Arnaud Boissières participait le week-end dernier au Défi Azimut, sa première épreuve avec le nouveau La Mie Câline-Artipôle. Quelque peu déçu par le résultat de sa course en solitaire (12e), le skipper retire néanmoins beaucoup de satisfaction de cette première confrontation avec ses futurs concurrents. Son Imoca 60, qui a connu une profonde restructuration depuis son acquisition et qui est toujours en phase d’optimisation, tient d’ores et déjà toutes ses promesses ; et à 40 jours du départ de la Route du Rhum, donné le 4 novembre prochain de St Malo, Arnaud Boissières compte bien enchaîner les entrainements et continuer à prendre en main sa machine.

Arnaud, comment s’est passée cette première épreuve avec ton nouvel Imoca et cette première confrontation avec tes concurrents ?

« Je suis forcément déçu de mon parcours en solitaire. Je n’ai pas pris un super départ car j’ai eu quelques soucis techniques avant de quitter le ponton. Cela génère un peu de stress en plus mais cela permet aussi de se préparer à la Route du Rhum, ces courses préparatoires servent aussi à ça. Je vois surtout beaucoup de choses encourageantes. Le bateau est facile, en termes de réglages mais aussi physiquement. J’ai réussi à doubler La Fabrique et Newrest Art et Fenêtres dans la nuit, d’autres bateaux munis de foils, et j’ai rapidement trouvé les manettes. La navigation dans la brise m’a permis de me rassurer suite aux modifications que l’on a apportées sur le bateau et surtout sur son potentiel par rapport à nos concurrents directs. Je ne veux pas m’arrêter au résultat. »

Que retires-tu de ce Défi Azimut ?

« Je me suis super bien senti à bord du bateau, il est plutôt confortable. Il y a encore quelques aménagements à effectuer pour améliorer la vie à bord mais niveau performance pure, je pense que l’on est bien. C’est plutôt la bagarre sur l’eau qui me manque, être au contact, se jauger. Nous allons donc nous baser à Lorient du 8 au 16 octobre pour naviguer face à d’autres concurrents lors de runs à la journée pour travailler les départs, la vitesse, les manœuvres, les essais de voiles… Je suis vraiment dans une logique de progression, pour le bateau comme pour le bonhomme ; finir ma préparation de la Route du Rhum à Lorient me permettra d’effectuer des entraînements plus intenses et d’être près des fournisseurs qui travaillent sur La Mie Câline-Artipôle. Je souhaite mieux appréhender le bateau et surtout me mesurer davantage à la concurrence. »

Le niveau du plateau semble très élevé, quel est ton objectif pour cette Route du Rhum ?

« Ils ne m’ont pas attendu pour progresser c’est clair ! Le niveau des bateaux et des skippers est en effet très élevé. Si je dois me donner un objectif sur le Rhum c’est de figurer dans le top 10 à l’arrivée à Pointe à Pitre. Mais encore une fois je me suis pour l’instant très peu jaugé par rapport à la concurrence. Et il faut quand même être conscient que l’on ne joue pas tous dans la même cour : entre les bateaux neufs, les bateaux revus, ceux qui naviguent sur leur bateau depuis deux ans… on ne part pas tous avec les mêmes cartes. Je sais que j’ai un déficit de connaissance de mon bateau par rapport à mes rivaux directs. Néanmoins cela reste une transatlantique, et le terrain de jeu devrait être assez ouvert. On verra sans doute des options différentes en fonction des bateaux et de leurs classements. La Route du Rhum est un véritable objectif pour moi mais il faut garder la tête sur les épaules car c’est un beau plateau au départ. »

Tu es pressé d’y être ?

« C’est sûr que cette confrontation de samedi rend encore plus impatient d’être au Rhum ! J’ai eu le plaisir du foiler lors du long bord que l’on a fait : le bateau déjauge, se met sur le foil, se couche, se cabre, ça donne envie de naviguer plusieurs jours comme ça ! J’ai eu des sensations de vitesse que je n’avais pas connues auparavant avec mes anciens bateaux, pas tant en vitesse de pointe mais plutôt en vitesse moyenne. La Mie Câline-Artipôle reste à 20 nœuds tout le temps, ça donne envie de traverser l’Atlantique avec un bateau comme ça ! Après il faut rester humble et prendre la mesure du bateau. Pour l’instant je pense plutôt au chemin qui va m’amener au Rhum : pour faire progresser le bateau, me faire progresser et donc progresser ensemble. Il y a peu de temps mais j’ai l’énergie et la motivation pour y arriver ! »

Focus : qui est Arnaud Boissières ?

La passion d’Arnaud Boissières pour la course au large est sans doute née en 1989 lorsque son père l’emmène sur les pontons des Sables d’Olonne voir les aventuriers du Vendée Globe. Très vite il convoie des catamarans sur l’Atlantique, puis viennent les années Mini. Après un démâtage en 1999, il enchaîne sur un prototype dernier cri et signe un joli podium en 2001. Il se fait ensuite la main sur Aquitaine Innovations, le 60 pieds d’Yves Parlier, et multiplie les expériences aux côtés d’Olivier de Kersauzon et de Catherine Chabaud. En 2008 il boucle son premier Vendée Globe en 7e position et sort véritablement de sa coquille, trouvant toujours les bons mots pour partager son bonheur d’être en mer et démocratiser un sport dont l’aspect mécanique reste toujours mystérieux pour le grand public.
En 2020 Arnaud Boissières s’attaquera à son 4e Vendée Globe, soutenu par La Mie Câline, Artipôle et un ensemble d’une trentaine de partenaires. En juillet 2017 il a fait l’acquisition de l’ex-Kilcullen Voyager, construit à l’époque pour Mike Golding, puis passé entre les mains de l’Irlandais Enda O’Coineen en 2016. Après un intense chantier pour en faire un foiler performant, La Mie Câline-Artipôle est prêt à affronter ses concurrents grâce à un refit intégral : safrans, mât, cloisonnement des ballasts, intégration de foils, tout a été pensé pour être à la hauteur des ambitions du skipper.

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