son homologue français, Sébastien Col.
Dans le cadre du Trophée Edmond de Rothschild en IRC C, de belles joutes à couteaux tirés s’annoncent entre pas moins d’une douzaine d’unités, de 42 à 100 pieds de longueurs, dont pas moins de quatre Swan 50.
Les Wallycento pour un combat royal
Côté Wally, le Trophée BMW sera âprement disputé après la victoire du Wally 77 Lyra début septembre à Porto Cervo, la toute première régate pour le nouveau propriétaire-barreur aux commandes du tenant du titre 2017. Mais c’est bien l’affrontement des 3 Wallycento, Galateia, Magic Carpet3 et Tango qui focalise l’intérêt sportif de cette 20ème édition des Voiles.
La J Class à Saint-Tropez
La Classe J a servi à définir les grands voiliers de course construits entre 1930 et 1937 selon la Jauge universelle, établie par Nathanael Herreshoff en 1903. Réservés à une élite de passionnée, ces voiliers, symboles de luxe et de sport, servirent à affronter les meilleurs talents nautiques dans les régates de l’America’s Cup.
Deux grands J Class naviguent aux Voiles, Velsheda et Topaz. Dessiné en 1935 par Frank C. Paine, Topaz a finalement été construit en 2015 par Freddie Bloemsma Shipyard et Holland Jachtbouw aux Pays-Bas. Velsheda a été conçu par Charles Ernest Nicholson et construit en 1933 par le chantier Camper and Nicholson à Gosport, (Royaume-Uni). Extrême comme tous les classe J, il mesure 39,40 mètres hors tout, avec un tirant d’eau de 4,80 mètres. Il a été construit pour l’homme d’affaires William Stephenson-Laurent, propriétaire de la chaîne de magasins Woolworth’s qui le nomma ainsi en contractant les trois premières syllabes des prénoms de ses filles : Velma, Sheila and Daphne.
Bénédiction portuaire
Le curé de Saint-Tropez, le Père Jean-Paul Gouarin sacrifiera demain matin lundi, à 9 heures, à la traditionnelle bénédiction des voiliers engagés dans la 20ème édition des Voiles de Saint-Tropez. A la différence des années précédentes, ce n’est plus depuis le balcon de l’hôtel Sube qu’il officiera, mais sur l’eau, depuis une embarcation qui évoluera dans le petit port au milieu des bateaux.
Hommage à Eric Tabarly
Il y a 20 ans, dans la nuit du 12 au 13 juin 1998, Eric Tabarly disparaissait en mer d’Irlande. Ce monument de la voile océanique portait une affection particulière à la Nioulargue dont il disait qu’il avait l’impression, en déambulant sur les quais de Saint-Tropez, de « marcher dans un livre ouvert ». A plusieurs reprises, avec la complicité de Jacqueline Tabarly, les cinq Pen Duick en état de naviguer sont venus naviguer à Saint-Tropez pendant les Voiles. Photographe de mer émérite et apprécié, Michel Bourdin rencontre un peu par hasard Eric Tabarly à Belle île en mer, d’où il est originaire. Il lui envoie ses photos de Pen Duick. Eric n’oubliera pas, et témoignera sa reconnaissance et son appréciation chaque fois que possible. C’est tout naturellement que Michel expose à Saint-Tropez, au coeur du Village des Voiles, une exposition d’images de Pen Duick en noir et blanc, réalisée en 2008 à l’occasion des régates d’Imperia. « Des clichés réalisés entre 1990 et 1998, en Bretagne et en Méditerranée » explique Michel. « A la manière de Beken of Cowes, j’ai choisi de montrer à chaque fois le bateau dans son intégralité. »
www.michelbourdin.com
Tahiti-Saint-Tropez, 10 ans d’amour.
10 ans déjà qu’un jumelage plein d’amitié lie les Voiles de Saint-Tropez à Tahiti. Un véritable partenariat qui prend de multiples formes, avec notamment un échange d’équipage entre les deux régates, Voiles de Saint-Tropez et Tahiti Pearl Regatta, toutes deux placées sous la houlette de Georges Kohrel. Tahiti est présente physiquement sur le Village des Voiles, avec son stand qui présente non seulement la TPR, mais l’ensemble des possibilités de navigation en Polynésie. En perspective, un magnifique projet de Transpacifique à l’horizon 2020, entre Los Angeles et Tahiti, itinéraire obligé des nombreux yachts en route pour la Coupe de l’America 2020 organisée en Nouvelle-Zélande. Les danses et musiques tahitiennes prennent entièrement leur place dans les animations de la semaine. Le groupe Reva O’Tahiti accueille depuis les pontons les voiliers en provenance de Cannes, et participe de très chatoyante manière au défilé des équipages. Un équipage tahitien emmené par Pierre Cosso, le célèbre comédien vedette de La Boum, concourra en catégorie Moderne.
Ils ont dit :
Philippe Héral, Président du Yacht Club de France
« La Coupe d’Automne du Yacht Club de France est un formidable lien sportif entre deux immenses événements, les Régates Royales et les Voiles de Saint-Tropez. Ce n’est pas une simple course de ralliement, mais un vrai symbole de partage des passions qui habitent marins, skippers et propriétaires. Le Yacht Club de France souhaite peser sur un certain nombre de dossiers, dont le projet Français pour la Coupe de l’America, mais aussi prendre plus d’importance dans le développement de l’Olympisme, et une plus grande implication dans la course au large, en collaboration avec l’UNCL. »